de corbulon » 07/06/2021 19:08
Et ben c’était vachement bien le festival du Sud, même avec une jauge à 1/3, (enfin 1/2 pour les deux derniers jours). Avec notamment There is No Evil de Mohammad Rasoulof, compilation de 4 courts métrages (oui parce qu’il faut bien trouver des trucs pour éluder la censure des islamistes iraniens) montrant la déshumanisation qui découle d’un état totalitaire. C’était aussi très sympa d’avoir la Bella Ciao originale, et pas la Marseillaise, comme quoi les personnes qui vivent sous une dictature ont bien compris contrairement aux bourgeois de gauche ou de droite, que fascistes et antifascistes, c’était pas la même chose. J’ai bien aimé les deux films mexicains présentés, avec chacun une réalisatrice aux commandes. Le premier Sin Senas Particulares de Fernanda Valanda traitant de la violence endémique dans le pays et ses conséquences notamment pour les mères qui démontrent une nouvelle fois leur puissance à entrer en résilience. L’autre film Silencio Radio signée Juliana Fanjul traite de la censure , (donc pas la fausse, style Agacinski refusant de se rendre dans une université parce qu’on lui a imposé du contradictoire), mais la réelle. Celle qui voit une des voix plus populaire de la radio publique, Carmen Aristegui se faire licencier parce qu’elle a un peu trop critiquer le pouvoir en place (celui de la pax mafiosa). Et ensuite elle ne sera réembauchée, ce qui l’amènera à fonder sa propre radio avec ses économies. Ce qui n’empêchera pas d’ailleurs les dominants de continuer à lui mettre la pression. Résistance il en est aussi question dans Gagarine de , Fanny Liatard et Jérémy Trouihl où l’on suit les derniers jours de cette cité en banlieue parisienne avant qu’elle ne soit rasée au sol en dépit de l’opposition de ses habitants (bon ça a nettement moins choqué les conservateurs que l’abattage d’une statue d’esclavagiste). Un beau film qui sort de la lorgnette sécuritaire sur les banlieues et qui lorgne franchement sur la science-fiction, notamment via sa bande-son, et qui sort en France dans deux semaines. Les rivières de Mai Hua est un documentaire autobiographique où peu à peu se dénouent l’enchevêtrement de liens familiaux complexes. Le Nouvel Évangile de Milo Rau est fascinant, non pas seulement parce qu’il imagine un Jésus noir qui veut rendre visite l’exploitation des personnes migrantes, qu’elles travaillent dans les champs de tomates, ou sur les trottoirs, mais aussi parce qu’il fait écho à l’Evangile selon Saint Matthieu de Pasolini (on retrouve d’ailleurs Enrique Irazoqui mais cette fois-ci dans le rôle de Jean-Baptiste). Il mio corpo de Michele Panetta qui lui aussi met en lumière des personnes invisibilisées, et incite à la convergence des luttes entre les personnes migrantes et celles résidentes des pays du Sud de l’Europe(un peu comme l’excellente bande dessinée Chez toi de Sandrine Martin parue cette année.)