Invasion of the body snatchers - Don Siegel (1956)
J'ai pris une nouvelle fois beaucoup de plaisir à revoir ce film que je connais par coeur.
Je l'ai déjà écrit ailleurs mais j'aime beaucoup cette esthétique de série b.
Y a des trucs à l'arrache parce qu'on sent qu'il n'y a pas de moyens, il n'y a pas de vedettes et on se retrouve devant un film court qui n'a pas le temps de s'éparpiller et qui reste concentré sur son sujet.
A tous ces niveaux, Invasion of the body snatchers est un modèle du genre et c'est pour cela que je l'aime.
La progression du film est bien gérée, des premiers indices à la révélation de la nature de la menace et ensuite à l'accélération du récit quand il se transforme en tentatives de fuir la ville.
Il y a des incohérences, jolan les pointe avec à propos, mais ça n'entame pas pour moi l'efficacité du film.
J'en ai profité pour revoir également le remake de Philip Kaufman qui date de 1978. Les films sont très proches mais le Kaufman dure 35 minutes de plus sans que cette durée supplémentaire apporte une réelle plus-value au film.
La concision du film de Siegel n'en apparaît que plus remarquable.
Pour ce qui est du propos, il est évidemment ancré dans son époque. Les critiques se sont longuement penchés sur l'ambiguïté du message porté par le film. L'envahissement insidieux et la contamination progressive des consciences peuvent en effet aussi bien être associés au péril communiste qu'aux dérives du mccarthysme.
Ma note : 4,5/6
sergent latrique a écrit:Tout ça peut paraitre très risible et daté années 50 à l'époque où la science-fiction, genre déjà existant devient en vogue (voir les livres et jouets de l'époque). C'est le début de la conquête spatiale et des personnages extraterrestres.
Le charme du film, se situe dans ces images désuetes d'une petite ville prospère des années 50 en Californie, et des peurs de l'époque. Ce film est une sorte de marqueur du genre avec des moyens limités en trucage, et sans acteurs vedettes.
Je ne partage pas complètement ton opinion sur ce point.
Le film est bien évidemment ancré dans son époque mais le canevas sur lequel il repose me semble résonner bien au-delà.
J'en veux pour preuve les remakes qui ont été réalisés à différentes époques.
Kaufman en fait un film qui s'insère très bien dans la vague des films paranoïaques des 70's, Ferrara le transforme en teen-movie sur fond militaire dans les 90's et d'autres adaptations ont depuis lors également vu le jour.
jolan a écrit:mais je pense qu'il était possible de faire un peu moins invraisemblable et plus inquiétant encore (en respectant par exemple la trame voulue par Siegel, en enlevant l'introduction et le happy-end final).
Si on enlève ces séquences et que le film n'est plus conçu comme un flash-back, on se retrouve avec le film de Kaufman, en fait. Et en effet, il est plus inquiétant et son final est plus désespéré.
Pour autant, je ne comprends pas bien comme on peut voir un happy-end dans la fin du film de Siegel.
Personnellement, j'aime vraiment beaucoup la scène où Bennell et Becky tombent dans la boue à la sortie de la mine, se retrouvent au sol, s'embrassent et Bennell se rend compte que Becky a basculé. Je me rappelle avoir été pris d'un sentiment de tragique lorsque j'ai vu ce film pour la première fois.
Je ne comprends pas comment on peut concevoir que le film se termine sur un happy-end après cette scène.
Par ailleurs, la dernière scène ne permet pas vraiment de penser que l'invasion va nécessairement se solder par un échec. Loin de là. J'ai profité des vacances pour regarder le film avec les filles à la maison et le commentaire de la plus grande à la fin, ça a été : "alors, c'est la fin du monde ?". On peut rêver mieux comme happy-end.
jolan a écrit:Bon, malgré tout j'ai passé un bon moment devant ce petit divertissement...
En fait, c'est la manière dont tu utilises assez fréquemment le mot "petit" qui est casse-couilles dans tes critiques.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"