Jacobs : Le Rêveur d'Apocalypses - Rivière / Wurm

[Alex2021]

Message précédent :

Hergé est montré comme très jaloux du succès de Jacobs et faisant tout son possible pour "saboter" la carrière de son rival (censure de la couverture du journal Tintin au moment de la Marque jaune, ...)
Cela me semble un peu exagéré et ne pas correspondre à tout ce que j'ai lu dans les nombreux bouquins sur Hergé (et pas uniquement les "hagiographies" )

Mais tu n'avais peut-être pas lu cet ouvrage ?


Hergé a très mal pris le fait que la série vedette du journal qui porte le nom de son héros ne soit pas la sienne, c'est comme un footeux, si tu es la vedette de ton équipe, tu n'as pas envie qu'un de tes coéquipiers viennent te faire de l'ombre.
Comme dit par Daniel, il a mis son véto pour son passage chez Casterman, et l'engagement de Martin au sein de son studio est lié aussi en partie à cause du contentieux qui existait avec ce dernier (Au sujet de la Grande menace) et qui l'avait amusé.

[zourbi le grec]

Hergé est montré comme très jaloux du succès de Jacobs et faisant tout son possible pour "saboter" la carrière de son rival (censure de la couverture du journal Tintin au moment de la Marque jaune, ...)
Cela me semble un peu exagéré et ne pas correspondre à tout ce que j'ai lu dans les nombreux bouquins sur Hergé (et pas uniquement les "hagiographies" )

Mais tu n'avais peut-être pas lu cet ouvrage ?

Non, je ne l'ai pas encore lu, j'avoue.
Merci pour les précisions Danielsansespace et Alex2021

[stephane_]

Pendant la première dépression d'Hergé (1948-1950) c'est Le secret de l'Espadon qui devient la série phare du journal. Hergé a été marqué par cela, et Jacobs étant le seul qui ait osé résister à ses "avances" en refusant d'intégrer ce qui sera le studio Hergé, cela ne lui est certainement pas pardonné.
On peut même supposer qu'Hergé freine le développement de B&M. Il publie ses albums chez Casterman, un éditeur bien plus puissant que le Lombard, Leblanc étant surtout un homme de presse. Hergé aurait dit un jour à Leblanc "Un B&M qui se vend, c'est un Tintin vendu en moins". On peut lire dans ces propos une discrète injonction à ne pas faire de zèle.
Et que penser du refus de Casterman de prendre à leur catalogue la série Blake et Mortimer alors que la candidature de Martin (présentée le même jour) est acceptée ? Seul le "bon élève" a été récompensé ...

[tzynn]

C’est le ressenti de Jacobs qui est décrit en tout cas. Selon ses propres témoignages. Jacobs ne se privait pas pour dire ses ressentiments et ça lui donne un côté aigri et paranoïaque, mais il a eu quelques bâtons dans les roues pour contribuer à ne pas avoir l’impression de vivre au pays des bisounours. Quand on trouve exagérées ses perceptions, c’est intéressant parfois de trouver au détour d’un ouvrage sur Hergé ou Martin des écrits qui confirment les faits, comme par exemple l’aveu de Martin d’avoir copié la manière de Jacobs pour La Grande Menace dans une lettre qu’il avait écrite à Jacobs. Pour Hergé il est resté sans doute du ressentiment de leur relation de travail sinon ils auraient continué. Et c’est un fait qu’il n’a jamais été publié chez Casterman ou que la couverture de Tintin a été censurée par Hergé… de là à s’imaginer que… ça reste du ressenti de Jacobs.

Martin n’a pas juste écrit à Jacobs comme ça, c’est Jacobs qui a dégainé le premier à l’époque pour accuser Martin de plagiat et exigeant qu’il change de style immédiatement. Je pense que c’est l’île maudite qui était au centre du débat, je vais tacher de retrouver ça

[zourbi le grec]

Martin n’a pas juste écrit à Jacobs comme ça, c’est Jacobs qui a dégainé le premier à l’époque pour accuser Martin de plagiat et exigeant qu’il change de style immédiatement. Je pense que c’est l’île maudite qui était au centre du débat, je vais tacher de retrouver ça

Il me semble que c'est plutôt La grande menace, le premier Lefranc :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lefranc_(bande_dessin%C3%A9e)#Col%C3%A8re_d'Edgar_P._Jacobs

[danielsansespace]

Les échanges sont reproduits dans le livre de Gaumer sur Martin. Jacobs y répond qu’il va changer sa manière et enjoint Martin à ne pas aller dans la même direction. C’est le moment où il se lance dans la Marque Jaune. Alors que les lettres de Jacobs sont reproduites, les réponses de Martin ne sont qu’évoquées.
« Il lui explique que s’il s’est effectivement inspiré de son principe de découpage, il ne l’a en rien copié graphiquement, son ambition étant en réalité de suivre plutôt le style d’Hergé ».

[tzynn]

En effet je me trompe probablement de série. Je vous mets les lettres pour ceux qui ne les connaissent pas. Jacobs ne va pas avec le dos de la cuillère

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[tzynn]

[Diddu]

Pas tendre l'Edgar, en effet.
Je me demande comment il réagirait de nos jours, où tout le monde s'inspire de son voisin, même si l'esprit n'est plus celui des pionniers.

[lindsayp]

Je ne sais pas trop quoi penser de cet album. J'ai lu les 20 premières pages sur bdgest, ça se lit, mais ça va vite, si tout l'album est comme ça je me demande si il sera finalement très intéressant ? Je ne voudrai pas rester dans ce genre de petites anecdotes sur la vie de Jacobs qui finalement ne sont pas très intéressantes pour le lecteur de son oeuvre... J'ai quand même l'espoir que sur 144 pages, les choses décollent, 20 planches, c'est un peu juste pour se faire un vraie opinion, mais j'aimerai avoir l'occasion de le lire avant de savoir si ça vaut le coup de débourser 22 euros.

[zourbi le grec]

Je ne sais pas trop quoi penser de cet album. J'ai lu les 20 premières pages sur bdgest, ça se lit, mais ça va vite, si tout l'album est comme ça je me demande si il sera finalement très intéressant ? Je ne voudrai pas rester dans ce genre de petites anecdotes sur la vie de Jacobs qui finalement ne sont pas très intéressantes pour le lecteur de son oeuvre... J'ai quand même l'espoir que sur 144 pages, les choses décollent, 20 planches, c'est un peu juste pour se faire un vraie opinion, mais j'aimerai avoir l'occasion de le lire avant de savoir si ça vaut le coup de débourser 22 euros.

Il ne faut pas t'attendre à une aventure exaltante, c'est une biographie romancée d'une partie de la vie de Jacobs, qui même s'il a commencé par jouer les artistes bohèmes dans les années 30, était plutôt un petit bourgeois plan-plan.
Tout l’intérêt vient pour moi du graphisme et de la colorisation

[stephane_]

Le scénario est pour moi un autre atout fort du bouquin. De l'ensemble il se dégage une grande douceur, comme quand on lit un bouquin l'hiver à coté de sa cheminée un dimanche après-midi...

[danielsansespace]

C’est un livre d’ambiance mais c’est clairement pas construit comme une intrigue, même s’il y a Olrik et des extraterrestres… c’est comme feuilleter un album photo quand on est de la famille.

[Johnny Fletcher]

Le scénario est pour moi un autre atout fort du bouquin. De l'ensemble il se dégage une grande douceur, comme quand on lit un bouquin l'hiver à coté de sa cheminée un dimanche après-midi...

C’est un livre d’ambiance mais c’est clairement pas construit comme une intrigue, même s’il y a Olrik et des extraterrestres… c’est comme feuilleter un album photo quand on est de la famille.

Vous avez tous les deux parfaitement décrit les impressions qui m'ont conduit à acquérir cet album. Je ne l'ai pas encore lu mais j'en ai parcouru assez longuement les premières pages et ce que vous relevez dépeint à merveille l'ambiance, le parfum qui s'échappe de ce Jacobs, le rêveur d'apocalypses. Ce regard respectueux et chaleureux que les auteurs portent sur Jacobs est l'élément essentiel qui me semble faire le charme cet album.

[jfmal]

Je ne sais pas trop quoi penser de cet album. J'ai lu les 20 premières pages sur bdgest, ça se lit, mais ça va vite, si tout l'album est comme ça je me demande si il sera finalement très intéressant ? Je ne voudrai pas rester dans ce genre de petites anecdotes sur la vie de Jacobs qui finalement ne sont pas très intéressantes pour le lecteur de son oeuvre... J'ai quand même l'espoir que sur 144 pages, les choses décollent, 20 planches, c'est un peu juste pour se faire un vraie opinion, mais j'aimerai avoir l'occasion de le lire avant de savoir si ça vaut le coup de débourser 22 euros.

Va à la fnac

[jfmal]

Je suis à la moitié de ma lecture et j'aime beaucoup aussi. Je me laisse balader tranquillement à travers les différents chapitres.

Et 22,5€ pour une telle qualité de travail, tant de contenu que de l'album lui-même, c'est vraiment tout sauf excessif.

Absolument d'accord.
C'est phénoménal le travail que Philippe Wurm a fourni
Pour s'en convaincre, il faut feuilleter le superbe tirage de luxe qui explique page par page et documents à l'appui, tout ce que les auteurs y ont mis. Pour 49.50€, on en a là aussi pour notre argent!

[Pacome]

Splendide récit doux-amer

[jolan]

Le scénario est pour moi un autre atout fort du bouquin. De l'ensemble il se dégage une grande douceur, comme quand on lit un bouquin l'hiver à coté de sa cheminée un dimanche après-midi...

Bon, plus qu'à me trouver une cheminée et hop

[TILLIERTON]

Je n'arrive pas à mettre un nom sur cette BD qui lui était consacrée, où il apparait que E.P Jacobs connut une fin sordide, cafardeuse et solitaire dans sa maison isolée du Bois des Pauvres. Est-ce conforme à la réalité? Il apparait qu'il avait très mal vécu le décès de son épouse et connaissait depuis lors un épisode dépressif. Même chose: est-ce repris dans le présent ouvrage ? A la lecture, ça laissait vraiment un goût d'amertume( de vie en partie ratée) et d'inachevé en conclusion

[zourbi le grec]

C'est phénoménal le travail que Philippe Wurm a fourni
Pour s'en convaincre, il faut feuilleter le superbe tirage de luxe qui explique page par page et documents à l'appui, tout ce que les auteurs y ont mis. Pour 49.50€, on en a là aussi pour notre argent!

P. Wurm a trouvé le style graphique parfait à mi chemin entre la ligne claire dépouillé de Stanislas et celle canonique de Jacobs.
J'adore ses découpages et l'inventivité de ses mises en scène.
Une scène de ménage entre Jacobs et la volage Ninie est ainsi évoquée avec subtilité par un plan très large. Un régal

[zourbi le grec]

Je n'arrive pas à mettre un nom sur cette BD qui lui était consacrée, où il apparait que E.P Jacobs connut une fin sordide, cafardeuse et solitaire dans sa maison isolée du Bois des Pauvres. Est-ce conforme à la réalité? Il apparait qu'il avait très mal vécu le décès de son épouse et connaissait depuis lors un épisode dépressif. Même chose: est-ce repris dans le présent ouvrage ? A la lecture, ça laissait vraiment un goût d'amertume( de vie en partie ratée) et d'inachevé en conclusion

Oui, je confirme que le ton de cette bd est beaucoup moins amer et désabusé que celui de la biographie de Rivière par exemple.
Les dernières années de la vie de Jacobs veuf sont juste survolées et c'est surtout la relation tendre et paisible avec Jeanne qui a la part belle