Solomon a écrit:Jopo de Pojo a écrit:Merci pour toutes ces précisions.
Les scénarios d'Oesterhed pour Ernie Pike sont vraiment forts, la guerre à hauteur d'homme et parfois de femme (assez proches de ceux des Two-Fisted Tales, qui, je crois, sont légèrement antérieurs, mais pouvait-on les lire en Argentine ?)
Difficile, voire impossible. Mais surtout, Oesterheld ne lisait pas de bandes dessinées, comme beaucoup de scénaristes de son époque. Bien qu’il ait une très grande considération pour le médium : le premier numéro de
Hora Cero contenait un éditorial très célèbre dans lequel il "défendait" la bande dessinée.
Plus simplement, Oesterheld a toujours été un auteur en avance sur son temps.
El Eternauta est une histoire d’une modernité impressionnante, surtout la première partie, avec la description de la fameuse chute de neige et de l’invasion (la seconde, très belle, est néanmoins plus conventionnelle puisqu’elle raconte la lutte entre l’humanité et les extraterrestres).
Sgt. Kirk ? On parle toujours des westerns révisionnistes des années 60. Dans la
toute première histoire de Kirk, publiée en
1953, après avoir participé à un massacre d’Indiens, "El Sargento" brise son épée et déserte. Il ne rejoindra plus jamais l’armée (le titre de la série est donc paradoxal !) et deviendra un ami des Indiens, combattant à leurs côtés avec un groupe de renégats comme lui.
L’œuvre et la pensée d’Oesterheld sont imprégnées d’un profond humanisme, comme en témoignent également ceux qui l’ont connu (comme Muñoz, Enrique Breccia ou Juan Zanotto). Il n’est pas surprenant qu’après avoir commencé à travailler seuls, ils aient créé des bandes dessinées comme
Corto Maltese (dont un recit est un remake d’une histoire d’
Ernie Pike !),
Wheeling ou
Alack Sinner. Si on considère que ses bandes étaient lues surtout par des jeunes, nous pouvons vraiment dire qu’il avait un énorme respect pour l’intelligence de ses lecteurs.