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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede jolan » 16/05/2019 23:05

Message précédent :
Reste plus qu'à attendre Olaf, pour sa critique du Kalatozov, et son choix de film ;)
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede Olaf Le Bou » 17/05/2019 00:26

ayé, je viens de finir les Cigognes :bravo:

puis j'ai lu vos commentaires, comme d'hab je ne veux ni me spolier l'histoire ni avoir un avis préconçu donc j'évite le sujet.

je rejoins l'avis général, c'est formellement très beau, avec des cadrages recherchés, une lumière travaillée, et c'est encore plus réussi au niveau des mouvements de caméras. les travellings aériens, les mouvements de grues dans les escaliers (avec le parallèle saisissant de la première montée quand Veronika rentre chez elle et de la seconde dans l'immeuble en ruine), un parallèle que l'on retrouve dans les deux scènes, très fortes également, où l'héroïne se débat pour fendre la foule en cherchant désespérément son Boris. et, dernier parallèle, la scène tourbillonnante où le pauvre Boris meurt en rêvant à sa belle, et la scène quasi psychédélique du quasi suicide de la dulcinée. scène qui est le sommet du film pour moi, même si le concert sauvage de Marc sur fond de bombardement vaut aussi son pesant de cacahouètes noisettes. mais tout admirable que soit ce passage, le viol qui s'ensuit ternit un tantinet la séquence.

bref, c'est admirablement filmé, et la direction d'acteurs est très bien aussi, la délicieuse Tatiana en tête (quel beau rôle, elle a un charme fou et joue magnifiquement bien), mais le reste du casting est bon aussi (le père est excellent, un chouette personnage).

le côté propagandesque du film ne m'a pas marqué outre mesure, la guerre est plus montrée avec fatalisme, comme un truc pas très folichon mais qu'il faut bien faire parce qu'on n'a pas le choix. pas de gloriole patriotarde, pas de posture héroique, d'ailleurs pas un instant on ne voit l'ennemi dans cette affaire, on patauge difficilement dans les marais sans trop savoir ce qu'on fait là et on meurt connement d'une balle venue d'on ne sait où, on a connu plus appuyé comme exaltation de la patrie et autres sacrifices de héros. et le petit discours de la fin c'est plus sur un mode : n'oublions pas nos morts mais la vie continue.

bref, le seul truc qui m'enthousiasme pas trop là dedans c'est la fin de l'histoire. on ne sait pas ce qu'il advient de Marc après la découverte de son imposture pour être exempté, est-ce que Veronika s'est résignée à ce mariage forcé, mystère, qu'est devenu le petit Boris trouvé à la gare, c'est un peu précipité tout ça. ah, si, un autre truc bien géré, les péripéties du petit message dans le panier de l'écureuil, c'est joliment fait.

bon, on va dire 4,5/6, à cause de léger manque de rigueur dans le script.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede jolan » 17/05/2019 04:46

Du coup on a besoin de toi pour départager les deux films pour la séance 8 (à moins que tu ne votes pour un autre film, ce qui ne servirait à rien :lol: )

Séance 1 : The Tarnished Angels (Sirk 1957) = 4.13
Séance 2 : Le Crime de monsieur Lange (Renoir 1936) = 3.6
Séance 3 : Il Sorpasso (Risi 1962) = 4.7
Séance 4 : Rendez-vous de Juillet (Becker 1949) = 2.33
Séance 5 : Vaghe Stelle dell Orsa... Sandra (Visconti 1965) = 3.81
Séance 6 : Kiss me Deadly (Aldrich 1955) = 3.8
Séance 7 : Quand passent les cigognes (Kalatozov 1957) = 4.1
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 19/05/2019 10:50

Bon, ce serait bien de choisir entre le Petri et le Imamura.
Olaf, tu votes pour lequel ?
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede Olaf Le Bou » 19/05/2019 11:36

le Petri ne me dit rien (même si le citoyen au dessus de tout soupçon est un film qui m'avait marqué), je suis partant pour revoir le Imamura (vu à la sortie en salle, ça date)
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede kantessekonmange » 19/05/2019 12:54

la seule palme d'or qui tienne c'est

"La vie d'Adèle"!

une claque visuelle, un scénario hors norme, des actrices exceptionnelles....

LE monument du cinéma !
IN GUILLAUME BOUZARD WE TRUST !

...un petit cocktail de mon cru...du rhum avec des glaçons...c'est sympa...ça se boit sans faim... G.Bouzard
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 19/05/2019 13:24

Le lien vers La ballade de Narayama :



Vo avec sous-titres français.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede lobo » 20/05/2019 10:56

Merci euh... Commencé à visionner... M'emballe pas. A suivre.
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 20/05/2019 11:02

lobo a écrit:Merci euh... Commencé à visionner... M'emballe pas. A suivre.


Tu n'as pas eu de problèmes avec les sous-titres ?
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede lobo » 20/05/2019 11:11

Non... Cette fois j'ai les sous-titres... Merci encore.
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 20/05/2019 11:11

lobo a écrit:Non... Cette fois j'ai les sous-titres... Merci encore.


Super.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede sergent latrique » 26/05/2019 12:41

Ayé, vu hier ! Multi spoilers dans le message.

La ballade de Narayama

(ballade les chants qu'ils font ? est ce que quelqu'un sait ka traduction exacte du titre original ?)

Autant le dire tout de suite, je n'étais pas emballé par ce film en voyant les quelques extraits et la bande annonce. Je me voyais mal subir des scènes de grognements incompréhensibles par des paysans frustres autour d'une marmite ou dans les champs, enfin ça c'était avant ;)
J'ai donc regardé d'un oeil détaché, en me disant que je verrais bien pourquoi ce film était quand même palme d'or et j'imaginais une sorte d'hommage contemplatif à la nature.
Et bien je ne regrette pas ce choix de film et je remercie le ciné club de ma l'avoir fait découvrir. C'est clair que que par rapport au dernier film, c'est un grand écart et c'est tant mieux, cela ouvre d'autres horizons.
Je dirais en premier lieu que c'est un film exigeant, long (quand ça dépasse deux heures, pour moi c'est long, même si ça devient la norme aujourd'hui) Au début du film qui nous fait découvrir l'hiver dans un village isolé du Japon, j'ai eu du mal à imaginer l'époque de l'histoire (XIX°) car il n'existe aucun repère évident jusqu'à l'utilisation d'un fusil 'moderne' à la chasse.

Le moins que l'on puisse dire est que la vie de ce village reculé (ces villages, il y a ceux d'en face), pauvre est rude, très rude. La vie s'organise en clair autour du travail de la terre pour se nourrir, de la copulation pour se reproduire (ça ne manque pas) et des traditions à respecter au long de cycles immuables.
A ce propos, pourquoi tous ces interludes animaliers qui ponctuent le film me suis-je demandé ? le documentaire animalier foisonne tout au long du film par l'incrustation d'images d'animaux divers, poissons, écureuil, chouettes, serpents, souris, hirondelles, aigles ....sinon pour souligner la similitude des destins de ces humains mêlés étroitement aux destins des animaux et de la nature. Ces paysans sont partie prenante de la nature, aussi rudes, aussi sauvages que les rats auxquels il se disputent parfois les patates et vont parfois jusqu'au mélange des genres avec eux (le puant qui se tape la chienne :ouch: )
Le fait que le film se déroule sur une année, où l'on peut observer la transformation de la nature n'est pas anodin, il représente ce cercle infini de la nature.
Pour en revenir à la rudesse de la nature et de la vie des paysans, certaines scènes en sont à la limite du soutenables ou dérangeante, l'automutilation d'Orin qui se fracasse les dents tranquillou sur le rebord d'un bassin, la découverte du cadavre de bébé dans la rizière qui est vécu comme un drame parce que c'est dans son champ et pas celui qui l'a balancé est très symptomatique et perturbe notre morale et nos sens. Le summum de l'horreur est atteint lors de l'extermination de la famille de Matsu, voleurs démasqués, par toute une partie du village qui se venge en les enterrant vivants. C'est d'une cruauté rarement atteinte malgré des images sombres et presque confuses à la lueur des flambeaux qui montrent le patient terrassement des vengeurs comme des fourmis ou des mantes religieuses (autres animaux présents en interludes)
Des images superbes donc, très cruelles et sans filtre, sauvages et belles où tout sentiment humain est remplacé par les traditions et celle de la fin de vie.
Entre parenthèse, le travail de prise de vue en extérieure, de lumière que cela implique et de montage, vu le nombre de plans et d’angles utilisés dans des conditions qui ne doivent pas être simples, doit être assez monstrueux.

Les traditions cruelles, incompréhensibles, inimaginables auxquelles chacun se soumet ne sont-elles pas le seul moyen de se distinguer et de s'élever et de trouver un sens à la vie humaine ?
Orin, la vieille va atteindre ses 70 ans et sur un cycle annuel, d'un hiver à l'autre va préparer son départ et régler tout autour d’elle la vie de ses fils, Tatsuhei, Risuke afin de partir en paix (elle atteindra la sérénité à ce moment) même s’il faut pour cela se montrer d’une férocité sans nom (elle va envoyer Matsu, la femme de son autre fils chez elle sachant que la horde est parti assassiner toute la maisonnée où il pleut)
Le respect de la tradition va jusqu’à la parole d’Oei à son père mourant pour combattre la malédiction à se faire tous les cadets du village (sauf le puant ah ah!)
Je n’ai pas trop compris l’énigme de la mort du père tué par le fils mais qu’Orin dira tué par la montagne.
La fin du film est très lente, longue, voulue, quand Tatsuhei porte le poids de sa mère dans la montagne, vers le repos éternel, comme l’ascension vers la mort et la pureté (la neige finira par recouvrir l’enfer d’un cimetière à ciel ouvert et sans cercueil, recyclage écologique avant l'heure  ! )
Les corbeaux me rappelait les oiseaux d'Hitchcock. Orin est en paix à la fin du film (ce qui n'est pas le cas de tout un chacun, notamment, le père dans ses cordages qui roulent au fond d'un gouffre... [:bru:3] )
Le souffle dans les images au ralenti et les phénomènes observés par le villageois font vraiment de la montagne un personnage central du film, massif comme ces traditions.

Au final un film, symbolique sur le poids énorme des traditions et de la condition humaine parmi la nature au travers de la destinée des ces villageois.
Et dire qu’à la même époque on dansait la polka dans les salons parisiens ! :violon:

Ce qui m’a dérangé dans la réalisation du film : le maquillage de la mère, Orin; alors que les autres acteurs incarnent tous à merveilles leurs personnages (en matière de costume et de maquillage), j’ai constamment l’impression de voir une jeune actrice déguisée pour un bal masqué. Elle ne fait pas "vraie" vieille.

Ma note finale 5/6.
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede Le Complot » 26/05/2019 13:13

Ce film revêt une importance capitale pour moi, mais aurai-je le temps..
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 26/05/2019 15:16

sergent latrique a écrit:La ballade de Narayama

(ballade les chants qu'ils font ? est ce que quelqu'un sait ka traduction exacte du titre original ?)


Le titre original est Narayama bushikô.
Bushikô utilise deux kanjis que l'on peut traduire par rythme et idée.
Une traduction du titre du livre de Shichirô Fukazawa proposait Etude sur les chansons de Narayama.
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 26/05/2019 15:43

sergent latrique a écrit:et vont parfois jusqu'au mélange des genres avec eux (le puant qui se tape la chienne :ouch: )


Les fils cadets vivent séparés et sont condamnés à une misère sexuelle pratiquement totale.
Les relations sexuelles leur sont interdites parce qu'elles amèneraient à la conception d'enfants et remettraient en cause la subsistance même du village.
C'est d'ailleurs pour cela que le "sacrifice" d'Oei est vécu avec une telle impatience par les cadets et notamment par le puant.

Ce qui frappe et qui peut choquer dans ce film, c'est le refus de tout jugement moral d'Imamura par rapport à tout ce qu'il montre, même dans les scènes les plus dures.

Je n’ai pas trop compris l’énigme de la mort du père tué par le fils mais qu’Orin dira tué par la montagne.


Le père se montrait faible dans sa volonté de se séparer de son propre père et de le porter sur la montagne.
C'est un comportement inacceptable dans le village.
D'ailleurs, quand à plusieurs reprises dans le film, le fils se voit comparé à son père (genre, tu deviens comme ton père), il s'oppose violemment à ces accusations. Et il ne faillira pas à la tradition, quoiqu'il puisse lui en coûter, lorsqu'il s'agira de porter sa mère jusqu'à la montagne.

A ce propos, pourquoi tous ces interludes animaliers qui ponctuent le film me suis-je demandé ? le documentaire animalier foisonne tout au long du film par l'incrustation d'images d'animaux divers, poissons, écureuil, chouettes, serpents, souris, hirondelles, aigles ....sinon pour souligner la similitude des destins de ces humains mêlés étroitement aux destins des animaux et de la nature. Ces paysans sont partie prenante de la nature, aussi rudes, aussi sauvages que les rats auxquels il se disputent parfois les patates


Tout à fait, mais l'accolade finale et poignante entre la mère et son fils sur la montagne montre qu'au final, l'être humain se distingue quand même des animaux, qu'il reste quelque chose au-delà des impératifs de la survie qui conditionnent toute l'organisation de la vie du village.
Même si Imamura prend bien soin de directement tempérer tout sentimentalisme en montrant en contrepoint une séparation qui se déroule de manière moins sereine (cette scène du père emprisonné dans des cordages, qui ne veut pas être abandonné et qui finit par dévaler toute la pente de la montagne est d'une cruauté inouïe).
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede jolan » 27/05/2019 21:46

La Ballade de Narayama – Shohei IMAMURA – 1983
Un film singulier. J'aime beaucoup cette poésie naturaliste lente et silencieuse qui se dégage de certains films japonais. Mais ici il n'en sera question que sur le générique de début et la dernière partie, enneigés. Je pensais d'ailleurs, comme le titre le suggère, que le film serait davantage axé sur cette dernière partie, le voyage vers Narayama, lorsque Tatsuhei conduit sa mère dans la montagne. Mais le film prépare à ce dénouement en montrant surtout, dans une sorte de traitement documentariste, la vie des montagnards avec leurs rites et traditions ancestrales, leurs malheurs et la dureté de leur vie, par rapport à la nourriture, la difficulté à nourrir les familles. On y voit la hiérarchie au sein des familles, au sein du village, les usages concernant les enfants (tués ou vendus s'ils sont des filles), les femmes (des machines à faire l'amour, à enfanter et à s'occuper de la maison, de la cuisine), les aînés (héritiers), les cadets (inutiles), les vieillards (le coeur du film donc, emmenés dans la montagne à 69 ans). Tout cela au rythme de la nature et des saisons, immuable, comme les traditions, les cycles de la vie, les naissances, les morts, le travail des cultures, ponctué de plans sur les animaux et la montagne. Beaucoup de crudité sexuelle aussi, qui permet un semblant d'histoires, et de montrer l'autre misère des hommes.
Bon, sur le plan de la réalisation, je dois avouer que je suis surpris, ça a très bien vieilli, c'est très élégant, une réalisation très souple, et il n'y a pas de défauts majeurs ou d'artifices datés (même les ralentis confèrent une certaine poésie/étrangeté). Il n'y a que les plans d'hélicos de l'introduction qui sont un peu tremblotants, je me demande bien pourquoi.
Une découverte donc que ce film étrange, mais je suis certain que d'autres films japonais encore plus poétiques me plairaient encore bien davantage, je n'en ai pas vu beaucoup, mais j'en ai déjà vu de plus réussis, plus à mon goût en tout cas.
Mais avant tout déçu, parce que ce film m'attendait depuis des années et j'en attendais vraiment plus. Plus de poésie. Comme quoi, on se fait des idées sur pas grand chose, sur un titre, une nationalité, une récompense cannoise, on imagine mille merveilles, comme pour une femme croisée par hasard, un prénom, une silhouette, et quand on est déçu, on est bien déçu...

2.5/6
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede jolan » 27/05/2019 22:23

C'est vrai qu'on voit le maquillage de l'actrice dans les scènes extérieures et surtout finales, mais ça ne m'a pas trop gêné, parce qu'elle joue vraiment très bien.
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 27/05/2019 22:58

jolan a écrit:Une découverte donc que ce film étrange, mais je suis certain que d'autres films japonais encore plus poétiques me plairaient encore bien davantage, je n'en ai pas vu beaucoup, mais j'en ai déjà vu de plus réussis, plus à mon goût en tout cas.
Mais avant tout déçu, parce que ce film m'attendait depuis des années et j'en attendais vraiment plus. Plus de poésie. Comme quoi, on se fait des idées sur pas grand chose, sur un titre, une nationalité, une récompense cannoise, on imagine mille merveilles, comme pour une femme croisée par hasard, un prénom, une silhouette, et quand on est déçu, on est bien déçu...



Imamura, c'est souvent du cinéma crû, âpre et filmé avec une distanciation qui coupe tout effet poétique. C'est un cinéaste matérialiste. Un cinéaste du corps et de ses fluides.
Mais ce n'est pas toujours dramatique comme dans La ballade de Narayama, il y a aussi toute une veine joyeuse, exubérante et totalement irrévérencieuse dans l'œuvre de Imamura, que je préfère peut-être encore, comme dans Eijanaika par exemple.
Pour une vision poétique (mais pour le coup complètement anti-naturaliste) de La ballade de Narayama, il vaut mieux se tourner vers la version de Keisuke Kinoshita à la fin des années 50.
Kinoshita, outré par le film d'Imamura, n'hésitait d'ailleurs pas à le qualifier de pornographique, c'est dire l'ampleur de la différence d'approche face au même matériau de base.

Bon sinon, pas vraiment de chronique construite pour moi, mes commentaires suite au texte du Sergent et au tien en tiendront lieu.
Ma note : 5/6
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede lobo » 27/05/2019 23:10

Bon, je me suis beaucoup ennuyé devant ce film que j'ai vu en plusieurs morceaux tant ça m'a paru ch***. Pourtant des images me resteront, celle de la grand-mère qui se casse les dents, celle de l'idiot qui sodomise le chien (que j'ai trouvée gratuitement provocatrice), et les images des animaux, serpents, insectes... On a une société rurale archaïque (on a peine à croire que c'est le XIXème siècle) qui semble dénuée de tout cadre symbolique religieux ou mythico-rituel. Pas de danses, pas de jeux, pas de chants (où est la ballade ?), pas de culte des morts... Je suis allé au Japon, je n'ai vu que ça ou presque, des rites, des danses, des fêtes, des prières, des méditations, des cultes des morts, tout ça au milieu de l'hyper-technicité urbaine... Là, rien, sauf quelques lambeaux de symbolique comme cette tradition d'emporter les vieux dans la montagne où ils prient ou méditent en attendant la mort... Carence du symbolique donc, du coup les humains, qu'ils baisent, qu'ils volent, qu'ils tuent, se comportent j'allais dire comme des bêtes, mais non, précisément... Car dans les séquences animales tout est perfection... Je pense à la séquence avec les deux vipères qui, malgré la répugnance que nous avons tous plus ou moins à voir des serpents, produit un effet puissant. Il y a aussi une séquence avec des sortes de larves, si je me rappelle bien.
Le contraste entre la noirceur de ce monde humain et la perfection du monde animal est tout ce qui me restera de ce film.
Ma note : 1/6 parce qu'on n'a pas le droit d'emmerder les spectateurs, enfin, le spectateur que je suis, comme ça.
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede euh... si vous le dites » 27/05/2019 23:33

lobo a écrit:Bon, je me suis beaucoup ennuyé devant ce film que j'ai vu en plusieurs morceaux tant ça m'a paru ch***. Pourtant des images me resteront, celle de la grand-mère qui se casse les dents, celle de l'idiot qui sodomise le chien (que j'ai trouvée gratuitement provocatrice), et les images des animaux, serpents, insectes... On a une société rurale archaïque (on a peine à croire que c'est le XIXème siècle) qui semble dénuée de tout cadre symbolique religieux ou mythico-rituel. Pas de danses, pas de jeux, pas de chants (où est la ballade ?), pas de culte des morts...


Dans La ballade de Narayama, en contrepoint à la vision matérialiste qui a irrigué tout le film, le spirituel ne fait irruption que dans la dernière partie du film, quand le trajet vers la montagne et l'arrivée au cimetière à son sommet permet au corps de se libérer de ses contraintes et de laisser la place à l'esprit qui l'anime.
Cette montée vers la montagne est le rite qui structure toute la vie du village et qui permet d'extraire ses habitants des seules conditions de la survie au quotidien, une survie cadrée à l'extrême et qui ne laisse place à rien d'autre.

Je suis allé au Japon, je n'ai vu que ça ou presque, des rites, des danses, des fêtes, des prières, des méditations, des cultes des morts, tout ça au milieu de l'hyper-technicité urbaine...


Pour ma part, j'ai toujours trouvé tous ces éléments structurants de la culture japonaise avant tout très liés à la contrainte sociale et à la prépondérance du collectif par rapport à l'individu.
Je ne trouve donc pas que La ballade de Narayama, qui porte précisément la contrainte sociale et la primauté du collectif à un degré extrême, se trouve en porte-à-faux par rapport à tout cela.
Je trouve en fait les japonais en règle générale peu imprégnés de sentiment religieux.
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede lobo » 27/05/2019 23:44

euh... si vous le dites a écrit: Dans La ballade de Narayama, en contrepoint à la vision matérialiste qui a irrigué tout le film, le spirituel ne fait irruption que dans la dernière partie du film, quand le trajet vers la montagne et l'arrivée au cimetière à son sommet permet au corps de se libérer de ses contraintes et de laisser la place à l'esprit qui l'anime.
Cette montée vers la montagne est le rite qui structure toute la vie du village et qui permet d'extraire ses habitants des seules conditions de la survie au quotidien, une survie cadrée à l'extrême et qui ne laisse place à rien d'autre.

Euh... à vrai dire j'ai un peu zappé la fin... Sinon, une foule de sociétés vivent comme celle-là, toujours à la limite de la survie, les gens ne s'y comportent pas comme des bêtes. Son parti matérialiste, comme tu dis, ne l'a-t-il pas conduit à en rajouter dans la crudité des comportements, jusqu'à la provocation ?
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