J'écris ici pour ne pas descendre cette BD dans son topic, ni polluer le débat là-bas : dans le prochain Bruno Brazil en preview, je trouve que les dialogues manquent de naturel. Ils me paraissent forcés, appuyés, mal joués.
J'ai en particulier identifié 3 phrases qui commencent par "Et" et finissent par un point d'exclamation sur 2 pages (ou même seulement 6 cases !) :
"Et en pleine zone résidentielle !" p1c3,
"Et comment !" p2c1,
"Et pour cause, crétin !" p2c5.
Je suis allé voir les quelques pages de la série d'origine disponibles dans la bédéthèque : le style était parfois un peu lourd et descriptif, ou le texte envahissant, mais il me semblait quand même plus fluide. Il soulignait l'action mais n'essayait pas de "surjouer". Je comprends donc l'hommage aux BD de cette époque, mais là, les première pages sont bancales. Les textes des pages suivantes paraissent un peu plus fluides donc il faudrait lire l'ensemble pour voir si ce défaut disparait ou s'amoindrit.
Je voulais donc lancer un conseil/coup de gueule :
messieurs-dames les scénaristes, relisez à haute voix vos dialogues ! Ou prenez quelques minutes pour jouer les scènes comme des pièces de théâtre, si besoin avec plusieurs "acteurs". Pensez aussi à toute la scène : ici, l'action des premières pages se jouent sur quelques secondes à peine, pas besoin de beaucoup de texte ! Quand on flingue et on se fait flinguer, on interpelle et on chambre (et encore), mais avec efficacité et on est essoufflé. Les respirations doivent apparaître : souffle coupé, phrases interrompues, points de suspensions.
Exemple :
Bruno lance : "On va essayer de les contourner. Ca te dit de passer par le haut ?" Prononcez ces phrases à haute voix : quelle difficulté à articuler !
Comme Bruno est le chef, il expose son plan et ordonne, plutôt qu'il ne consulte (pas le temps pour ça). Donc il aurait mieux valu "On va essayer de les contourner. Passe par les toits !"
Réponse logique et suffisante : "OK !", ou à la rigueur "Bonne idée !" (souligne la bonne idée du leader, le respect, et accentue la complicité entre les protagonistes...).
Mais pas "Et comment ! On se retrouve là-bas pour leur passer les menottes !".
En les jouant, il est facile de corriger les échanges qui écorchent les oreilles ou alourdissent l'ensemble. Si vous-mêmes n'êtes pas susceptibles de lancer une expression dans une action, ne l'écrivez pas ! Pareil avec les jurons : quelques-uns par tome - même pour un personnage vraiment grossier - suffisent, ils ne doivent pas envahir les pages. Sans justification, avec les régionalismes, les tournures alambiquées, les anachronismes, les mots dont on doute qu'ils soient dans le dictionnaire, ils éjectent de la lecture.
La sanction est que cela rebute le lecteur. Ici, cela sonne un peu comme une parodie, façon OSS117 (version Dujardin).
Mais pas au point du XIII Mystery de Pecqueur et Buchet, cf quelques pages au-dessus
Personnellement, j'ai déjà reposé des BD pour des défauts d'écriture de dialogues, d'où le message ici.