de Cooltrane » 07/01/2020 17:07
Bon, j'essaie de rattraper mon retard chronique de chroniqueur (gros niqueur) en commençant par les films du dernier w-e de vacance
Out Stealing Horses (Norvège) : Derrière un titre un peu trompeur (il y a des chevaux sans plus, et ils ne sont pas volés) se cache un film puissant nous montrant une facette encore récente de l’histoire du pays. Avant le passage du millénaire, un père de famille s’isole dans un coin reculé de la Norvège (les versants donnant vers la Suède montagneuse) en ne laissant pas d’adresse à sa famille. L’hiver arrivant, il fait connaissance avec un voisin assez rustre et cette rencontre lui fait retourner quelques 50 ans en arrière, car celui-ci lui rappelle un copain d’alors. Vivant alors seul avec son père, il participe à la vie champêtre, faite de moissons et coupes de bois dans une campagne norvégienne superbe, mais étonnamment vide de moustique et autres "bibites" fort gênantes. Cette deuxième activité va le confronter à la mort du père copain fantôme, alors que la saison de flottage (vers la Suède) arrive. La veuve récente intéressant aussi bien le père que le fils, les tensions montent.
De nombreux flashbacks sur plusieurs époques (dont une durant l’occupation allemande) rendent une "lecture" (lire vision) assez ardue, et certains acteurs se ressemblant, les confusions sont possibles, mais l’ensemble reste prenant. Le casting est assez réussi, avec le 3è retour de l’acteur suédois Stellan Skarsgård dans les films Hans Petter Moland, même si le sujet est assez différent de leurs précédentes collaborations. dépaysement garanti. Confirmant la bonne santé du cinoche scandinave (au sens large, incluant l’Islande et la Finlande), Out Stealing Horses laisse une solide impression au point d’avoir envie de s’isoler dans le coin qui est filmé, malgré les hivers très rigoureux. 8.5/10
Seules Les Bêtes : un polar-thriller dans les Causses auvergnates, lancé d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Sur les Causses au sud de Mende, le rude monde d’agriculteur vit des moments difficiles et l’hiver ne rend pas les choses plus aisées. Une agricultrice trompe son agriculteur avec le rustaud isolé du coin (en deuil de sa mère), pendant que le cocu cherche à se faire arnaquer aux sentiments sur les réseaux de rencontre, squattés par les vauriens d'Afrique (Y-vaut-rien, autodérision du coin). Arrive le grain de sable dans cette mécanique rouillée par l’intermède d’une disparition inquiétante d’une bourgeoise bisexuelle qui vient dans la baraque de son mari - trop souvent absent. Les deux rustauds du coin pas très futés s’enfoncent tout seul dans la mouise, suite à une grêle de coïncidences, dont les dernières risquent de vous laisser chauve, tellement elles sont capilo-tractées.
Le tout reste très plaisant, pour ne pas dire jouissif, et ce malgré la présence de la toujours aussi insupportable Bruni-Tedeschi, qui, heureusement, passe les 2/3 du film à l’état de cadavre refroidi (ben oui, l’hiver auvergnat conserve) et donc reste muette (son meilleur rôle, nul doute). Loin des frimâts Caussiens, la moiteur de la lagune d’Abidjan nous présente une autre facette du glauque, ou la pourriture s’installe à vitesse VV’ (vévéprim), mais un surprenant éclair de droiture va faire virer le tout à la catastrophe, mais les cons restant des cons, ceux qui survivent replongent dans leur connerie. Jouissif, malgré les invraisemblances coïncidentaires (soyons créatif en français). Superbe carte postale de la patrie du José Bové, qui n’aurait pas décadré dans cette fresque bien acide. 8/10
Le Lac Aux Oies Sauvages : (Chine continentale) Au moment du partage des territoires de chasses de la pègre locale d’une mégapole de province (Wuhan, j’ai cru comprendre), une rixe entre « familles » fait des blessés dont un par balle. Lors du concours organisé pour départager les belligérants, la famille lésée tend un piège à la fautive et le bilan est de deux morts, dont un policier. S’en suit une interminable (proche de deux heures) chasse à l’homme (où les rares femmes jouent des rôles salvateurs pour le fugitif) qui se terminera autour du lac du titre, qui est pourtant un lieu de villégiature réunissant bien des strates de la société de l’empire du milieu. Parfois difficile de s’y reconnaître entre les forces de l’ordre (peu efficaces) en civil et la pègre voulant finir le travail commencé, il me semble que certains acteurs ont dû parfois s’y confondre aussi.
Bien que seulement moyennement violent, malgré le sujet du film, il est désolant de constater que le côté film de karaté y est assez présent. Niveau paysages et dépaysement, on est loin de la carte postale, car les égouts de bas-fonds obstruent la vue du touriste voyeur que nous sommes. Entre une bande son très présente, un côté esthétisant incertain, et des eaux sur toutes leurs formes (sauf glacées), le rythme est haletant, mais le scénario n’est pas des plus accrocheur, car il oublie de s’approfondir - ou du moins s’étaler un peu. Du coup, on regrette une certaine longueur générale et une série de scènes qui auraient pu sauter sans perdre une miette du fil de l’histoire. Difficile de croire que ce demi-navet à un reçu un ours d'or à Berlin. 5/10
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)