Tireg a écrit:2 remarques : est-ce que les libraires savent ce que tu dis Mallrat ? A part ceux qui ont un parcours similaire au tien, je suis pas certain, alors qu'ils sont censés être les premiers prescripteurs de lecture.
Après, concrètement, qui va faire des recherches sur Internet pour savoir quoi lire, comment, etc. ? Le premier réflexe du péquin moyen qui n'a pas de librairie (une vraie hein) à portée de main, c'est d'aller sur les sites marchands. Tu tapes "Batman" ou "Iron Man" dans la recherche Amazon, et tu as la dernière nouveauté, éventuellement 2-3 trucs, et tout le reste indisponible (je caricature). Du coup ça freine n'importe quel acheteur newbie. J'aimerais bien savoir dans le grand public qui ne pense pas que ça doit se lire dans l'ordre, du n°1 au n°X ? Tu tapes "Iron Man", on te propose en premier choix l'intégrale tome 12 à 36 € !
Tu vas l'acheter, spontanément, pour tester ? En dessous, tu as l'intégrale tome 1, mais il est bizarre le costume sur la couverture, pis ça a l'air un peu vieillot... J'ai pas envie.
Bref, tu es un peu perdu, il y a plein de formats quand tu descends... Tony Stark Iron Man en Deluxe... Extremis en Must Have... Marvel Action... Je suis Iron Man...
Ca fait pas super lisible pour un newbie.
Et puis non, effectivement, c'est pas très compliqué de s'y mettre, mais je pense que tu minimises la paresse actuelle. Avec Netflix qui te balance toute une saison d'un coup, t'as plus qu'à laisser tourner, tu n'as même pas besoin de lancer l'épisode suivant il se lance tout seul !
Avec Internet où tout est à portée de clic. Avec la standardisation et la consensualité globale des influenceurs et youtubeurs qui ne cherchent que les vues et les likes. Avec tout un travail de "prémâchage" de partout, tu as même des livres qui te font des résumés en 1 page ou 2 de tous les classiques de la littérature !!! Dès que tu as un simili truc qui pourrait apparaître compliqué (on apprend à compter à partir de 1, puis 2, 3, 4, etc...) si tu as personne à cet instant T pour te dire "tu t'en fous, lis le 4, il est en rayon, je te commande les autres si tu veux, mais teste, ça va te plaire", tu auras toujours une énorme majorité pour abandonner.
Pour l'indé, par contre, ça ne s'applique pas vraiment. Et c'est là le problème. Pourquoi un mec qui adore Blacksad ou les adaptations de Manchette ne va pas aller vers Brubaker/Phillips ou Scalped ou 100 Bullets ou Stray Bullets ?
Pourquoi un fan de survival ne va pas lire Y le dernier homme ?
Je pense aussi de plus en plus que le manque de diversité thématique est un problème. Peut-on citer un équivalent à Astérix ? A Titeuf ? Aux BD de Sattouf ? Peut-être qu'il faudrait travailler sur une sorte de "cheval de Troie", donner un bon point d'entrée à n'importe quel lecteur sceptique sur une thématique qui lui plaît déjà en franco-belge, pour ensuite lui élargir l'horizon (rhoooo, vous pensez encore à des cochonneries).
Dire "Ah, tu aimes La Complainte des Landes Perdues ? Ben essaye Seven to Eternity, ça devrait te plaire..." puis ensuite dire "Ah, du même auteur, tu as Deadly Class, ou Low, c'est pas le même genre, mais si tu aimes son écriture..." et ainsi de suite.
Mais bon, on est aussi tributaire d'une importation, les américains ne produisent pas en vue d'une publication à l'étranger mais en fonction de leur pays (ce n'est pas une critique, on pourrait dire la même chose de la BD franco-belge), donc tout ne se transpose pas avec le même succès chez nous. Pas sûr que les séries dérivées de Spawn fassent le raz-de-marée en VF qu'elles ont connu à leur lancement aux US, par exemple.
Comme on est soumis à un marché qui nous est étranger, c'est difficile de trouver toujours des liens, surtout quand la production actuelle est plus une usine à pitch pour Hollywood à la sauce Millar plus que développer des bonnes histoires sur le médium BD.
Je suis d'accord avec tout le monde, pour le coup.
Mallrat, parce que après tout, c'est pas de la physique nucléaire, y'a qu'à commencer à lire un truc, et puis, si ça plait, rechercher ce qui se fit autour, reconstituer le puzzle, comme on l'a fait tous à notre époque respective.
C'est ce que fait mon fils (7 ans et 1/2), qui adore Star Wars et tout ce qui y a trait.
Il veut donc tout voir (films, séries TV, dessins animés), tout posséder (sa chambre est un magasin à jouet de Lego Star Wars), tout acheter (il ne loupe plus une parution du magazine Lego Star Wars, avec les petits jouets...) et tout lire (en bibliothèque, les intégrales Delcourt).
Alors très tôt, il a repéré l'étagère où je stockais mes comics Star Wars époque Dark Horse et Marvel recents, et si au début il a "lu" dans le désordre le plus complet (c'était de la VO, alors il regardait les images), il essaye maintenant de comprendre ce qu'il lit, et de relire tout ça en classant les comics par série et dans l'ordre.
Sa préférence, sans surprise, va à "Dark Times", qu'il aimait moins au début parce qu'il n'y avait pas les personnages connus (Luke, Han, Leia, Chewie, R2D2, C3PO, etc...).
Bref, petit à petit, il structure ce qu'il lit.
Mais je suis d'accord aussi avec Tireg, la génération actuelle est habituée à Netflix et a cette paresse (ou envie) de commencer au début et de se laisser prendre par la main. Quand on finit une série, Netflix propose des séries du même genre. C'est très tentant de ne pas faire de recherche par soi-même.
Et pour reconstituer ce puzzle des parutions de comics (que ce soit en VF ou en VO), à moins d'être le fils de quelqu'un qui possède déjà beaucoup de ces parutions, ça demande un budget, que les efforts des éditeurs pour mettre à disposition les meilleurs traductions de comics US ne compensent pas.
Et ça, c'est un sacré frein pour les jeunes qui veulent se lancer dans le comics.
Netflix, c'est pas si cher que ça, comparé aux comics !
Nirm a écrit:Parce que Sean Murphy dessine, encre et colorise ?
Le côté chaîne de production est là depuis belle lurette...
Comme j'ai cité Sean Murphy, je suppose que cette question m'est posée ?
Si c'est le cas, je ne la comprend pas, car mon propos est justement de dire que le comics US, sa caractéristique première, c'est que c'est de la BD industrielle, avec un/des scenariste(s), un éditeur (au sens US, celui qui valide le script et assure une continuité à la série ; l'équivalent du showrunner pour les séries TV), un crayonneur, un encreur, un coloriste, un lettreur. Et bien sur, tous ces gens ont des assistants.
Et ce fonctionnement existe depuis longtemps.
Après, le leader de tout ça, c'est quand même le dessinateur, celui qui fait que le feuilletage incite à acheter ou à reposer sur le rayon. Et là, le trait d'un Sean Murphy se remarque tout de suite, par rapport à pas mal de tacherons.
D'autant que Murphy assure lui-même l'encrage, il me semble.