Pour la première fois, je sors un peu mitigé de l'exercice auquel Philippe Goddin nous convie une nouvelle fois.
Je n'avais pas caché mon admiration pour l'habileté avec laquelle il avait su évoquer un même album dans deux ouvrages différents sans presque jamais se répéter, et l'acuité du regard qu'il porte sur les cases d'Hergé.
Ici toutefois, outre quelques (rares !) maladresses de conception -- une illustration, le dessin dédicacé de la page 28, qui n'est justifiée que page 30, un concept expliqué deux fois (le tipoye, pages 27 et 94), « la mort tragique » du roi Albert Ier dont le lecteur français que je suis aurait gagné à apprendre dans le cours du texte qu'elle survint lors d'une chute que fit cet alpiniste, quelques incohérences (par exemple sur qui, d'Hergé ou de Moor, a pris en main le séjour de l'auteur zaïrois Mongo Sissé aux Studios en 1980) et passages un peu abscons pour moi (la récupération de
Tintin au Congo par Mobutu en août 1969) -- et une (une !) faute d'orthographe, il m'est apparu que les redondances sont nombreuses entre les légendes et le texte principal, et le procédé finit par lasser quelque peu.
Reste, évidemment, l'érudition de l'auteur et son œil de lynx, qui relève impitoyablement mais avec humour les nombreuses approximations, naïvetés, erreurs factuelles voire emprunts qui émaillent le récit. Incontestables en revanche, l'intérêt et la pertinence de l'iconographie.
L'explication que j'ai trouvée à ce résultat légèrement décevant, c'est la pagination de l'ouvrage : elle est sans doute excessive pour la matière première initiale.
Je ne chercherai pas à convaincre ceux (celui
) qui juge(nt) superflue cette nouvelle brique dans la déjà imposante cathédrale de l'hergéologie, mais à ceux qui hésitent encore, j'en conseille sincèrement la lecture : on n'a jamais fini d'en apprendre sur la genèse de notre chère (voire onéreuse) hergéothèque, et ces
Tribulations de Tintin au Congo ne manquent pas d'informations nouvelles et de dessins jamais vus.