Jopo de Pojo a écrit:En relisant le premier tome aujourd'hui, je me suis demandé si cela n'avait pas influencé, consciemment ou non, les deux premiers albums d'Adèle Blanc-sec, notamment pour les récitatifs. Ce premier tome de BE était déjà paru depuis 4 ans, le second allait paraître fin 1976 au Fromage, alors que ces deux premiers Adèle étaient déjà terminés, mais je ne sais plus s'il avait été pré-publié dans un magazine.
Oui, clairement, pour les récitatifs mais pas que. Ce type de récitatifs était d'ailleurs aussi prisé de Fred et Hubuc, dans leur collaboration au sein de
Pilote.
Tardi a souvent déclaré que ce qu'il avait envie de faire, quand il est entré au journal
Pilote, c'était non point de s'enfermer dans la routine (carcan pour lui) des séries pouvant durer dans le temps mais de pondre des histoires modernes à la fois dans la narration, les thèmes abordés et la conception, avec de nouveaux profils de personnages principaux, etc... Sans pour autant être prisonnier du sexe à tous les étages. Son inclination allait effectivement du côté des Forest, Pichard & Lob, Christin, etc...
On notera que l'époque choisie pour les extraordinaires aventures d'Adèle Blanc-Sec (ou Brindavoine) correspond plus ou moins à celle des tribulations de Blanche Epiphanie.
Il y a quelques dessins et planches, chez Tardi, qui doivent beaucoup à Pichard, même si, au moment où je poste, il ne m'en vient pas un ou une à citer précisément.
Par ailleurs, Pichard est un subversif, un auteur dont on devine assez vite qu'il n'est pas un pilier de l'ordre établi. Il suffit de voir la gueule de ses banquiers et pandores dans BE. Ces choix esthétiques et ces positions politiques (sous-jacentes) ont dû séduire immédiatement Tardi. Les deux auteurs se côtoieront dans
Pilote, mais aussi dans
BD, l'hebdo qui barle du dez, dernière et ultime mouture de
BD l'hebdo de la BD. Sans oublier le fameux album
Grange bleue.
Concernant le deuxième épisode de BE, contrairement au premier (publié d'abord dans
V-Magazine puis dans
Nous sachons), il ne connaîtra que la parution en feuilleton quotidien. Mais il paraîtra dans
Nous sachons à deux reprises, à environ huit ans d'intervalle (1975 puis 1983).
Pour la curiosité, le choix du prénom Brigitte par les Teutons semble découler de la vague ressemblance entre B.E. et B.B., quand cette dernière était très appétissante.
D'accord pour dire, avec Solomon, que le tandem Lob + Pichard constituait un fameux binôme. Je regretterai longtemps que Dargaud n'ait pas édité une intégrale (une vraie, avec tous les épisodes, y compris ceux des
Pilote Super Pocket, dans l'ordre chronologique et en couleurs). Car si BE a été conçue pour passer dans des journaux en n&b (planches somptueuses), Submerman ne peut s'apprécier qu'avec l'apport de la couleur. Les albums de Glénat n'ont pas le bon format (
Pilote, c'est du 24x32 qu'il fallait) et souffrent de l'absence de couleurs pour rendre la féérie que les auteurs avaient su insuffler dans leur série.