zourbi le grec a écrit:Quelles sont tes craintes pour le coup ?
C'est vrai qu'en annonçant que la reprise le déçoit, il a intérêt à assurer
Assurément !
Mes craintes reposent principalement sur le fait que, si Floc'h n'a cessé de dessiner, et de s'améliorer dans l'art du dessin minimaliste, principalement pour des couvertures de magazines (chics ou bobos, le plus souvent) ou des illustrations diverses
(chez Floc'h, désormais, peu de traits, mais chacun a son importance et rien n'est gratuit dans une image qui peut paraître pauvre à première vue. Floc'h est un cérébral qui réfléchit longtemps à l'avance à la signification du moindre détail, et en cela, il se rapproche finalement pas mal d'Hergé, lequel ne glissait pas gratuitement un oiseau dans le décor, un tableau au mur ou un minaret au loin, sans une intention bien précise), il a depuis si longtemps abandonné le 9e art qu'on peut craindre qu'il éprouve quelques difficultés à se remettre en selle.
Certes, il aura dessiné sans discontinuer bien qu'ayant disparu depuis longtemps des catalogues de nouveautés BD.
Mais la pratique de la bande dessinée a ses spécificités, ses exigences et ses nombreuses difficultés. Elle est tellement singulière avec sa nécessité de maîtriser le découpage, l'architecture des planches, etc... tout en respectant scrupuleusement un scénario
(le dessin n'a d'autre but, dans la vision hergéenne du métier, que de servir l'histoire, et le Blake et Mortimer de Jacobs s'est toujours inscrit dans cette lignée.).
Floc'h n'aura-t-il pas trop perdu la main ?
Lorsque Auxence Delion affirme que Floc'h n'a cessé de s'améliorer, elle oublie d'ajouter : dans l'illustration le cas échéant, mais pas dans la BD, son dernier chef d'œuvre graphique remontant à 1984 avec Sir Malcolm).
En revanche, à la question soulevée par Auxence Delion :
"Aura-t-il toujours la flamme pour tenir une telle entreprise ? Lui seul a la réponse ?"Je crois, que la flamme, il l'a.
Perso, au vu des récentes interviewes données de Floc'h dans la presse écrite (je tiens la chronique parue dans le magazine britannique comme une des plus fraîches), télévisuelle ou vidéo, j'ai toujours éprouvé cette sensation agréable que l'auteur était toujours habité, avait la flamme pour ce qu'il faisait. J'ai pratiquement toujours l'impression que Chaland va ressusciter, quand Floc'h en parle.
Donc, j'en reviens à mon questionnement premier qui serait plutôt : techniquement, Floc'h saura-t-il relever ce défi ? Je le lui souhaite, bien évidemment.
Je pense d'ailleurs que s'il a perdu une certaine pratique, il aura acquis avec l'expérience quelques astuces pour contourner certaines difficultés.
Après, de toutes les façons, comme ce B&M sera nécessairement un "vu par", j'en serai. Pas parce que j'aime spécialement les "vu par"
(celui de Schuiten et consorts m'avait plutôt déçu eu égard aux attentes), mais parce que je ne puis concevoir cet album de B&M autrement qu'atypique et très imprégné de l'art de Floc'h, expression de sa vision personnelle. Et celle-ci m'intéresse, quelles que puissent en être les faiblesses.
Par ailleurs, lorsque Floc'h déclare être déçu globalement par la reprise, ça me rassure, je me sens moins seul. Tout en n'ayant pas les compétences pour exprimer ou justifier mon ressenti.