The revolt of Mamie Stover - Raoul Walsh (1956)
Le très beau premier plan du film nous montre Mamie Stover chassée de San Francisco. Sur le quai du port où elle va embarquer pour Hawaii, elle se retourne pour un regard caméra plein de hargne qui nous défie de la juger. Un contrechamp nous montre ensuite que c'est la ville, et au-delà l'Amérique, qu'elle tance avec morgue.
Sur le bateau, elle fait la rencontre d'un écrivain fortuné.
Mamie Stover a connu la misère dans un bled du Mississippi. Elle rêve d'émancipation. Elle veut sa revanche sur la vie et la seule option que lui donne la société, c'est l'argent.
La vie de l'écrivain, par contre, est faire de country-clubs et de serviteurs. Il est incapable de comprendre la honte des "humiliés et des offensés", lui pour qui l'argent n'a jamais été une préoccupation.
Faire le coup de poing pour défendre la donzelle en détresse, ça, il en est capable. Il y est dans son rôle. Mais comprendre les raisons profondes qui poussent Mamie à être ce qu'elle est, c'est au-delà de ce qui lui est possible.
La romance est dès lors condamnée.
La volonté d'émancipation de Mamie la condamne à la solitude dans un monde qui, comme le montre bien le Bungalow, fonctionne autour de la marchandisation des corps et des sentiments.
De retour à San Francisco, elle y sera attendue par la police. Il n'y aura ni oubli ni possibilité de rédemption.
La révolte de Mamie Stover est une impasse.
Raoul Walsh porte sur son personnage un regard dénué de tout jugement. Il la montre pleine d'allant, débordante de vie, entreprenante, dans de nombreuses scènes à la tonalité plus légère. Cela participe grandement à la beauté d'un film qui pose pourtant un constat très sombre.
J'ai beaucoup aimé.
Ma note : 4.5/6
Ca dure 1h32, Aleksi, go go go.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"