Georges Pichard

[spionkop]

Message précédent :
J'ai jamais lu d'album de Pichard, un petit conseil !

[bone]

Dans quel genre

[spionkop]

Euh? assez osé!

[ee]

...

[spionkop]

J'ai donné quelques exemples de titres au début de ce topic

Oui! J'ai été voir! Merci! Mais si c'était toi, à n'en prendre qu'un seul, tu choisirais quel album?

[Morti]

J'ai donné quelques exemples de titres au début de ce topic

Oui! J'ai été voir! Merci! Mais si c'était toi, à n'en prendre qu'un seul, tu choisirais quel album?

Dans le soft, Paulette...dans le hard Marie-Gabrielle, le premier...

[silverfab]

J'ai jamais lu d'album de Pichard, un petit conseil !

Old school s'il en est mais pas juste ce qu'il semble être, c'est l'oeuvre avec laquelle on a conclut notre cycle érotique du week-end.

Un extrait ?: "Ce chef-d’œuvre (encore censuré dans certains pays) de Georges Pichard, réédité en intégrale en octobre 2009, ne se résume pas au dirty comic se lisant à une main. Dans cette œuvre, car c’en est une, tout respire la gravité et la profondeur, l’érotisme et la violence, le moralisme et la liberté, la faute et le châtiment. "


Tu me diras ce que tu en as pensé.

[Alonzo Cabarez]

J'ai un faible pour Blanche Epiphanie et le justicier Défendard mais également pour Submerman. Mais faut-il s'en étonner ? Que nenni, car bien qu'assez différentes, ces deux séries sont écrites par l'excellent Jacques Lob (co-auteur également de Ténébrax).

Un autre petit faible pour les adaptations de Carmen (d'après Mérimée) et d'Ulysse (d'après Homère ; texte revu par Jacques Lob et relooké par Pichard).
J'avais bien aimé L'usine, qui est une BD des années 80, décrivant une certaine misère sociale (comme Blanche Epiphanie, mais cette fois-ci c'était la misère sociale des années 1980).

Pichard était un très grand artiste. Son oeuvre pornographique, qu'on tient à distance, au moins socialement, l'empêche d'être apprécié et reconnu comme il se devrait.

Il a été dit, plus haut, qu'il fallait lire Pichard en noir et blanc. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Comme Pichard était un grand artiste, et comme tel, maîtrisait parfaitemetn l'usage de la couleur, ce qui n'est pas si fréquent.
Je dirais plutôt qu'il faut lire ses oeuvres comme il les a conçues : en couleurs (même s'il y a une perte lors de la publication en revue ou en album) ou en noir et blanc, selon le cas. Bien évidemment, il faut préférer le noir et blanc si une bande initialement conçue en couleurs a fait l'objet d'une colorisation ultérieure. Je ne crois pas qu'il y en ait beaucoup (peut-être un épisode de Blanche Epiphanie, et encore ?).

La plupart des bandes de Pichard sont en noir et blanc.

Celles en couleurs sont moins nombreuses, on pourra en énumérer quelques unes de façon non exhaustive, car il y eut également des oeuvres de jeunesse, où son style si particulier et reconnaissable ne transparaît pas. Citons Submerman (en couleurs dans Pilote, mais hélas en n&b dans les albums Glénat), Bornéo Jo (2 albums Dargaud), L'usine 1 et 2 (albums Glénat), Marie Gabrielle de St-Eutrope (Glénat), Alias (prépublication dans BD, l'hebdo des éditions du Square, pas d'album à ma connaissance, ce qui est fort regrettable).
Il doit y avoir un ou deux albums de Blanche Epiphanie en couleurs, vers la fin de la série, lorsque le titre est passé chez Dargaud, mais sinon, Blanche Epiphanie est avant toute chose une BD somptueuse conçue en noir et blanc pour une publication dans la presse quotidienne (Nous sachons), avec de savants contrastes et des jeux d'ombres et de lumière très réussis.

[Le Tapir]

C'est tout à fait drôle que ce sujet ressorte parce que de mon côté je m'intéresse depuis quelques temps à Pichard également. J'ai lu il y a quelques temps son adapation de Carmen, et, à ma grande surprise, j'ai trouvé ça excellent. Par contre, pour ce qui est de Submerman, j'ai eu un mal fou à terminer le premier tome (une madeleine de proust, une série que j'avais découvert enfant, dans les Pilote pocket de mon père, mais en couleur, l'édition Jacques Glénat en noir et blanc n'est pas trés belle)... Globalement, je connais peu Pichard, cet auteur atypique et sulfureux...
Question couvertures, il était aussi très très fort, je pense notamment à la série "Paulette", que je n'ai pas encore lu. Les visuels des eo sont magnifiques. Mais hélas, assez chers, voir pas à portée de bourse...

[russ]

Tiens à propos de Submerman, le petit volume dans la collection 16/22 reprend-il des passages des albums parus chez Glénat ou est-ce de l'inédit ?

[Alonzo Cabarez]

Le 16/22 n'a rien de commun avec les deux albums n&b de Glénat. Il comprend des récits complets parus initialement dans le supplément du journal Pilote, le trimestriel Pilote Super Pocket. Il faudrait vérifier, mais parfois certaines planches étaient retouchées pour les besoins de la collection 16/22 compte tenu de son format particulier. Je ne pense pas que ce soit le cas pour Submerman, mais j'ai quand même un petit doute. Il ne devrait pas comprendre pas non plus tous les récits parus dans Pilote Super Pocket (autre point à vérifier également).

[silverfab]

J'avais lu, et beaucoup apprécié cette version fort originale de la vie de la Comtesse Bathory



et j'ai eu ce week end l'occasion de découvrir celle de Pichard: La Comtesse Rouge



Histoire parfaite pour le trait uber sensuel du dessinateur qui, non content de proposer des femmes sublimes souvent peu vêtues, joue en plus sur la narration au sens formel.

Une bien agréable découverte, de la BD érotique où fond et forme sont aussi intéressants l'un que l'autre, et c'est assez rare pour être noté!

[russ]

Merci beaucoup pour ta réponse Alonzo.
Il y aurait vraiment un gros travail patrimonial à faire avec Pichard, on attend d'ailleurs toujours (en vain ??) la 4ème intégrale de Blanche Epiphanie...
Curieuse collection que cette 16/22 en effet, Forest avait pas mal retouché à Barbarella pour l'y intégrer.

[LeJoker]

Je profite du topic: la BD dite "adulte", c'est une grosse "niche" (en terme de ventes, de rentabilité) ou c'est quelque chose de résiduel et de marginal ?

[LEAUTAUD]

C'est une paire de grosses niches, en fait, comme bien tu t'en doutes

Pris plaisir à vous lire sur ce grand auteur, découvert dans V Magazine dans les années 50, qu'on lisait en cachette. Pour être complet j'ajouterai qu'on lisait aussi en douce Tartine Mariolle, mémé guère affriolante pour le coup, mais tout aussi tricarde que les vamps dénudées de Pichard. L'époque était moralisatrice et débandante, ce qui explique le succès de Paulette (dont les bas ne plissaient pas, private joke pour amateurs de Bedos) et autres héroïnes pichardesques des années 60/70.
Gabrielle de Saint-Eutrope (surtout le premier album) fut un petit coup de tonnerre dans le landernau des afficionados des coquineries de Georges Pichard, du Sade raffiné et aussi iconoclaste que l'original marquis, avec un dessin candidement cru, et d'une âpre bestialité tempéré en contraste par des textes voltairiens rien moins que candides...

Pichard nous avait filé un coup de main pour le premier numéro d'un fanzine paru en 1983, en nous offrant la réédition d'un récit de 6 planches sur les méfaits du tabagisme, précédemment paru dans l'Echo des savanes. Un grand monsieur, élégant et généreux, comme ses dessins.

[Olaf Le Bou]

Intégrale N&B de Submerman annoncée chez Glénat en avril : http://www.glenatbd.com/bd/les-aventure ... 027264.htm

(et réédition de l'intégrale Ulysse de la collection Mythologies)

[Cabarezalonzo]

Pour Ulysse, j'approuve sans réserve.

Pour Submerman, en revanche, je considère que la série va subir une perte avec l'abandon de la couleur.

Les planches de Pichard seront très belles, en n&b, bien sûr. La question n'est pas là.

Mais la couleur joue un rôle essentiel dans l'onirisme, le psychédélisme (on n'est pas loin du trip hallucinatoire, dans cet univers aquatique tantôt féerique et apaisant, tantôt angoissant) et la poésie qui se dégagent à la lecture de Submerman. Et même pour bien comprendre l'action, savoir à quel protagoniste l'on a affaire, etc... la couleur s'avère d'une grande utilité.

J'aurais aimé qu'un éditeur fît l'équivalent de ce que l'Association avait proposé avec l'Hypocrite de Forest. Le premier album en noir et blanc, puis les deux suivants en couleurs, afin de se conformer aux éditions d'origine.

Je vous propose de voir ce que ça donnerait, avec de la couleur, grâce au travail colossal des gens qui animent ce merveilleux forum consacré au journal Pilote, forum intitulé "Mâtin quel forum" :
http://www.matinquelforum.fr/viewtopic.php?f=224&t=1970&sid=9c25cbe05f17b21dd49a1ce1513c5000
http://www.matinquelforum.fr/viewtopic.php?f=224&t=2300&sid=9c25cbe05f17b21dd49a1ce1513c5000

Néanmoins, malgré ce regret, saluons l'initiative de Glénat qui nous offre l'opportunité de (re)découvrir cette originale bande dessinée, tout à la fois fantastique et humoristique, et traduisant les préoccupations des gens et les problèmes qui se posaient à eux dans la seconde moitié des années 60. Préoccupations dont certaines sont toujours d'actualité.

[Jopo de Pojo]

Fascinant de voir comment deux ans plus tard Pichard sera déjà passé à Paulette, avec Wolinski...

[Cabarezalonzo]

Fascinant de voir comment deux ans plus tard Pichard sera déjà passé à Paulette, avec Wolinski...

Oui, mais pas étonnant, en revanche. Cette évolution respecte, à défaut d'être prévisible, un certain ordre des choses.
Dès les années 50, Pichard fait dans le dessin d'humour galant pour des revues comme "Le Rire". Il illustre aussi pour Marcel Grancher des romans gais (gai, avec un "i", donc avec une acception totalement différente de l'actuelle dérivée du mot américain), le plus souvent des pastiches de romans de genre (policiers notamment) avec un humour typiquement gaulois, aux Editions Rabelais (tout un programme !). Il réalisera certaines couvertures et parfois les illustrations intérieures pour les tirages de luxe ou de tête auto-édités par Grancher.
Avec Jacques Lob, il a déjà créé Ténébrax en 1964 pour Chouchou (magazine "yéyé"de BD, créé par Daniel Filipacchi, le fondateur de "Lui", mensuel galant) et Blanche Epiphanie pour Nous sachons en 1967 (année des débuts de Submerman dans Pilote) où l'on croise des femmes troublantes, au regard langoureux, qu'il prendra plaisir à dénuder, parfois totalement, le plus souvent partiellement. Dans Submerman, si l'on est attentif, on croise des créatures semblables à celles des futures oeuvres pornographiques de Pichard, sauf qu'elles ne sont pas dénudées (elles portent des collants ou sont dotées d'écailles de poisson, selon le peuple aquatique auquel elles appartiennent) ni en train de subir les derniers outrages de mâles concupiscents et pervers. Mais on les devine ardentes ces femmes languides, car dans Submerman, comme dans Ténébrax ou Blanche Epiphanie, Lob et Pichard font dans la suggestion, et c'est plutôt réussi de ce point de vue là. Les créatures féminines sont exposées à la convoitise, aux rapts, aux dangers de tous ordres. Elles sont parfois en couple avec des mâles repoussants, gras, sales et mal rasés ! Le lecteur de sexe masculin, même s'il n'est pas du genre play-boy, se sent avantagé, physiquement, en comparaison de ces repoussoirs.
Oui, je pense que le passage de Submerman à Paulette est finalement une transition assez cohérente. (C'est facile de l'écrire après coup ! )
Pichard seul, devenu pornographe, se montrera d'ailleurs, terriblement subversif. Tout autant que Wolinski. A l'égard de la religion chrétienne, ses attaques vont très loin.

[Jopo de Pojo]

Ah, ok, dans mon esprit "Blanche Epiphanie" était postérieur à Paulette. Parce-que je lisais Blanche Epiphanie dans Métal...

Religion chrétienne, oui, mais je relisais le premier tome hier, dans lequel notre chère Paulette est envoyée dans un harem, et je pense que ce qui est dit et montré des musulmans serait mal interprété aujourd'hui. La liberté de ton de Wolinski est un plaisir.

[Cabarezalonzo]

Oui, je crois que c'est avec Lob ou Wolinski qu'il convient de découvrir Pichard.
Dans ses séries écrites pour Pichard, Lob pratiquait un savoureux second degré, que je goûte particulièrement.
Et tu l'as fort bien rappelé, la liberté de ton de Wolinski s'accorde à merveille avec le graphisme faussement naïf de Pichard, en réalité très élaboré. Comme Fred, un ancien d'Hara Kiri passé chez Pilote (tandis que Pichard fera plutôt l'inverse en rejoignant tardivement les éditions du Square), Pichard se préoccupe suffisamment du style, pour renforcer la narration, accentuer les effets recherchés par le scénariste. Tous deux sont des esthètes dont les responsables de Pilote avaient su repérer le potentiel et le talent.
On imagine mal Philémon ou Submerman, séries nécessitant de la couleur, ailleurs que dans Pilote, dans cette fin des années 60. Ces séries innovaient et pouvaient déconcerter le lecteur de BD familiarisé avec le style franco-belge, au même titre que Corto Maltese ou M. le Magicien, dans Pif.