Avengers & X-Men : Axis, scénario de Rick Remender, dessins de Adam Kubert, Lienil Francis Yu, Terry Dodson, Jim Cheung, Marvel, 2015

Ce recueil contient les neuf épisodes de la série.
Rick Remender s'est rapidement fait un nom dans la Maison des Idées : Après un passage remarquable et remarqué sur Uncanny X-Force, où l'on remarqua la qualité de ses intrigues et la profondeur de ses personnages, on lui confia, en parallèle, Uncanny Avengers et, en succession de Brubaker, Captain America.
Remender parvint à se distinguer de Brubaker en composant un Captain America, différent mais très interessant : son Captain America redevient plus « basique » (ce n'est pas une critique),
et Remender, qui adore ce procédé narratif, l'a envoyé dans une autre dimension, avant de lui faire perdre ses pouvoirs pour mieux créer un nouveau Captain America, Steve Rogers ne restant tout de même pas loin des opérations.
Uncanny Avengers est la suite de l'event Avengers Vs X-Men.
A la fin de la saga, Xavier est mort, le monde mutant était divisé, et les mutants étaient de nouveaux haïs.
Steve Rogers décide, afin d'éviter que la xénophobie ne s'abatte encore sur les mutants, de créer une division d'Avengers composée de héros « normaux » et de mutants. Celle-ci est dirigée par Havok, on y retrouve Captain America, Thor, Wolverine, Rogue, The Scarlet Witch, The Wasp, Sunfire, etc.
Après une péripétie spatio-temporelle, où les jumeaux Apocalypse sont de la fête, les Avengers, revenus sur Terre doivent faire face à une menace bien connue, l'increvable Crane Rouge. Cruel au possible, il s'est emparé du cerveau et des pouvoirs psychiques du défunt Xavier, a constitué une armée, et fait de Genosha (l'ancienne utopie mutante devenue champ de mort) un immense camp de concentration.
Magneto, ayant eu vent de ce plan, « aidé » par les Avengers, massacre le Red Skull.
Las, la victoire est éphémère, car en le « tuant », Magneto a commis l'erreur de déchainer les pouvoirs de Xavier, voici donc Onslaught de retour, enfin le Red Onslaught...
A l'annonce de la saga Avengers & X-Men : Axis, mon avis était mitigé.
On savait, depuis les premières planches de Uncanny Avengers que le Red Skull ourdissait un plan sadique. On savait également que les événements de Captain America étaient liés à ceux d'Uncanny Avengers. Arnim Zola, bras droit du Red Skull, est parvenu à déstabiliser et à diminuer Steve Rogers qui n'a d'autre choix que de confier son bouclier à un autre.
Avengers & X-Men devait donc constituer la conclusion logique des intrigues initiées dans Captain America et dans Uncanny Avengers. A savoir l'aboutissement du complot du Red Skull. Bonne idée en soi. Oui, mais il y a Onslaught. Et il n'inspire, pour les vieux lecteurs, que des soupirs.
Quand la saga commence, nous sommes sur Genosha, transformée en camp de concentration pour mutants. Magneto vient de reveiller, malgré lui, le Red Onslaught, en massacrant le Red Skull...
Les différentes factions des X-Men, et des Avengers arrivent pour combattre l'imposant Red Skull qui n'est pas seul...
Magneto va chercher du renfort magique avec Loki, Lorelei et Doom. Le combat est difficile, et longuet (trois numéros sur neuf...), le Red Skull Onslaught est vaincu, puis incarcéré dans une base du Shield.
Oui, mais quelque chose ne tourne pas rond du tout.
Des supers-vilains se découvrent une conscience altruiste et se mettent à aider leurs prochains, et des héros se comportent comme des salauds, comme Iron-Man et Sam Wilson. Du coté des mutants c'est la même chose.
Que faire pour revenir à la situation d'avant ?
Des héros et des vilains résistent. On retrouve Spider-Man, Nova, Carnage, Doom, Loki, Sabretooth, Mystique, Steve Rogers, Nomad, Deadpool qui vont tenter de remettre les choses dans le bon ordre, sur le bon axe de rotation.
Mais que faire face à un Sam Wilson despotique content de lui-même, un Hulk déchainé, une nation mutante qui confie son destin au jeune Evan (Kid Genesis) devenu Apocalypse qui veut annihiler l'humanité, et une Scarlet Witch en mode furie vengeresse ?
La lutte fratricide est inéluctable et risque de laisser des séquelles irréparables.
Sur le papier, le projet était beau. Conclure deux sagas par un crossover paraissait une bonne idée.
Hélàs, l’exécution est ratée. Je ne m'attarderai pas sur le trop grand nombre de dessinateurs qui ne sont d'ailleurs pas très inspirés, mais je m'interroge sur le rôle de Remender. Comment, ce scénariste talentueux qui sait décrire des personnages complexes et torturés est-il tombé dans une telle facilité, pour ne pas dire pire ?
Les héros ou les vilains de Axis n'ont pas de profondeur psychologique (à part Sabretooth).
L'intrigue est interminable et redondante : les trois premiers épisodes où l'on abat, au ralenti, le Red Skull mangent de la place pour le reste qui n'est rien d'autre qu'une baston générale.
Dans Axis nous nageons dans la confusion et l'approximation : on ne comprend pas pourquoi, ni comment, des personnages résistent à l'inversion, au changement de leur personnalité, alors que d'autres en sont incapables.
Certes on trouve des moments touchants et riches de promesses pour le futur :
Sabretooth qui découvre, enfin, la notion du bien et du mal, et entend désormais faire le bien, même s'il faut tuer pour cela, pour protéger les plus faibles des mutants, bref devenir quelqu'un de meilleur, comme Wolverine, et le remplacer
, mais d'autres sont absurdes et risibles
(on refait passer Iron Man, dans Superior Iron-Man, en mode salaud égocentrique).
Malgré la qualité des dessins, malgré quelques jolies idées, Axis restera pour moi une immense déception, une conclusion indigne des remarquables épisodes d'Uncanny X-Force, d'Uncanny Avengers et de Captain America.
Axis n'est certes pas une calamité, cela se lit, mais tout y est dépourvu d'âme, de profondeur. Quel gachis ! A lire quand même pour les fans de ces séries qui y trouveront une bien piètre conclusion.