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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Le ciné club

Messagede jolan » 22/11/2019 22:29

Message précédent :
Miracle à Milan – Vittorio De SICA – 1951

Bien content de revoir ce film trente ans après, dans une belle copie restaurée. Ecrit par De Sica et Cesare Zavattini, le père du néoréalisme, on sait dès le générique, avec le tableau de Brueghel « Les Proverbes flamands » et la musique de cirque, l'orgue de barbarie, qu'on va avoir un panorama fabuleux de saynètes pittoresques, une fête des fous moyenâgeuse, une foire aux bestiaux informes et infâmes. Quelque part, ce film, c'est du Fellini avant l'heure. Et c'est ce qui m'a emballé. Cette poésie tragique sur la misère, dans ce bidonville qui rappelle le cirque de Chaplin, ou plus tard celui de Wenders.

Mais je reviens sur la belle ouverture, qui comme tout conte de fée comporte son « il était une fois... » et sa petite maison de bois (derrière, la ville proche avec ses cheminées d'usine et sa modernité) habitée par une mère grand qui va vivre un vrai petit miracle : un petit garçon trouvé dans les choux. C'est Toto, le petit héros. Toto le bon, ou le benêt. Il y a un joli plan avec la caméra qui passe à « travers » la serrure de la porte (à la manière des grilles de la fenêtre à la fin de « Profession : reporter », on voit la coupure au milieu), juste avant la mort de la vieille femme. Toto traverse donc la ville sous la pluie, derrière le cercueil, et il ne va pas tarder à découvrir le monde, le vrai, celui qui est laid et sale et méchant, et qui ment.
Mais Toto a un atout, qui va le sauver, c'est par miracle un imbécile heureux, et grâce à cette tare il va pouvoir vivre sans se soucier du monde et ses tracas. Toto c'est le naïf, l'ingénu, le candide, l'indécrottable positif, le réconciliateur, le doux rêveur, l'éternel enfant, un peu comme dans « Le Tambour », constamment émerveillé et curieux du monde. Sauf que contrairement à Candide et Pangloss il ne va jamais quitter son terrain vague et se contenter de cultiver son jardin, au milieu des détritus.
Sa vieille mère lui a bien appris que rien n'est grave, que la vie est belle, et c'est ainsi qu'il va se comporter, en emmenant toute sa petite communauté de miséreux vers un monde meilleur, malgré la misère et le froid, en refusant la fatalité, en s'organisant et en voyant toujours le bon côté des choses, la vie ne peut être que belle si on la vit tous ensemble, en bonne intelligence, un peu naïvement donc, loin du cynisme et l'individualisme des riches, ou des nouveaux pauvres qui refusent de l'être. La richesse des coeurs purs face à la pauvreté des coeurs de pierre.
Pour moi on se rapproche bien davantage de « La Vita e Bella » de Benigni que de « It's Wonderful Life » de Capra (même si j'ai une énorme préférence pour le second).
J'étais donc enchanté de revoir ce film, mais au final mon plaisir est gâché par tout ce « secundo tempo », seconde partie lourdingue, longue et ennuyeuse, ratée, sur laquelle je ne m'étendrai pas, mais qui rabaisse ma note d'un bon tiers. Le film part dans une mauvaise direction, et c'est fort dommage, il y avait moyen de faire moins cruche et plus poétique je pense.

2,5/6
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 22/11/2019 22:45

Riz amer - Giuseppe de Santis (1949)

Pas très convaincu non plus par ce film.
Pourtant, ça démarrait bien, avec un plan inaugural qui pose très bien les enjeux "documentaires" du film.
Ca part de jambes et de pieds indifférenciés qui courent dans la boue, ensuite le cadre s'élargit pour découvrir une foule de mondines filmées comme une armée de travailleuses et ça se termine avec un cadre à nouveau resserré sur un individu mais cette fois il s'agit d'un garde.
À la vue de ce plan, il ne faut pas beaucoup d'imagination pour se dire que De Santis était un cinéaste communiste tant la dialectique et les rapports de force entre oppresseur et opprimés sont limpidement exposés dès l'entame du film.
On est d'ores et déjà aux antipodes du cinéma catholique de De Sica.
J'ai bien aimé également les scènes d'exposition des personnages dans la gare (certes, le jeu de Gassman est déjà outré, mais à ce stade du film, ça ne m'a pas gêné). C'est rythmé et fluide, on comprend peu à peu la place de chaque personnage dans l'action et les enjeux qui les lient.
Malheureusement, après, ça se gâte.
J'ai cependant beaucoup aimé les scènes de travail dans les rizières et les chants des mondines (l'utilisation des chants m'a paru bien plus réussie que le chant dans Miracle à Milan). Cet aspect "documentaire" du film qui met en avant les conditions de travail difficiles des travailleuses et leur exploitation par les patrons m'a paru convaincant.
Mais la greffe ne prend pas bien avec une intrigue de polar plutôt très convenue et une intrigue sentimentale qui ne l'est pas moins. Mangano s'en tire en effet plutôt bien (on peut deviner encore aujourd'hui l'effet qu'elle a du faire sur le public de l'époque) mais c'est à peu près tout.
Le film en sort malheureusement nettement amoindri et le discours de De Santis sur la difficile condition des mondines se dilue dans une intrigue banale.
C'est dommage parce que le film aurait pu être vraiment beaucoup mieux.

Ma note : 2/6
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Re: Le ciné club

Messagede arcarum » 23/11/2019 09:40

MIracolo a Milano

Le film étrange et atypique qui, sous l'aspect d'un conte de fée, s'avère, pour moi, être une critique sévère du capitalisme et de l'appât du gain.

Là où le film est déroutant par son choix de placer le film comme un conte de fée ("Il était une fois", naissance dans les choux, mère qui est une mamie présentant une certaine folie douces), il le devient encore plus quand il dérive doucement vers la comédie (la scène du corbillard, la scène de la danse au soleil, ou du vent qui emporte les maison), avant se recadrer comme une critique de la société, au travers d'une imagerie surréaliste puis fantastique, en se focalisant sur la démonstration que l'homme tend toujours vers sa nature profonde qui est de posséder toujours plus en essayer d'écraser le plus faible (la scène ou il faut payer pour regarder le coucher de soleil, la scène dans le bureau du capitaine d'industrie, la scène des cadeaux).

Finalement cette petite communauté représente l'Italie au sortir de la guerre, pauvre, détruite, en reconstruction et qui, contre vent et marée, tente de ses reconstruire en société égalitaire, mais qui finira par tomber sous le charme des attrait de la société de consommation, puisqu'elle désire ce dont elle n'a pas besoins.

Et à chaque fois, le réalisation opte pour le ridicule en poussant les événements jusqu'à leur paroxysme pour montrer combien l'homme idiot.

Au final j'en suis arrivé à croire que Toto, le Jésus de cette histoire, passe de celui qui amène l'espoir à sa communauté, à celui qui la perverti bien plus que le capitaine d'industrie, afin de lui permettre de conserver "sa communauté".

La construction de film est extrêmement classique, avec ce découpage en 3 actes, et nombre de choix dans le découpage ou dans la technique filmique (travelling, plongée - contre plongée ) montre un vrai travail de découpage et des vraies positions du réalisateur pour démontrer systématiquement combien ces situations sont ridicules. On peut parler de vraie proposition de cinéma avec des vrais choix et une vraie position philosophique sur son histoire.

Au final j'ai beaucoup aimé ce film parce qu'il apporte plus qu'il ne veut en montrer et même s'il est particulièrement déroutant : 5/6
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 23/11/2019 19:06

Belle analyse :ok:

Bon, il semblerait que tout le monde n'ait pas joué le jeu de regarder les deux films, ou peut-être les critiques suivront-elles.

Toujours est-il qu'on peut partir sur la prochaine liste :lisezmoi:

C'est à qui ?
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 23/11/2019 20:19

Séance 1 : The Tarnished Angels (Sirk 1957) = 4,13
Séance 2 : Le Crime de monsieur Lange (Renoir 1936) = 3,6
Séance 3 : Il Sorpasso (Risi 1962) = 4,7
Séance 4 : Rendez-vous de Juillet (Becker 1949) = 2,33
Séance 5 : Vaghe Stelle dell Orsa... Sandra (Visconti 1965) = 3,81
Séance 6 : Kiss me Deadly (Aldrich 1955) = 3,8
Séance 7 : Quand passent les Cigognes (Kalatozov 1957) = 4,1
Séance 8 : La Ballade de Narayama (Imamura 1983) = 3,6
Séance 9 : Letter from an Unknown Woman (Ophüls 1948) = 4,2
Séance 10 : L'Hirondelle d'or (King Hu 1966) = 2,35
Séance 11 : The Woman in the Window (Lang 1944) = 3
Séance 12 : Lonely are the Brave (Miller 1962) = 4,16
Séance 13 : A Letter to Three Wives (Mankiewicz 1949) = 3
Séance 14 : Le Salon de Musique (Ray 1958) = 3,75
Séance 15 : La Rivière (Renoir 1951) = 4,5
Séance 16 : L'Homme au pousse-pousse (Hiroshi Inagaki1958) = 2,5 (manque la critique de Mr Degryse, pourtant suggesteur)
Séance 17 : Miracolo a Milano (De Sica) = 2,8 (manquent les critiques de Mr Degryse et Olaf)
Séance 17b : Riso Amaro (De Santis) = 2 (uniquement Euh et Jolan)
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Re: Le ciné club

Messagede arcarum » 23/11/2019 21:19

je dois voir Rizzo ce soir ;)
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 23/11/2019 21:45

jolan a écrit:C'est à qui ?


J'ai toujours une thématique films muets sous le pied.
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 23/11/2019 22:21

Ah oui c'est vrai, on avait laissé les nouveaux arrivants proposer une liste et après on revenait à toi.

C'EST PARTI POUR LES FILMS MUETS !! :D
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Re: Le ciné club

Messagede arcarum » 24/11/2019 01:31

Riso Amaro !

Mazette quel film ! Mazette quelles actrices !

Sous les traits d'une histoire au demeurant banal de deux voleurs fuyant la police en se cachant à la campagne, le réalisateur, nous propose une vraie histoire ou s’entremêle, erotisme et hypersexualisation de la femme, complexisté des rapports de séduction homme-femme dans une société machiste, jalouse amoureuse et la volonté de s'en sortir coûte que coûte.

Silvana Mangano (Silvana) et Doris Downing (francesca) crèvent littéralement l'écran, écrasant de leur lumière Vittorio Gassman (Walter) et Raf Valone (Marco). Je suis tombé littéralement amoureux de ces superbes femmes, l'une jouant la jeunesse exacerbée avec ses aisselles naturelles évoquant l'antre du désir masculin, la seconde, plus en retrait mais tout aussi désirable par ses jambes immense et sa plastique plus fine, plus américaine. Et puis cette eau ! que d'eaux ! que de fantasmes !

En raison de ma vision contemporaine du rapport homme femme, je maugréais à voir toute ces femmes, manipulées, mise en esclavage ou jetées en pâture pour un mariage comme si elle n'était que des animaux de ferme ou de zoos ... et j'applaudissais à chaque rébellion, chaque fois qu'elles se prenaient par la mains pour sortir de ce carcans et de leur conditions.

La réalisation est vraiment superbe. Cette fameuse scène de danse avec ce double traitement du rythme des plans selon que l'on s'attache à la danse Silvana-Walter, ou Francesca-Marco est juste géniale. j'ai crû à moment y voir un hommage à la scène de la douche de Pychose, avant de me rappeler qu'elle ne sera filmé que 11 ans plus tard. Un vrai tourbillon d'émotion pour moi.

Alors, oui le film est verbeux et l'on se perd parfois dans les histoires des unes et des autres. Mais au moins il y a de l'épaisseur dans les personnages. Ils ont une histoire, il ne sont pas linéaires et insipide et ils sont logiques avec eux même.

En résumé superbe film. 6/6
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Re: Le ciné club

Messagede lobo » 24/11/2019 09:32

Riz amer (De Santis)
J'ai un avis mitigé. Certaines scènes sont littéralement inoubliables. Avant tout, bien sûr, Silvana Mangano en short et bas noirs dans l'eau de la rizière. C'est une icône érotique à jamais inscrite dans l'histoire du cinéma. Mais également les images en plongée de ces foules de filles dans les rizières. Le travail sous les pluies diluviennes, et plus généralement cette eau omniprésente. Le chant des femmes. Les images de casernement de femmes alors qu'on avait jamais vu jusque là que des casernements d'hommes, soldats ou prisonniers.
Mais deux choses me gênent : le scénario et le montage. Je trouve le montage chaotique, plein de mauvais raccords, et je trouve le scénario incohérent. Les personnages eux-mêmes ne sont pas complexes, ils sont soit caricaturaux (Gassman) soit incohérents (Mangano, Vallone). Seul celui de Doris Dowling a un peu de consistance et semble porter le message idéologique du réalisateur, la rédemption dans la lutte de classes.
Les hommes ne sont vraiment pas à leur avantage (ce n'est pas un reproche). Leur seule fonction positive semble être celle de partenaires sexuels d'un soir (ces récoltes saisonnières étaient sans doute aussi des occasions de vastes bacchanales érotiques, comme le suggère une des scènes).
Ce film aurait pu être un chef d'oeuvre avec un scénario plus consistant. Il reste malgré tout inoubliable.
Ma note : 4/6
Dernière édition par lobo le 24/11/2019 09:57, édité 1 fois.
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Re: Le ciné club

Messagede lobo » 24/11/2019 09:35

Séance 1 : The Tarnished Angels (Sirk 1957) = 4,13
Séance 2 : Le Crime de monsieur Lange (Renoir 1936) = 3,6
Séance 3 : Il Sorpasso (Risi 1962) = 4,7
Séance 4 : Rendez-vous de Juillet (Becker 1949) = 2,33
Séance 5 : Vaghe Stelle dell Orsa... Sandra (Visconti 1965) = 3,81
Séance 6 : Kiss me Deadly (Aldrich 1955) = 3,8
Séance 7 : Quand passent les Cigognes (Kalatozov 1957) = 4,1
Séance 8 : La Ballade de Narayama (Imamura 1983) = 3,6
Séance 9 : Letter from an Unknown Woman (Ophüls 1948) = 4,2
Séance 10 : L'Hirondelle d'or (King Hu 1966) = 2,35
Séance 11 : The Woman in the Window (Lang 1944) = 3
Séance 12 : Lonely are the Brave (Miller 1962) = 4,16
Séance 13 : A Letter to Three Wives (Mankiewicz 1949) = 3
Séance 14 : Le Salon de Musique (Ray 1958) = 3,75
Séance 15 : La Rivière (Renoir 1951) = 4,5
Séance 16 : L'Homme au pousse-pousse (Hiroshi Inagaki1958) = 2,5 (manque la critique de Mr Degryse, pourtant suggesteur)
Séance 17 : Miracolo a Milano (De Sica 1951) = 2,8 (manquent les critiques de Mr Degryse et Olaf)
Séance 17b : Riso Amaro (De Santis 1949) = 3,8 (Euh, Jolan, arcarum, lobo, sergent latrique)
Dernière édition par lobo le 24/11/2019 16:00, édité 2 fois.
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 24/11/2019 15:29

Voir deux films était finalement une bonne idée, car Micarolo et Riso par des histoires et des angles différents ont pour toile de fond une vision sur les classes populaires, miséreux ou ouvriers, qui au travers de ces deux films ne sont pas très éloignées l’une de l’autre à cette époque.

Riso amaro (Giuseppe de Santis) 1949

Plusieurs critiques ont déjà bien balisé le sujet, la vision communiste, la lutte de la classe ouvrière, lutte sociale au sein même du peuple avec le statut des clandestines. Le message qui passe est clair après la crise du début qui opposes celles sous contrat et les autres, les régulières , en restant solidaires font front face au patronat. Seule la lutte solidaire peut aboutir pourrait être la morale de ce début du film
Sur les personnages et l’histoire des principaux : Walter (Gassman), Silvana (Mangano), Francesca (Dowling) et le sergent (Valone).
Walter (Gassman) et Silvana (Mangano) sont admiratifs du monde moderne et tout montre dans leur attitude la fascination pour l'Amérique : les chewings gums, leurs attitudes, la musique et les danses leur envie de partir loin , la découpe des silhouettes de pin up par Silvana.
Silvana rêve d'une vie de star, Walter se prend pour un gangster de film noir. Et je pense contrairement à ce qui a été présenté comme un mauvais jeu excessif que Gassman accentue de manière totalement volontaire ce surjeu. Loin d'être un défaut dans le jeu de l'acteur, c’est encore une fois mon avis, le personnage Walter joue comme s'il était dans un film justement !
Il se prend pour un dur, et ce surjeu fait partie du personnage, d’où ces regards de dur, ces attitudes artificielles de gangster de série noire. De même que Silvana, qui rêve d'hollywood et de la vie moderne, prend des allures de starlette, vampe les hommes, se prenant pour une actrice elle aussi.
Il suffit de voir les scènes de danse et de bagarre, les deux se rejoignant l'autre lorsque Silvana danse avec le collier (la deuxième scène de danse). Elle s’exhibe, veut être admirée, imite les danses et les mimiques des danseurs de comédie musicale américaine à la mode dans les années 40.
Walter entre dans son jeu, sort son coup de poing, son couteau, son revolver, et se prend pour un dur de hard-boiled novel alors qu’il s’avère au final une petite frappe misérable et arrogante trompant jusqu’à sa « fiancée » avec le faux collier.
Cette scène de la danse et de la bagarre est pour moi très bien filmée, comme beaucoup de scènes, que ce soit au niveau du montage ou des mouvements de caméra, à part quelques gros plans sur le collier un peu trop appuyés.

Les relations entre Francesca et Silvana sont plus ambiguës, tantôt semblant amicales, tantôt hostiles et arrogantes, au gré de l’humeur de Silvana qu’on a toujours du mal à suivre le jeu.

Alors que Francesca et le sergent Marco restent toujours identiques, même si Francesca a commis des fautes qu'elle va vouloir amender par la suite, Walter et Silvana sont changeants, trahissent, jouent double jeu, quitte à voler la récolte entière ou ruiner le travail de toutes les "mondine".
Et j'y vois le symbolisme du film, cette opposition entre les deux couples, Walter et Silvana, fascinés par un monde facile et fourbe, prêts à toutes les bassesses pour spolier les autres, et Marco et Francesca qui seraient un peu le camp du bien, celui de la solidarité, de l'esprit de camaraderie et in fine du communisme.
Le symbolisme est encore plus flagrant lors de la fin de Walter qui finit sur un croc de boucher, image terrible et qui ne peut échapper à une référence évidente à la mort de Mussolini (en 45, le film est tourné en 48, on le voit aux images de miss mondine). Ca ne peut pas être un hasard. Sans doute, une façon de montrer le visage d’un fascime hideux face au communisme (le sergent Marco, fidèle à l’armée et ses hommes)

Reste des images marquantes :
- les femmes, l’érotisme latent de Silvana et d’autres, dans leur intimité des dortoirs ou de la rivière pour se laver, même si aujourd'hui celui-ci parait assez édulcoré.
- les conditions de travail et de logement, avec ce camp de travail, sorte de caserne, presque une prison, où il leur faut faire le mur pour rejoindre leurs amis la nuit.
Les scènes dans le dortoir rappellent vraiment celles de soldats de caserne, sans jugement, que ce soit pour les scènes futiles et gaies, de danses, ou plus dramatiques, la fille enceinte qui vomit, les anciennes qui font la morale
- le travail harassant de la classe ouvrière, clairement exploitée, dans des conditions à la limite de l'esclavage, courbés pieds dans l'eau sous le soleil brulant, ou plus tard sous la pluie battante pour quelques lires et un kg de riz par jour.
- de l’humour aussi malgré tout, avec ces pieds nickelés qui, menés par Walter partent et patinent dans la boue avec leur chargement de riz dans les camions.
- les chants des mondines est comme un chant dans les champs de coton et les cris de Gabriella qui résonnent avec les chants des pleureuses résonne comme celui des pleureuses, (et encore plus après la scène de brutalité entre Walter et Silvana)
A la fin, je ne comprends pas lors de la scène finale, alors que la chute est arrivée dans la soirée (la nuit), que le lendemain, il fait jour, les mondine se sont préparées, qu’à ce moment seulement un officiel dépose un drap sur elle.

Ma note 5/6
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 24/11/2019 15:33

Pour les films muets, je suis aussi partant. Mais bon, je viens de regarder en partie le voleur de Bagdad de Raoul Walsh de 1924, avec Douglas Fairbanks pfff, c'est pour les historiens du cinéma ou les archéologues de pellicules, donc je resterai attentif aux choix :D
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Re: Le ciné club

Messagede lobo » 24/11/2019 16:02

Bon, je suis curieux de voir les propositions de films muets.
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 24/11/2019 19:36

Bon, allons-y pour les films muets alors. :D
Je vous propose un combat.

Image

A ma gauche, représentant l'Union des républiques socialistes soviétiques :

* L'homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov
* Arsenal (1928) d'Alexandre Dovjenko

A ma droite, pour le compte des Etats-Unis d'Amérique :

* L'isolé (Lucky star) (1929) de Frank Borzage
* Le vent (The Wind) (1928) de Victor Sjöström

J'ai sciemment évité les plus évidents, Eisenstein d'un côté et Murnau de l'autre, mais il s'agit quand même pas moins de quatre films essentiels de la fin du muet, période où ce type de cinéma avait atteint un grand degré de maturité (que le parlant mettra le plus souvent plusieurs années à retrouver).
Personnellement, je n'en ai vu qu'un des quatre. Je ne vous dis pas lequel, mais si ça tombe sur celui-là, je prépare déjà mon 6/6.
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Re: Le ciné club

Messagede Olaf Le Bou » 24/11/2019 20:09

Lucky Star, pour moi
(et the Wind en second choix)
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
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Re: Le ciné club

Messagede arcarum » 24/11/2019 20:19

n'en connaissant aucun
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 24/11/2019 20:52

L'homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov :arrow: Jolan
Arsenal (1928) d'Alexandre Dovjenko
L'isolé (Lucky star) (1929) de Frank Borzage :arrow: Olaf
Le vent (The Wind) (1928) de Victor Sjöström :arrow: Arcarum
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Re: Le ciné club

Messagede lobo » 24/11/2019 23:00

l'homme à la caméra
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 25/11/2019 13:54

J'hésite entre l'homme à la caméra et le vent. (je n'en ai vu aucun des quatre de toutes façons)

Allez hop : Le vent !
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 25/11/2019 14:05

Bon, ça nous donne pour l'instant :

L'homme à la caméra (1929) de Dziga Vertov :arrow: Jolan, lobo
Arsenal (1928) d'Alexandre Dovjenko
L'isolé (Lucky star) (1929) de Frank Borzage :arrow: Olaf
Le vent (The Wind) (1928) de Victor Sjöström :arrow: Arcarum, sergent latrique

J'attends l'avis de Mr Degryse avant de donner le mien et clôturer la sélection.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
euh... si vous le dites
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