de sergent latrique » 02/02/2022 15:11
Paper moon - P.Bogdanovich (1973)
Une chose me dérange souvent dans le cinéma américain, c'est la standardisation de la mise en scène et des sujets "made in Hollywood" en contrepartie d'un savoir-faire d'une industrie hyper professionnalisée que l'on retrouve chez beaucoup de réalisateurs, ce côté formaté.
Aussi, découvrir Bogdanovich est un réel plaisir car il sort des rails standardisés de l'industrie du cinéma, et a plus un aspect cinéma d'auteur de par sa narration, ses idées, sa liberté, en fait quelque chose qu'on retrouve plus dans le cinéma européen ou dans des réalisateurs plus récents comme Tarentino ou les frères Coen qui ont une vraie signature et liberté de ton.
L'intrigue: au milieu des années 30 (en 36 au vu quelques références) au Kansas, une espèce d'aventurier, escroc à la petite semaine, qui vit de combines de vente de Bible ou d'embrouilles auprès des caissiers, se rend à l'enterrement d'une de ses ex-maitresses.
Par un concours de circonstances, il va devoir s'occuper d'une petite orpheline, chargé par des locaux de l'emmener chez sa tante, seule parente connue de la fillette, à St Joseph Missouri, car il a imprudemment dit qu'il se rendait dans cet état.
Avant de se débarrasser d'une gamine encombrante en l'expédiant par le train, du moins le pense-t-il, une autre combine de chantage lui permet d'escroquer encore 200 $ à la famille du chauffard qui a tué la mère de la fillette.
On peut considérer que la partie "road movie" débute alors vraiment lorsque la gamine, plus futée et coriace qu'il n'y parait, exige la somme escroquée sur son histoire.
Moses, l'escroc interprété par Ryan O'Neal va alors faire équipe avec Addie (Tatum O'Neal sa fille à la ville) et vivre de petits expédients pour accumuler une somme rondelette car la jeune Addie se révèle rapidement très astucieuse pour rentabiliser les petits combines de son mentor.
Sur leur route, diverses rencontres heureuses ou plus délicates les amèneront à s'apprécier au fil du temps (une danseuse légère, des trafiquants d'alcool et flics véreux violents, des péquenots et toutes sortes de veuves
prêtes à payer des Bibles "commandées" par leurs maris fraîchement décédés.
C'est donc l'histoire de cette rencontre sympathique de deux personnages en errance qui vont s'épauler pour former un duo "gagnant"
Le film en NB et restitue très fidèlement, le midwest et les petites villes de l'époque où vivaient encore la majorité de la population américaine.
La réussite du film tient aussi à ce couple que rien ne rapproche, du moins au départ ("Eat your Coney Island", "I want my 200 dollars!") qui fonctionne à merveille et qui me rappelait un peu d'autres couples adulte-enfant comme le Kid de Chaplin par exemple, et cette liberté de ton dans une Amérique encore un peu sauvage dans ces années 30, avec tout ce qui fait son charme, émission de radio dont la petite est fan, routes infinies, personnages hauts en couleurs et en toile de fond la grande dépression et la pauvreté qui gangrène une grande partie de la population.
Une belle découverte comme je l'ai écrit plus haut.
Ma note 4,5/6
Halte au massacre Organisasi Papua Merdeka