Torelli a écrit:Jimbolaine a écrit:Jimbolaine a écrit:Torelli a écrit:Ignition City j'ai hésité à le prendre. Le graphisme ne m'emballe pas des masses.
C'est un peu le souci chez Avatar, les dessinateurs, sans être manchots, sont quand même un peu verts, c'est pas le haut du panier. Mais c'est un éditeur qui laisse beaucoup de liberté à ses scénaristes, et là, c'est Warren Ellis dans sa veine "space geek", comme dans Orbiter, Ocean ou Ministry of Space, et il est super fort !
Oui, si tu as aimé cette veine, tu vas adorer.
Outre la réflexion sur l'imaginaire spatial et la perception que les sociétés ont de l'importance (ou pas) du rêve spatial en politique, c'est aussi un récit à clés, avec des tas de références à dénicher. Un plaisir, vraiment.
Y'en n'avais plus à la librairie. A mon prochain passage je prends.
sainfoins a écrit:Heureusement qu'il y a des comics "super slip" et des mangas "grands yeux". Si tout était bon ça nous coûterait trop cher.
Torelli a écrit:bdevoreur a écrit:Torelli a écrit:Ah oui World War Hulk est une tuerie c'est clair mais bon c'est vrai que je l'ai toujours placé un peu à part des autres "event" Marvel. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Peut être parce que je suis un fan de Hulk et du boulot effectuer par Pak et David sur le personnage et que je ne suis jamais objectif quand je parle du Géant Verre.
D'accord avec toi, par contre un de mes Hulk favori voir the best c'est Futur imparfait, pour moi tout y est dessin scenar
Je ne l'ai jamais lu en tout cas c'est un duo d'auteur que j'aime beaucoup. Je pars en chasse.
Jimbolaine a écrit:Torelli a écrit:Pareil qu'Ulys il me reste Dark Knight Returns à lire mais j'avoue que j'ai beaucoup de mal avec le style graphique. Mais je sauterai le pas un jour.
Voilà qui m'étonne toujours : c'est un dessin fort, avec une narration claire tout en étant un peu expérimentale, c'est très narratif avec une force d'évocation incroyable.
Déjà, les couvertures sont incroyables en termes d'évocation, ça convoque des images fortes, une ambiance inoubliable :
Et des images chocs, y en a plein dans le récit, qui sont souvent des pleines pages :
Et qui convoquent bien souvent Jack Kirby, ses personnages massifs et son énergie inextinguible, à la barre. On reconnaîtra aussi le Batman au sourire inquiétant de Dick Sprang, mais on se souviendra que Batman qui sourit face aux méchants, c'est aussi le Batman des tout débuts.
À tout cela s'ajoute une narration incroyable, qui a cristallisé plein de choses encore inédites ou peu exploitées à l'époque : une voix off en petits récitatifs syncopés, une narration par écrans télé (que Miller avait déjà essayée dans Daredevil et Ronin, et qu'il tient selon moi en partie de l'American Flagg! de Chaykin, qui est la première systématisation du procédé à ma connaissance).
Et là, je rebondirai sur le sujet même de cette discussion, qui revient peu ou prou (pardonnez-moi si je résume un peu à l'arrache) à dire que certains d'entre nous peuvent trouver dans les comics des choses qu'ils ne trouvent pas dans le franco-belge.
Le Dark Knight Returns est pour moi un bon exemple. Il est arrivé dans mon parcours de lecteur, à la fin des années80, à un moment où ses apports me semblaient profondément originaux (je ne connaissais pas encore American Flagg!), très novateurs, et surtout orientés selon une optique où la forme est au service du fond, et que l'adéquation de l'un et de l'autre servent à pousser le récit encore plus loin. En bref, l'une des raisons pour lesquelles le Dark Knight Returns m'a à ce point électrisé, c'est que j'y voyais un auteur qui utilisait la planche et les cases non seulement pour faire de belles images, mais également pour créer un langage. Ça dépassait le côté "illustratif" que je trouvais dans beaucoup de trucs franco-belge. Là, selon moi, y avait un dialogue entre le texte et le dessin.
C'est particulièrement sensible, selon moi, dans une page comme celle-ci, où il y a à la fois un travail sur la composition (variation sur le gaufrier), sur la définition des personnages (la case verticale est impressionnante par sa composition, son éclairage, son atmosphère, et arrive après un portrait composite fait de petites cases de gros plans…) et sur l'écriture de la voix off (surgissement de la voix off de Batman dans la voix off de Wayne, par exemple…). L'utilisation des marges dans lesquelles se glissent les récitatifs m'a également aussi impressionné. Du coup, je voyais la planche de BD pensée en tant que telle, pas là simplement pour mettre en image le récit. Je voyais… du style !!!
D'autres planches m'ont laissé pantois, aussi, comme la planche de zapping télé qui ouvre sur le souvenir de l'instant traumatique où tout s'est joué. La composition en pure gaufrier de seize cases, la gestion des palettes de couleurs qui séparent le présent du souvenir, le visage obsédé et obsédant, l'éclairage purement expressionniste, le silence qui éteint la voix off avec les seules images qui parlent, tout ça me disait haut et fort qu'il se passait quelque chose, que j'avais affaire à une narration fortement typée qui utilise les possibilités de la BD d'une manière propre à la BD, en créant des séquences fortes non pas par la forme des cases mais par leur contenu (cadrage, couleurs, émotion véhiculée…)
(là, je vous mets la fin de la séquence, entièrement muette, et un autre morceau pour montrer ; j'ai trouvé le début de séquence mais ça veut pas s'afficher ici…)
Et cette construction en gaufrier n'emprisonne ni le récit ni la narration, puisque, comme pour Watchmen et son gaufrier de neuf cases, ici, Miller parvient à jouer sur des combinaisons pour regrouper des cases entre elles. C'est comme un tétris dans chacune des planches, avec des petits blocs et des gros blocs.
L'exemple de la première sortie de Batman, quand il rencontre les flics, me semble parlant : la bande du haut (quatre cases fondues en une) a un axe droite-gauche, qui bloque le sens de lecture normal, ce qui est logique, puisque ça marque la rencontre entre Batman et la police, donc c'est un "frein" dans l'action du héros. Les deux cases suivantes ne composent qu'une seule image, mais Miller les sépare bien pour reprendre le cours "normal" de la narration en gaufrier. Les plans serrés et les gros plans alternent, le tout avec une grande expressivité, la gestuelle étant importante (et on sait l'importance qu'attache Miller aux gros plans sur des mains…). La dernière case répond à la première, et dispose d'un axe gauche-droite qui reprend le cours normal du sens de la lecture, et indique que la pause est terminée, que l'obstacle de la rencontre avec la police a été franchi, et que l'action suit son cours.
Pour moi, c'est très fort.
Et je ne parle même pas du jeu sur la lumière, symbole de la révélation, mais aussi de l'affirmation de soi (Batman reprend sa croisade…) et de la compréhension du monde (les flics, même bons, restent dans l'ombre).
C'est juste brillant.
Du coup, moi qui lisais des comics depuis longtemps, quand j'ai découvert, le même jour, Watchmen et le Dark Knight Returns, j'ai senti que je plongeais dans quelque chose qui n'avait pas d'équivalent en franco-belge, en termes d'utilisation des outils de narration.
Bon, ce n'était pas tout à fait vrai : il y avait des gens comme Andreas, mais Andreas, on voyait bien qu'il venait de Wrightson, de Kaluta, des gens du Studio. Et des trucs comme Coutoo témoigne du fait qu'il regardait Miller avec une grande attention (il en parle dans une vieille interview des Cahiers de la BD). Je le soupçonne aussi de regarder Simonson (des trucs comme Monster me poussent à le dire, mais je n'ai pas trouvé de traces dans des interviews… ce qui ne veut pas dire qu'il ne l'a pas dit quelque part, hein…).
Un autre truc que je trouvais chez les Américains et que je trouvais chez Andreas, c'était le souci du lettrage : ses typo, ses titres, l'emplacement de ses bulles, tout cela me donnait l'impression d'un soin intense accordé à cette partie du métier, ce qui me semblait rare en général. Chez Cosey, bien évidemment, qui s'intéresse visiblement au lettrage ainsi qu'aux lignes de tension visuelle dans une planche pour guider le regard et le sens de lecture. Mais autrement, j'avais l'impression que ça se perdait, que le lettrage, c'était juste "remplir les bulles", pour caricaturer. Je ne voyais guère d'exemples en franco-belge que je pusse comparer avec le travail de John Workman ou de Ken Bruzenak.
Le rapport au support, je le trouvais aussi chez Schuiten et Peeters (voire Schuiten seul). La symétrie dans Nogegon, le rapport à la couleur dans La Tour, voilà des exemples qui me faisaient dire que ces gens-là utilisaient la BD avec ses propres possibilités, son potentiel, quoi… Un truc que je voyais souvent dans les comics et pas souvent (en tout cas pas assez souvent à mon goût) en franco-belge.
Donc voilà : voilà pourquoi j'adore le Dark Knight Returns, et voilà pourquoi il m'a donné des choses que je ne trouvais pas en franco-belge.
Depuis, comme on l'a dit plusieurs fois, des tas d'auteurs qui ont comme moi biberonné aux comics ont injecté ce genre d'approche. Les gaufriers, la voix off, les symétries et parallèlismes, on en trouve dans les polars de Chauvel, dans les drames sociaux de Brunschwig… Des gens qui semblent avoir des lectures en commun avec moi, ce qui fait que je suis porté vers leur travail à cause de ce terreau commun…
Jimbolaine a écrit:[...] En vrac : Batman Year One. Daredevil Born Again, les Thor de Simonson, les Swamp Thing de Moore, les Captain Britain du même Moore, la Dark Phoenix Saga de Claremont et Byrne, la saga du Cube Cosmique de Jim Starlin, Supreme d'un certain Moore là encore, Superman : Superfiction (dont l'édition française est l'une des rares compilations que je connaisse : ça n'existe pas en TPB U.S.), Batman : Long Halloween, Batman : Dark Victory, Squadron Supreme version Gruenwald, Marvels, Kingdom Come… Et puis y a des tas de récits que je connais, mais dont je ne connais pas les titres VF : les Fantastic Four de Waid, les Avengers de Stern (Panini sort ces jours-ci l'album "État de siège"…).
Jim
Jimbolaine a écrit:
Tiens, puisque l'on est pas "comparer" les traditions BD des comic books américains et du franco-belge, je vous invite, si ce n'est pas déjà fait, à jeter un œil et une oreille à l'émission Entrée Libre de France 5, celle d'hier vendredi 20 avril. Le deuxième sujet parle des super-héros européens (notamment anglais et français). On y parle donc du Nyctalope, grand-père de la tradition. On évoque aussi La Brigade Chimérique et Masqué, les deux séries de Serge Lehman, qui lance une hypothèse sur le pourquoi de la désaffection du genre en Europe. Et j'interviens pour parler des critères de définition des super-héros, et en quoi certains personnages peuvent rentrer dans la catégorie.
L'émission est regardable là.
Bon, y a eu beaucoup de coupe. Le gars a filmé genre 20 ou 30 minutes, et au final, il n'en reste pas grand-chose, mais c'est la règle du jeu. L'exercice qui veut ça.
Bon, ceux qui pensent, à cause de mes interventions, que je suis quelqu'un qui exprime bien des choses très fines, seront bien déçus. Vous allez mettre une tronche sur des posts, et je vous préviens, vous allez être atterrés. En plus, j'arrive même à bafouiller, terrifiant. Il coupe plein de choses, mais il garde mes "euh". On n'est pas aidé.
Enfin voilà, je me suis dit que ce petit lien s'inscrivait très bien dans la discussion, ça me semble assez dans le sujet. Surtout que Lehman conclut sur la frustration du jeune lecteur qui était, ce qui, en sous-texte, permet de voir combien les super-héros et la BD américaine en général ont influencé des générations d'auteurs par chez nous.
Jim
Jimbolaine a écrit:Sbeys a écrit:Certes, ça parodie un peu la mafia italienne new-yorkaise, mais ça reste une excellente BD avec un travail d'enquêteur très sympa !
Ça va au-delà : la scène d'ouverture est clairement un clin d'œil à la scène d'ouverture du Parrain ("j'ai confiance en l'Amérique").
Jim
Baltimore a écrit:Pour le joker j'ai cru comprendre que The Killing Joke de Moore expliquait ses origines.
Brian Addav a écrit:Il faut souligner, dans le contexte actuel, le pari pris par Delcourt de s'engager à sortir trois albums, formant un tout, dans un délai aussi rapproché. Assurant aux lecteurs, et aux auteurs, que l'aventure aura bien une fin, éditorialement parlant.
Olaf Le Bou a écrit:pas du tout d'accord... Quel pari ?
les éditeurs multiplient depuis deux-trois ans ces coups éditoriaux à sorties rapprochées, pour assurer les lecteurs échaudés que la série sera mené à bien. Soit. Où est le pari, la prise de risque, quand ils tronçonnent des bouquins en 2 ou 3 pour sortir du bon vieux 48CC ?? Le seul vrai pari serait de sortir directement la totalité en seul volume, pas de se transformer en marchand de carton et de flatter la partie la plus conservatrice du lectorat.
Olaf Le Bou a écrit:ah mais j'ai rien contre les découpages en chapitre accompagnant une parution feuilletonesque, ce qui me boulifie grandement, c'est les parutions quasi-simultanées d'albums qu'on aurait très bien pu éditer en one shot, mais qu'on découpe artificiellement pour occuper l'espace / ne pas brusquer les conservateurs / faire plus de fric...
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