J'ai oublié de citer également ses collaborations avec l'écrivain (de SF), polémiste et scénariste Jean-Pierre Andrevon ainsi que ses collaborations (là, c'est plus soft, comme avec Lob) avec Danie Dubos, qui fut très proche de Jean-Claude Forest (Bornéo Jo, Caroline Choléra, Lolly Strip, etc...).
Perso, j'adore Pichard.
Mais pour certains titres, comme dit plus haut, il ne faut pas craindre l'odeur soufrée. En revanche, il faut porter au crédit de cet auteur atypique que sa pornographie ou son érotisme ne sont jamais mièvres.
Pichard semble avoir fortement prisé la littérature, érotique ou non (Pierre Louys, Appolinaire, Zola, etc...) ce qui tire son œuvre vers le haut.
J'ai un petit livre broché renfermant de très jolies illustrations érotiques (mais soft) où Pichard a illustré le Pierrot au sérail, pantomime en six actes de Gustave Flaubert (en gros, Colombine, la jolie fiancée de Pierrot, se retrouve dans le harem du Grand Turc, ce qui entraîne quelques péripéties... et des dessins fort drôles et élégants.
).
Le dessin de Pichard, c'est ma dernière phrase qui vient de m'y faire penser, est toujours élégant. C'est un esthète.
C'est pourquoi, je ne peux que mettre en garde, mais en aucun cas détourner celles et ceux qui seraient attirés par sa production la plus sulfureuse.
Dans le genre (érotisme, porno et sado-maso), Pichard est unique et se démarque de tout le monde. Et il y a souvent un message à la clef ou en filigrane.
Pichard a fait très tôt de l'illustration (années 50) et de la BD (SF standard dans des magazines dont j'ai oublié le nom). Mais en BD, il incarne l'avant-garde car très vite, lorsque des publications osant renouveler le genre ont vu le jour, il s'y est engouffré.
Il a ainsi fait partie de l'équipe de pionniers du journal Chouchou, dirigé par l'auteur d'avant-garde Jean-Claude Forest. [*]
Il a intégré avec Jacques Lob le journal Pilote où Goscinny et Charlier, sachant détecter les talents, leur donnaient un vaste espace de liberté, difficile à obtenir dans les hebdomadaires BD tout public et notamment jeunesse de la concurrence (sauf un peu chez Pif). On le trouve dans Nous sachons, dans Métal Hurlant (Blanche Epiphanie). Il a toujours été là où ça bougeait.
Il ne faut pas s'étonner de le retrouver dans les publications des éditions du Square axées BD, comme Charlie Mensuel puis BD, l'hebdo de la BD (où Tardi et Manchette publièrent leur Griffu).
Faut-il préciser que Pichard ne fait pas partie de ces auteurs qui passent leur temps à décalquer des photos ?
[*] Pour Chouchou, voir à ce lien
http://bdzoom.com/111352/patrimoine/cho ... hebdo-xxl/PS : Pour Submerman, les albums n&b existants sont un peu décevants, pas pour l'histoire, mais pour leur rendu.
En revanche, moi qui ne suis pas un grand fan de la collection 16/22 de Dargaud, notamment en raison du caviardage et des retouches sur les dessins pour faire entrer ceux-ci aux forceps dans le format, je ne peux qu'inciter à ramasser l'album de Submerman lorsque l'occasion vous est donnée de le piocher dans un état satisfaisant à un prix correct. Parce que, s'agissants de plusieurs histoires parues à l'origine dans les Pilote Super Pocket, la transposition en 16/22 s'est faite quasiment sans tripatouillages
(c'est également le cas pour le Valérian "Par les chemins de l'espace" et un Lucky Luke, celui avec la couverture de "la Bataille du riz"). C'est le seul album de Submerman, hélas, avec les couleurs (un brin psychédéliques, mais c'est entièrement voulu, la série lorgnait vers l'onirisme). Mais ces courts récits, en revanche, ont moins de saveur que ceux parus en feuilleton dans l'hebdomadaire Pilote, où Lob avait la place de développer son intrigue. Et les grandes pages du journal (supérieures à Spirou et Tintin) permettaient à Pichard de soigner l'architecture de ses planches.