de Olaf Le Bou » 03/06/2019 09:47
vu La ballade la semaine dernière, mais j'étions absent tout le week-end, pas eu le temps de faire un retour.
alors, déjà, toujours se méfier des souvenirs qu'on peut avoir d'un film vu plus de 35 ans auparavant. j'avais en tête un film paisible et contemplatif, et pensais que la mère accomplissait seule son pèlerinage final vers Narayama. Les seuls éléments véridiques qui me restaient c'est la communion avec la nature et l'attention portée aux gestes quotidiens.
bref, quasiment une découverte pour moi aussi que ce film. J'ai beaucoup aimé le rythme, lent mais inexorable, à l'image des saisons qui passent, avec de brusques bouffées de sentiments exacerbés, violences, amours, et toujours cette omniprésence de la survie de la communauté comme objectif ultime, à l'échelle de chaque famille d'abord, par l'élimination des nouveaux nés, des anciens, l'ostracisation sexuelle des cadets, et à l'échelle du village ensuite, culminant dans cette scène terrible de l'oblitération de la famille de voleurs. il y a plusieurs plans incluant à la fois des humains et des animaux qui ont du être cotons à filmer, et je ne parle pas de la pauvre chienne qui se fait prendre par le puant (un travelling arrière avec un serpent glissant dans les hauteurs de la maison par exemple).
Beaucoup aimé aussi le côté naturaliste du film, le caractère documentaire sur la vie paysanne traditionnelle, avec tous les gestes quotidiens, la femme qui actionne la meule à grains, le travail des rizières, le mouvement délicat de houe pour recouvrir les semis… Et puis bien apprécié l'âpreté qui se dégage de cette histoire, le mélange de tragédie classique, le caractère universel des drames humains qui se jouent là, et le renvoi constant à notre animalité. La condition humaine dans toute sa complexité.
deux points plus faibles pour moi, le jeu outrancier des cadets, comme si la frustration sexuelle rendait bredin tous les jeunes hommes du village, ils sont tous à la limite de la débilité ; et pas trop aimé non plus les scènes plus ésotériques avec l'esprit des morts qui agitent les frondaisons sur fond de ralentis, ça fait très daté et ça me sort du film chaque fois.
mais globalement satisfait de mon visionnage, 4.5/6
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux
En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.