Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

[jolan]

Message précédent :
Partisan également des films antérieurs à 1970 et même 1960.

Après, oui, soit on choisit parmi les précédentes suggestions, soit c'est Euh qui préside la séance, malgré son aversion pour Audiard

Comme il n'y a pas foule, une petites séance de rattrapage me semble adéquate dans un premier temps, je vote pour le Ophüls

[sergent latrique]

C'est "Lettre d'une inconnue d'Ophüls qui avait été proposé ?

Ok pour moi, je l'ai jamais vu je crois

[euh... si vous le dites]

Si c'est ok pour tout le monde, je valide le Ophuls.
Déjà vu mais il y a très longtemps et je ne suis pas contre de le revoir.

[lobo]

OK pour moi

[Olaf Le Bou]

idem

[jolan]

Bon eh bien on va faire ça alors

Séance 1 : The Tarnished Angels (Sirk 1957) = 4.13
Séance 2 : Le Crime de monsieur Lange (Renoir 1936) = 3.6
Séance 3 : Il Sorpasso (Risi 1962) = 4.7
Séance 4 : Rendez-vous de Juillet (Becker 1949) = 2.33
Séance 5 : Vaghe Stelle dell Orsa... Sandra (Visconti 1965) = 3.81
Séance 6 : Kiss me Deadly (Aldrich 1955) = 3.8
Séance 7 : Quand passent les cigognes (Kalatozov 1957) = 4.1
Séance 8 : La Ballade de Narayama (Imamura 1983) = 3,6

[euh... si vous le dites]

Lettre d'une inconnue VO avec sous-titres français :

[Révéler] Spoiler:

https://transfernow.net/9878k0jd8v0i

[euh... si vous le dites]

Letter from an unknown woman - Max Ophuls (1948)

Bon allez, j'ouvre le bal.
J'avais vu le film il y a une vingtaine d'années à une époque où j'étais en plein dans ma phase mittel-Europa et où je lisais beaucoup Zweig et Schnitzler. Le film d'Ophuls venait à point nommé et je me souviens que j'avais beaucoup aimé.
Aujourd'hui, j'aime toujours Zweig, Schnitzler et Ophüls, mais le film m'a moins touché.
J'apprécie toujours l'élégance de la mise en scène d'Ophüls et quelques scènes m'ont paru très réussies mais d'autres éléments du film m'ont gêné et plusieurs fois sortis du film.
La musique omniprésente m'a paru souligner lourdement tout ce qui se passe à l'écran. Et puis, même si j'ai beaucoup d'affection pour Joan Fontaine, j'ai eu beaucoup de mal à croire en elle pendant toute la première partie du film. Elle avait 30 ans à l'époque et était manifestement trop âgée pour son rôle de jeune ingénue de 18 ans qui découvre la passion amoureuse.
Ca m'a donné l'impression que le film ronronnait dans sa première partie alors que j'aurais dû y sentir la légèreté qui précède le drame attendu.

3/6

[sergent latrique]

Lettre d'une inconnue Ophuls (1948)
Film que je n'avais jamais vu précédemment. Ce que je retiens du film est en premier lieu un esthétisme très élaboré dans la mise en scène, dans la photographie qui est superbe, dans la reconstitution de Vienne, des scènes de rues ou d'intérieur, personnages divers et accessoires. Tout cela est extrêmement minutieuse et recréé une très belle ambiance.
L'histoire au départ est très basique et est plutôt longue à se cristalliser, et je me demandais assez longtemps pourquoi cette lettre venait d'une "inconnue" alors que Stefan Brand, le pianiste, riche dandy célibataire qui la reçoit semble avoir plus que côtoyer Lisa lorsque les multiples flash-backs reconstituent l'histoire de Lisa.
La lettre, très longue et se déroulant sur tout le film, ne s'arrête pas à un épisode pour lancer l'action, la lettre est le coeur du film , retraçant à distance toute une vie, décrivant comment le sentiment amoureux d'une jeune fille s'est ancré dans celle qui qui n'a vécu auprès ou à distance de l'objet de son désir en devenant l'essence même de son existence, par passion et admiration pour lui, et ensuite par le biais de son fils, au delà de toute raison.

L'aspect romantique de la jeune fille énamourée va, au fil du temps et de la lettre, se transformer petit à petit, et ce qui ne semblait qu'une simple romance de jeune fille se change en drame sournois..

L'ironie de l'histoire est que Stefan malgré plusieurs rencontres et jusqu'à la plus intime passera totalement à côté, aveuglé qu'il est par sa recherche de plaisir sans partage. Les femmes ne sont que des jouets de jouissance pour lui.

Brand réalise au fur et à mesure de la lecture, sa frivolité et son existence vaine, ce que le domestique semble avoir perçu depuis longtemps, perdu dans son mutisme (c'est mon impression) et sur la scène finale, va -t-il s'enfuir comme prévu ou aller à son duel, rattrapé par le temps qu'il a passé à lire la lettre ? Pas clair pour moi

Le rôle du fils victime du typhus est-il si mince dans le livre de Zweig ?
La scène du train jouée deux fois avec Stefan et Stefan (junior) pour deux semaines me paraissait un peu téléguidée, mais on comprend avec Lisa que le destin va la frapper uen nouvelle fois.
Joan Fontaine, est parfaite dans son rôle et incarne à merveille la jeune fille espiègle autant que la femme du monde.

Du classique, solide et bien réalisé. 4/6

[euh... si vous le dites]

Brand réalise au fur et à mesure de la lecture, sa frivolité et son existence vaine, ce que le domestique semble avoir perçu depuis longtemps, perdu dans son mutisme (c'est mon impression) et sur la scène finale, va -t-il s'enfuir comme prévu ou aller à son duel, rattrapé par le temps qu'il a passé à lire la lettre ? Pas clair pour moi

Ben, il me semble que "la réalisation de sa frivolité et de son existence vaine" le pousse à renoncer à s'enfuir.
Il ne part pas par l'arrière comme il l'avait prévu au début du film mais se décide pour la première fois à affronter la conséquence de ses actes et part avec les hommes qui sont venus le chercher pour le conduire au lieu du duel.

[lobo]

Je trouve ce mélodrame quasiment parfait en son genre. A un détail près : la trop explicite rédemption de Stefan à la fin de la lecture. J'aurais préféré plus d'ambiguité.
Sinon, des séquences que j'ai adorées :
- le parallèle entre les séquences où Stefan ramène des femmes chez lui vue par Lisa en haut de l'escalier et celle où Lisa cette fois est avec lui...
- Le plan de descente des escaliers d'un opéra dont les couloirs sont totalement vide. Terrible.
- La séquence à Linz, très comique mais terrible aussi. On pense à Madame Bovary et sa vie en province.
- La séquence des toiles peintes (il me semble qu'Ophuls l'a utilisée dans un autre film, la ronde peut-être), là encore il y a un moment où la caméra insiste sur la porte close qui m'évoque Flaubert avec la promenade en fiacre... Comme je n'avais que la VO, il y a des choses qui m'ont échappées, surtout lors de cette séquence. Terrible aussi ce simulacre de voyage de noce...

Bref pour moi c'est du 5,5/6 et un grand merci au ciné-club de bdgest de m'avoir donné l'occasion de voir ce film...

Maintenant je regarde vos critiques.

[lobo]

Au sergent, je répondrais comme euh... Alors qu'il avait prévu de s'enfuir au début du film (il dit "l'honneur est un luxe de gentleman", si j'ai bien compris), il va affronter le duel à la fin, après sa rédemption.
Ah oui, j'ai oublié de citer le rôle du domestique. Excellent.
Je ne comprends pas trop les critiques de euh... C'est vrai que la musique (extra-diégétique ) est un peu trop présente et souligne un peu lourdement les situations. Mais c'est un des codes du mélodrame. Quant à l'âge de l'actrice, c'est vraiment un détail.

[euh... si vous le dites]

Je ne comprends pas trop les critiques de euh... C'est vrai que la musique (extra-diégétique ) est un peu trop présente et souligne un peu lourdement les situations. Mais c'est un des codes du mélodrame. Quant à l'âge de l'actrice, c'est vraiment un détail.

Je me faisais une joie de revoir ce film que je me souvenais avoir beaucoup aimé et j'ai été surpris de ne pas être emballé plus que ça. J'étais peut-être pas dans un bon jour.
Je suis resté extérieur et au fur et à mesure du déroulement du film je n'ai plus vu que ce qui parasitait mon plaisir.
Bon voilà, tant pis pour moi.

[Olaf Le Bou]

Lettre d'une inconnue VO avec sous-titres français :

[Révéler] Spoiler:

https://transfernow.net/9878k0jd8v0i

le lien est expiré, est-il possible de le réactiver siouplait ??

[euh... si vous le dites]

Nouveau lien :

[Révéler] Spoiler:

https://www.transfernow.net/a516u4beigey

[Olaf Le Bou]

merci, j'y cours

[jolan]

Complot, tu pourrais renommer le topic stp, Cannes est fini.

Bon, je me lance le film, à tout'

[Le Complot]

merci, j'y cours

+1 je vais m'y coller cette fois-ci.

[jolan]

Letter from an Unknown Woman – Marcel OPHÜLS – 1948

Ca fait vraiment plaisir de découvrir ce film, qui me faisait de l'oeil depuis des années. Et c'est donc ce ciné-club qui me permet encore une fois de m'y plonger. Eh bien je ne regrette pas : j'adore ces vieux films romantiques, surtout lorsqu'ils sont comme ici d'une telle qualité formelle.
Nous sommes donc dans l'adaptation d'une nouvelle de Stefan Zweig, que je n'ai jamais lue, mais je me disais pendant le visionnage que c'était vraiment un texte qui se prêtait idéalement à une adaptation cinéma, par sa structure narrative et son objet. Et, en premier lieu, la réalisation, qui offre vraiment un bel écrin à cette histoire. Au début, comme les précédentes fois avec les paysages italiens et les scènes de voiture, je pensais à « Quand passent les cigognes » avec le plan dans les escaliers et les plans sur les mains qui font très mal semblant de jouer du piano. Mais j'étais avant tout subjugué par la qualité de la photo, de la lumière, des cadres. Vraiment un régal de film à regarder, comme les grands films de cette période (voir mon avatar). Quelle élégance dans la réalisation, les mouvements de caméra, un classicisme d'une maîtrise totale. Mais, pour continuer sur la comparaison avec le film russe, l'histoire est réduite à peu de choses, et c'est là que je pointerais le principal reproche.
J'aime beaucoup ce genre de drame romantique très XIXe siècle, dans les ruelles nocturnes de Vienne, cette passion d'une adolescente pour son voisin bourgeois dandy et pianiste virtuose. Joan Fontaine est magnifique dans ce rôle de jeune femme qui admire son voisin, de son appartement, qui se construit grâce à ce repère de père/amant rêvé, imaginant un avenir avec lui. Toujours ce fameux jeu de sourcils, je ne lui aurais pas donné l'Oscar pour le Hitchcock, même si elle y est très bien, mais là oui.
Mais autant j'aime beaucoup certains thèmes développés (assez proche d'un de mes romans préférés « Gertrud » de Hesse), et leur aboutissement attendu (j'aime bien le fait qu'il réalise qu'il est passé à côté de l'amour et finisse par se rendre à son duel, au lieu de fuir et se leurrer, comme il a fait toute sa vie), autant j'ai trouvé ça un peu léger. Je pense qu'il aurait fallu corser certains aspects du récit, mais évidemment ça aurait transformé le texte. Je ne comprends pas pourquoi le film est si court et fait autant d'ellipses qui auraient pu mériter plus de scènes. Je ne comprends pas pourquoi elle ne l'attend pas quand il part deux semaines à la Sala de Milan, pourquoi il ne la recherche pas (ou on ne le voit pas), pourquoi il ne la reconnaît pas à l'Opéra, pourquoi elle s'imagine qu'il l'a reconnue, elle qui le connaît si bien, pourquoi il ne fait pas le lien lorsqu'il lit la lettre (et nous du coup on est un peu manipulés au début). Bref, pourquoi elle leur interdit de vivre leur amour, pour leur bonheur. Je ne suis pas idiot, je sais qu'elle se protège de ce qu'elle sait être un amour impossible avec cet homme volage (on ne voit pas trop son aspect volage cela dit, c'est sous-entendu, c'est évoqué, on veut bien le croire, mais peu de scènes pour le montrer vraiment, alors que c'était facilement faisable), mais il semble curieusement vraiment épris d'elle. Elle préfère disparaître avant qu'il ne la dédaigne comme toutes les autres. Il y a aussi le sentiment final qu'il peut très bien arranger les choses mais qu'il n'y pense même pas. Bon, c'est l'intérêt de la chose, mais sans aller vers le happy end et l'histoire sans ombrages je pense qu'il était possible de dire plus. J'ai un peu de mal avec ces impossibilités forcées.
Donc sur le plan du script je trouve quelques défauts. Mais un beau film néanmoins
3,5/6

[jolan]

Bon, après les dernières participations, comment on s'organise pour la session suivante ?

[euh... si vous le dites]

Bon, après les dernières participations, comment on s'organise pour la session suivante ?

On repart pour un tour.
* Si on respecte le même ordre que lors du premier tour, c'est à moi de proposer.
* Si on ne suit pas l'ordre, on peut suivre les propositions de quelqu'un d'autre.

Pour moi, c'est comme vous voulez.