Tintin for ever a écrit:Le MYSTERE des BOULES de CRISTAL...
Quelques remarques à formuler sur les 6 derniers strips après avoir ressorti ma loupe !...
Philippe Goddin dit que Hergé avait réalisé une dizaine de strips d'avance au moment de l'interruption dans "Le Soir". En plus de la présentation numérotée des 4 strips originaux non publiés, il recompose fort justement la première disposition prévue des 6 derniers strips.
Là il y a - me semble-t-il - des questions qui se posent si, comme il semble le dire, ces strips avaient été dessinés avant la "libération" du Soir... Alors qu'il avait, plusieurs fois auparavant, interrompu ou fractionné la publication pour raison de santé...
- Pourquoi Hergé n'a pas disposé de lavis bleu pour ces 6 derniers strips à l'italienne en prévision de la trame d'impression ?
- Pourquoi ne trouve-t-on plus trace de la numérotation en "H-XXX").
- Pourquoi a-t-il dessiné directement les phylactères définitifs (non dialogués) avec le petit espace tout autour comme pour l'album ? Cela est visible dans le remontage de la planche (à la française), il n'y a ni retouches ni découpages des phylactères...
Je me demande si ces 6 derniers strips n'ont pas été prévus pour l'éventuel Journal Tintin à venir... et si il ne prévoyait pas de lettreur comme pour le début du "Temple" dans le journal Tintin... L'ancienne manière d'écrire avec de grosses capitales étant - semble-t-il dédiée à une publication au Soir (petit format moins lisible oblige).
Par la suite, sachant qu'il aurait comme espace de publication la double page centrale du journal Tintin, il reconfigura totalement la fin des 7 Boules dans un format à l'italienne nouvelle manière...
Je laisse toutes ces questions à votre sagacité...
![Au revoir [:fantaroux:2]](./images/smilies/fantaroux.gif)
Aux questions posées par Tintin for ever en date du 17 mars dernier se sont ajoutées, le 13 avril, les demandes d’explications de Gabof, nouveau venu (et bienvenu) sur notre site. Les unes et les autres ont été submergées ces derniers temps par d’intenses échanges de réflexions à propos du film « Destination Moon » et de son hypothétique influence sur Hergé durant la réalisation de « On a marché sur la Lune ». Sur cet aspect-là, Philippe Goddin, qui visite régulièrement notre forum, apportera sans doute prochainement, par mon entremise, des réponses aux questions qui restent en suspens. Mais en attendant, il a souhaité répondre aux demandes et apporter des précisions sur les strips publiés dans le tome 1 de son ouvrage « La Malédiction de Rascar Capac ». Voici donc ce qu’il m’a expliqué à ce sujet.
Il faut d’abord savoir que ces strips n’ont pas été scannés dans les journaux de l’époque, mais bien sur les copies « de sauvegarde » qu’Hergé avait réalisées avant de retravailler ses planches en vue de l’album. Il s’agit de copies du trait, réalisées par un procédé photographique en noir et blanc, en vraie grandeur. Vu le format réduit de la publication dans le journal, partir des strips du « Soir » était en effet totalement exclu : les traits auraient été trop alourdis, et les trames mécaniques agrandies auraient perturbé la lisibilité du dessin. Certes, ces copies de sauvegarde ne reproduisent que le trait, et pas le lavis bleu dont Hergé parsemait ses dessins originaux (pour indiquer où il convenait de mettre des grisés mécaniques). Pourquoi ne pas être partis des dessins originaux, avec ces lavis ? Tout simplement parce que ces dessins-là n’existent plus comme tels : Hergé les a découpés, a numéroté les cases au crayon, leur a retiré les textes, il les a disposées sur de nouvelles planches, en renonçant à certaines, et en recadrant certaines des autres (exemples pages 48 et 82 de la « Malédiction »). Le recours aux copies de sauvegarde s’imposait donc, même si, en raison du procédé photographique, on déplore des variations dans le rendu du trait (il suffit de comparer les pages 55 et 57 pour s'en apercevoir, mais l’exemple le plus gênant apparaît au strip H-147).
Philippe m’a ensuite expliqué pourquoi certaines pages de droite de son ouvrage sont différentes des autres, à la fin. Il semble que les lavis bleus n'ont pas été posés au delà du strip H-156. Les copies de sauvegarde, quant à elles, s’arrêtent au strip H-147. Les deux suivants ont été recomposés avec plus ou moins de bonheur par les graphistes de Moulinsart (on remarquera que les carreaux du veston de Haddock sont refaits, au strip H-149). Par contre, le strip H-150 est reproduit à partir du dessin original retrouvé intact (et pour cause puisque cette séquence n’a pas été reprise dans l’album). On aurait pu reproduire ce strip en quadrichromie (avec le lavis) : on y a renoncé pour garder son unité (relative) à la page. En revanche il a paru intéressant de reproduire les strips H-151 à H-156 tels quels (en ne dissimulant pas, au passage, qu’une case a mystérieusement disparu).
Philippe avait remarqué que les planches 54 et 55 de l’album « Les 7 Boules de cristal » (reproduites en petit format page 129 de la « Malédiction ») comportaient des cases ou groupes de cases « récupérées », c’est-à-dire collées. Les strips H-157 à H-162 ont donc été reconstitués à partir d'un scan du trait de ces planches : comme il n’y avait pas de copies de sauvegarde, il fallait remonter les éléments de ces planches selon le schéma des 3 strips du « Soir », en retrouvant au passage (et en redessinant) ce que la gouache blanche (visible page 129) dissimulait. Par exemple un seul phylactère dans la case 1 de H-157, ou un ciel nuageux à la place du phylactère (bavard) de la case 3 de ce même strip. Certes, pour être irréprochables, il aurait fallu ré-accoler tous les phylactères aux bords des cases, et re-lettrer les différents textes (disparus). Il aurait convenu aussi de remettre la numérotation des strips. On n’a pas été jusque-là, sachant qu’il n’était pas plus mal de finir en mode muet… puisque le tome 2 de la « Malédiction » reviendra sur cette partie du récit
Au moment de conclure ces explications, j’ai fait observer à Philippe qu’on ajoutait là un chapitre inédit à son premier tome, une sorte de « making of » de la « Malédiction » (après celui des « 7 Boules »). Il m’a simplement répondu : « Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour nos amis de BDGest ! ». et sur cette bonne parole, il m’a prié de vous saluer, ce que je fais.
Autant de ma part.
Bien à vous,
Emil