de sergent latrique » 24/11/2019 14:29
Voir deux films était finalement une bonne idée, car Micarolo et Riso par des histoires et des angles différents ont pour toile de fond une vision sur les classes populaires, miséreux ou ouvriers, qui au travers de ces deux films ne sont pas très éloignées l’une de l’autre à cette époque.
Riso amaro (Giuseppe de Santis) 1949
Plusieurs critiques ont déjà bien balisé le sujet, la vision communiste, la lutte de la classe ouvrière, lutte sociale au sein même du peuple avec le statut des clandestines. Le message qui passe est clair après la crise du début qui opposes celles sous contrat et les autres, les régulières , en restant solidaires font front face au patronat. Seule la lutte solidaire peut aboutir pourrait être la morale de ce début du film
Sur les personnages et l’histoire des principaux : Walter (Gassman), Silvana (Mangano), Francesca (Dowling) et le sergent (Valone).
Walter (Gassman) et Silvana (Mangano) sont admiratifs du monde moderne et tout montre dans leur attitude la fascination pour l'Amérique : les chewings gums, leurs attitudes, la musique et les danses leur envie de partir loin , la découpe des silhouettes de pin up par Silvana.
Silvana rêve d'une vie de star, Walter se prend pour un gangster de film noir. Et je pense contrairement à ce qui a été présenté comme un mauvais jeu excessif que Gassman accentue de manière totalement volontaire ce surjeu. Loin d'être un défaut dans le jeu de l'acteur, c’est encore une fois mon avis, le personnage Walter joue comme s'il était dans un film justement !
Il se prend pour un dur, et ce surjeu fait partie du personnage, d’où ces regards de dur, ces attitudes artificielles de gangster de série noire. De même que Silvana, qui rêve d'hollywood et de la vie moderne, prend des allures de starlette, vampe les hommes, se prenant pour une actrice elle aussi.
Il suffit de voir les scènes de danse et de bagarre, les deux se rejoignant l'autre lorsque Silvana danse avec le collier (la deuxième scène de danse). Elle s’exhibe, veut être admirée, imite les danses et les mimiques des danseurs de comédie musicale américaine à la mode dans les années 40.
Walter entre dans son jeu, sort son coup de poing, son couteau, son revolver, et se prend pour un dur de hard-boiled novel alors qu’il s’avère au final une petite frappe misérable et arrogante trompant jusqu’à sa « fiancée » avec le faux collier.
Cette scène de la danse et de la bagarre est pour moi très bien filmée, comme beaucoup de scènes, que ce soit au niveau du montage ou des mouvements de caméra, à part quelques gros plans sur le collier un peu trop appuyés.
Les relations entre Francesca et Silvana sont plus ambiguës, tantôt semblant amicales, tantôt hostiles et arrogantes, au gré de l’humeur de Silvana qu’on a toujours du mal à suivre le jeu.
Alors que Francesca et le sergent Marco restent toujours identiques, même si Francesca a commis des fautes qu'elle va vouloir amender par la suite, Walter et Silvana sont changeants, trahissent, jouent double jeu, quitte à voler la récolte entière ou ruiner le travail de toutes les "mondine".
Et j'y vois le symbolisme du film, cette opposition entre les deux couples, Walter et Silvana, fascinés par un monde facile et fourbe, prêts à toutes les bassesses pour spolier les autres, et Marco et Francesca qui seraient un peu le camp du bien, celui de la solidarité, de l'esprit de camaraderie et in fine du communisme.
Le symbolisme est encore plus flagrant lors de la fin de Walter qui finit sur un croc de boucher, image terrible et qui ne peut échapper à une référence évidente à la mort de Mussolini (en 45, le film est tourné en 48, on le voit aux images de miss mondine). Ca ne peut pas être un hasard. Sans doute, une façon de montrer le visage d’un fascime hideux face au communisme (le sergent Marco, fidèle à l’armée et ses hommes)
Reste des images marquantes :
- les femmes, l’érotisme latent de Silvana et d’autres, dans leur intimité des dortoirs ou de la rivière pour se laver, même si aujourd'hui celui-ci parait assez édulcoré.
- les conditions de travail et de logement, avec ce camp de travail, sorte de caserne, presque une prison, où il leur faut faire le mur pour rejoindre leurs amis la nuit.
Les scènes dans le dortoir rappellent vraiment celles de soldats de caserne, sans jugement, que ce soit pour les scènes futiles et gaies, de danses, ou plus dramatiques, la fille enceinte qui vomit, les anciennes qui font la morale
- le travail harassant de la classe ouvrière, clairement exploitée, dans des conditions à la limite de l'esclavage, courbés pieds dans l'eau sous le soleil brulant, ou plus tard sous la pluie battante pour quelques lires et un kg de riz par jour.
- de l’humour aussi malgré tout, avec ces pieds nickelés qui, menés par Walter partent et patinent dans la boue avec leur chargement de riz dans les camions.
- les chants des mondines est comme un chant dans les champs de coton et les cris de Gabriella qui résonnent avec les chants des pleureuses résonne comme celui des pleureuses, (et encore plus après la scène de brutalité entre Walter et Silvana)
A la fin, je ne comprends pas lors de la scène finale, alors que la chute est arrivée dans la soirée (la nuit), que le lendemain, il fait jour, les mondine se sont préparées, qu’à ce moment seulement un officiel dépose un drap sur elle.
Ma note 5/6
Halte au massacre Organisasi Papua Merdeka