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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede Olaf Le Bou » 22/10/2020 07:35

Message précédent :
je l'ai vu, c'est magnifique :

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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede makidoo » 22/10/2020 16:45

@ Olaf : je ne vois pas ton image, même en essayant plusieurs navigateurs

L'Intendant Sansho - Mizoguchi (1954)

C'est pour ma part le second film que je vois de Mizogushi, après Contes de la lune vague après la pluie, sorti une année avant en 1953.
Et malheureusement, je n'ai pas été complètement transporté par ce film (je lui ai largement préféré les Contes).
C'est certes très bien filmé, cette évocation du Japon médiéval en noir et blanc est assez sublime, il y a une vraie beauté dans certains plans et dans le traitement de la lumière (toute la séquence du bivouac dans la nature est particulièrement belle, baignant dans une certaine étrangeté proche d'un conte / ou, comme l'a relevé Euh, la scène de la sœur qui va se sacrifier dans la rivière est très belle également / ou encore toute la séquence de l'évasion de Zushio).
Les personnages sont certes accablés par les évènements, mais c'est parfois trop (ha, miseyre, que le sort s'acharne, que la vie est dure...!), et j'ai trouvé le rythme trop lent et du coup le film un peu trop long, je m'y suis parfois ennuyé.
Et si on pouvait dire au gars qui essaie de jouer de la flûte qu'il arrête, par pitié...!
Ça demeure très beau, mais je trouve qu'il manque un petit quelque chose pour avoir réellement de l'empathie envers les personnages, j'ai l'impression d'assister à leurs malheurs en étant trop en retrait.
Un peu plus que la moyenne car c'est beau et bien filmé, mais une petite déception pour ma part :
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede euh... si vous le dites » 22/10/2020 17:48

makidoo a écrit:@ Olaf : je ne vois pas ton image, même en essayant plusieurs navigateurs

L'Intendant Sansho - Mizoguchi (1954)

C'est pour ma part le second film que je vois de Mizogushi, après Contes de la lune vague après la pluie, sorti une année avant en 1953.
Et malheureusement, je n'ai pas été complètement transporté par ce film (je lui ai largement préféré les Contes).
C'est certes très bien filmé, cette évocation du Japon médiéval en noir et blanc est assez sublime, il y a une vraie beauté dans certains plans et dans le traitement de la lumière (toute la séquence du bivouac dans la nature est particulièrement belle, baignant dans une certaine étrangeté proche d'un conte / ou, comme l'a relevé Euh, la scène de la sœur qui va se sacrifier dans la rivière est très belle également / ou encore toute la séquence de l'évasion de Zushio).
Les personnages sont certes accablés par les évènements, mais c'est parfois trop (ha, miseyre, que le sort s'acharne, que la vie est dure...!), et j'ai trouvé le rythme trop lent et du coup le film un peu trop long, je m'y suis parfois ennuyé.
Et si on pouvait dire au gars qui essaie de jouer de la flûte qu'il arrête, par pitié...!
Ça demeure très beau, mais je trouve qu'il manque un petit quelque chose pour avoir réellement de l'empathie envers les personnages, j'ai l'impression d'assister à leurs malheurs en étant trop en retrait.
Un peu plus que la moyenne car c'est beau et bien filmé, mais une petite déception pour ma part :
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Je pense en effet que c'est un film qui requiert une totale adhésion du spectateur pour être réellement apprécié.
Le danger est en effet de rester sur le quai et de ne pas se sentir réellement concerné par ce qui se passe.
Dans ce cas, je comprends que le film puisse paraître lourd et long.

Par contre, les musiciens jouent bien. C'est juste toi qui n'apprécie pas le style. ;)
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede jolan » 24/10/2020 01:19

L'Intendant Sansho – Kenji MIZOGUCHI – 1954
Bon alors au niveau de l'histoire, ce n'est guère passionnant. Une sorte de conte pour enfants, au pays des méchants marchands d'esclaves. Enfin, pour enfants... pour garçons issus de famille aisée disons, car comme pour le fils de l'Intendant Sansho, il n'y a de salut que pour le garçon de l'ex-gouverneur de Mutsu. Les enfants de personne, les pauvres, ça ne fait pas de bons personnages de contes. Ca peut crever bien comme il faut, tout le monde s'en fout, ça ne fait pas rêver.

(Ne pas se formaliser si je fais des critiques que je pourrais faire à des milliers d'autres films, sur de petits éléments sans importance. Je brode, j'ionise, bien souvent ce seront des propos qui ne concerneront même pas ce film précisément plus qu'un autre, mais il faut que ça sorte. Sachez que je ne cherche à dézinguer aucun film ni au préalable ni après coup. Je ne pense pas être sévère en donnant un avis qui n'est pas forcément très favorable. Bien souvent c'est plus la manifestation d'une certaine déception que de la volonté de lyncher.)

Sinon dans ce Japon médiéval il n'y a que des hommes rudes, frustres, belliqueux, violents, et des femmes faibles (tout homme faible serait d'ailleurs traité comme une femme), fragiles, sensibles, humaines, mais asservies, martyrisées, marquées au fer et abandonnées, assassinées. Pas de viol, mais bon, c'est comme dans les livres d'histoire, on en parle rarement, mais on sait qu'il y en a partout. Et ici, on le rappelle, c'est un conte pour enfants. Nous aurons donc un package avec l'invention des Droits de l'Homme, du Socialisme, et l'Abolition de l'esclavage avant l'heure, parce que dans ce Japon médiéval il y avait aussi des héros. Des héros de conte pour enfants. Ca fait plus propre.

Le film baigne dans ce mélange de cruauté et de naïveté enfantines, de situations convenues, sans surprise, et de manichéisme un peu fabuleux (comme dans les fables) : Justice/Injustice, Sentiments nobles/Sentiments ignobles, Moral/Immoral, Loi militaire stricte qui ordonne de tuer les rebelles/Révocation et exil du Gouverneur trop généreux qui veut aider les paysans en les traitant comme tout individu/Intendant cruel gérant un centre aéré d'esclaves, etc. Le fait que le garçon soit devenu un homme cruel comme les autres est à peine montré, le film s'ouvrant sur lui et son admiration pour son père et sa bonté, je crois qu'il aurait été vraiment très intéressant de montrer davantage ses revirements et son évolution. Là, c'est quasi secondaire. Dommage, c'est le coeur du propos du film.

De fait, le seul élément en fil rouge qui m'ait un peu plus plu par sa poésie réside dans le lien entretenu entre les enfants et la mère à travers la chanson, lorsqu'elle va chanter sa plainte sur la falaise, lorsque la fille se rappelle du dernier soir où ils s'étaient fabriqués un abri, on pense à rebours à cet appel inquiet de leur mère dans la nuit, et enfin la dernière scène émouvante des retrouvailles.

Mais, comme dans de précédents films, j'ai été extrêmement agacé par le jeu excessif et outrancier des « comédiens », cette façon théâtrale et « grossie/grossière » de faire passer des intentions, des gestuelles, leur façon hystérique de jouer à jouer, de crier, bref, beaucoup de mal avec l'interprétation façon asiatique (comme je l'écrivais pour « L'Hirondelle d'or » : le jeu d'acteur façon Bioman ce n'était déjà pas à mon goût quand j'étais enfant).

Côté réalisation, j'ai été en partie charmé par la belle photographie en N&B, la délicatesse des cadres en plans fixes, par la poésie de certains paysages (rappelant encore une fois des estampes), mais aussi un peu gêné par la maladresse de certains plans (le plan ambitieux sur le cairn à la grue, mais raté, trop chaotique – quelques plans en travelling un peu tremblotants). J'ai trouvé également que c'était un peu long et un peu ennuyeux, je n'ai rien contre les films lents et contemplatifs mais là ça manquait de rythme, alors que le film se veut un peu plus "aventureux" que du Ozu par exemple.

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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede makidoo » 24/10/2020 07:03

Super critique qui synthétise parfaitement (et en mieux :-D ) ce que j’ai ressenti sur ce film.
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede euh... si vous le dites » 24/10/2020 08:47

Parfois, je me dis que j'ai une trop grande révérence par rapport à certains films et à certains réalisateurs qui ont marqué l'histoire du cinéma. Je me dis même que ça peut amener à obstruer quelque peu mon esprit critique.
C'est peut-être en effet le cas, mais ce n'est pas très important. La satisfaction irremplaçable que m'apporte le fait d'aimer ces films aujourd'hui autant qu'il y a 25 ou 30 ans m'importe beaucoup plus.
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede Olaf Le Bou » 24/10/2020 08:50

makidoo a écrit:@ Olaf : je ne vois pas ton image, même en essayant plusieurs navigateurs


voici le lien direct : https://www.slantmagazine.com/wp-conten ... kystar.jpg
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede euh... si vous le dites » 24/10/2020 09:26

jolan a écrit:Le fait que le garçon soit devenu un homme cruel comme les autres est à peine montré, le film s'ouvrant sur lui et son admiration pour son père et sa bonté, je crois qu'il aurait été vraiment très intéressant de montrer davantage ses revirements et son évolution. Là, c'est quasi secondaire. Dommage, c'est le coeur du propos du film.


C'est le coeur du propos du film que tu aurais voulu voir mais ce n'est pas pour autant le coeur du propos de ce que Mizoguchi a voulu montrer.
Mizoguchi n'a pas besoin de plusieurs scènes pour montrer l'évolution du personnage vers la médiocrité, ce n'est pas ça qui l'intéresse, ce qui l'intéresse c'est de montrer comment, grâce à l'influence de sa soeur et à un souvenir d'enfance lié à sa mère, il va pouvoir retrouver sa dignité perdue et, après plusieurs étapes sur ce chemin, boucler la boucle en retrouvant sa mère.

Pas de viol, mais bon, c'est comme dans les livres d'histoire, on en parle rarement, mais on sait qu'il y en a partout.


Même si c'est hors-champs, la mère est quand même réduite à la prostitution.

Sinon dans ce Japon médiéval il n'y a que des hommes rudes, frustres, belliqueux, violents, et des femmes faibles, fragiles, sensibles, humaines, mais asservies, martyrisées, marquées au fer et abandonnées, assassinées.


Chez Mizoguchi, en effet, les hommes sont la plupart du temps des personnages médiocres qui, d'une manière ou d'une autre, contraignent les femmes à des vies de "martyr". Dans L'intendant Sansho, la figure du père intègre est d'ailleurs une présence assez rare dans le cinéma de Mizoguchi.
Mais contrairement à ce que tu écris, les personnages féminins ne sont ni faibles ni fragiles (ils se trouvent dans des situations de faiblesse et de fragilité, ce qui est très différent), au contraire, c'est leur courage et leur force de résilience dans un monde qui leur est largement hostile que Mizoguchi s'emploie à montrer film après film.
Tu devrais regarder La vie d'O-Haru, femme galante, expression la plus pure du mélo mizoguchien, avec une tragique Kinuyo Tanaka ballottée par des évènements qui ne cessent de s'imposer à elle. Tu vas sans doute détester mais tu devrais vraiment le voir.
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede lobo » 24/10/2020 11:08

L'intendant Sansho
Je lirai vos critiques après (j'ai un peu vu les notes :-D )
Très beau film selon moi tant par sa beauté plastique que par la réflexion morale qui l'anime. On a l'impression (comme dans la ballade de Narayama) que, dans ces univers, la morale n'est pas universellement partagée (en Occident on pense plutôt que chacun a "la loi morale en soi", comme disait l'autre), et que les hommes (et aussi les femmes : le rire de la prostituée, la duplicité de la "prêtresse") sont soit des bêtes (les gens du peuple) soit, pour l'élite, des gens qui ne font qu'actualiser à la perfection un rituel très codé, raffiné mais sans soubassement moral. Et de façon contingente apparaît, ici ou là, un personnage "humain" qui fait figure de héros, le père de Zushio, sa soeur, le fils de l'intendant qui devient moine zen... Zushio lui-même est sur le fil du rasoir. C'est sa soeur qui le fait basculer du bon côté. Pour ces gens "humains", leur vie c'est un peu les infortunes de la vertu, l'exil pour l'un, l'esclavage et la prostitution pour les autres. Seul le moine semble s'en sortir et aider efficacement les autres (la mourante guérie). Cette manière de représenter les gens du peuple comme des bêtes donne lieu à un jeu qui m'insupporte au plus haut point (c'est mon seul bémol mais il est de taille) et que l'on retrouve dans tous les films asiatiques que nous avons vus jusque là (sauf Ozu of course), Narayama, pousse-pousse, hirondelle d'or. Au moins ici on nous a épargné les geysers de sang.
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede makidoo » 24/10/2020 11:28

Olaf Le Bou a écrit:
makidoo a écrit:@ Olaf : je ne vois pas ton image, même en essayant plusieurs navigateurs


voici le lien direct : https://www.slantmagazine.com/wp-conten ... kystar.jpg

Merci, je la reposte ici, magnifique photographie

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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede jolan » 24/10/2020 17:52

euh... si vous le dites a écrit:
jolan a écrit:Le fait que le garçon soit devenu un homme cruel comme les autres est à peine montré, le film s'ouvrant sur lui et son admiration pour son père et sa bonté, je crois qu'il aurait été vraiment très intéressant de montrer davantage ses revirements et son évolution. Là, c'est quasi secondaire. Dommage, c'est le coeur du propos du film.


C'est le coeur du propos du film que tu aurais voulu voir mais ce n'est pas pour autant le coeur du propos de ce que Mizoguchi a voulu montrer.
Mizoguchi n'a pas besoin de plusieurs scènes pour montrer l'évolution du personnage vers la médiocrité, ce n'est pas ça qui l'intéresse, ce qui l'intéresse c'est de montrer comment, grâce à l'influence de sa soeur et à un souvenir d'enfance lié à sa mère, il va pouvoir retrouver sa dignité perdue et, après plusieurs étapes sur ce chemin, boucler la boucle en retrouvant sa mère.

Pas de viol, mais bon, c'est comme dans les livres d'histoire, on en parle rarement, mais on sait qu'il y en a partout.


Même si c'est hors-champs, la mère est quand même réduite à la prostitution.

Sinon dans ce Japon médiéval il n'y a que des hommes rudes, frustres, belliqueux, violents, et des femmes faibles, fragiles, sensibles, humaines, mais asservies, martyrisées, marquées au fer et abandonnées, assassinées.


Chez Mizoguchi, en effet, les hommes sont la plupart du temps des personnages médiocres qui, d'une manière ou d'une autre, contraignent les femmes à des vies de "martyr". Dans L'intendant Sansho, la figure du père intègre est d'ailleurs une présence assez rare dans le cinéma de Mizoguchi.
Mais contrairement à ce que tu écris, les personnages féminins ne sont ni faibles ni fragiles (ils se trouvent dans des situations de faiblesse et de fragilité, ce qui est très différent), au contraire, c'est leur courage et leur force de résilience dans un monde qui leur est largement hostile que Mizoguchi s'emploie à montrer film après film.
Tu devrais regarder La vie d'O-Haru, femme galante, expression la plus pure du mélo mizoguchien, avec une tragique Kinuyo Tanaka ballottée par des évènements qui ne cessent de s'imposer à elle. Tu vas sans doute détester mais tu devrais vraiment le voir.


Toutes ces remarques sont très justes.
Et, comme souvent quand la réalisation est réussie, j'envisage de regarder d'autres films de ce réalisateur.
Le meilleur cadre pour ces séances étant ce beau ciné-club à l'ambiance toute pourrie :D

Bon, Olaf, tu es parmi nous pour cette séance et pour présider la suivante ?
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede makidoo » 25/10/2020 10:25

Donc sinon les références de cinéphile de Jolan : AB Productions, Bioman
Je note, je note.

:D
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede euh... si vous le dites » 25/10/2020 11:38

makidoo a écrit:Donc sinon les références de cinéphile de Jolan : AB Productions, Bioman
Je note, je note.

:D


Ca explique bien des choses, en effet.
On ne peut espérer un niveau d'analyse de la part d'un ancien fan de Bioman équivalent à celui de quelqu'un qui a développé son esprit critique avec San Ku Kai. C'est une évidence qui tombe sous le sens.
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede Olaf Le Bou » 25/10/2020 11:54

L'intendant Sansho :

formellement très réussi, le film regorge de plans soignés, d'éclairages délicats, de décors authentiques, de paysages splendides, et les personnages sont très bien servis par la caméra, que ce soit les gros plans ou les scènes de groupe, c'est toujours très bien composé. et puis contrairement aux Ozu, la musique est chouette. le jeu des acteurs me plait également, l'outrance parait presque naturelle quand on à l'habitude de ce genre de cinéma.

je suis un peu plus circonspect sur le scénario, une telle avalanche de vilénies s'abattant sur les héros, c'est un peu too much, on se croirait dans une chanson de Fréhel tellement le mélo est appuyé... Cosette, à côté de Anju, c'est la bibliothèque rose. et puis il y a une grosse incohérence dans l'histoire : Anju ne s'évade pas avec Zushiô pour ne pas le ralentir, mais il traverse la montagne en se coltinant la vieille mourante sur le dos, c'est ballot. cela dit, si on se laisse porter par le côté allégorique du récit, c'est tout de même très joliment narré et plein de beaux moments, et d'une grande justesse dans les relations entre les différents personnages. le tournant du film est subtilement amené, toutefois : lorsque 10 ans ayant passés il s'agit de marquer au fer un vieil esclave, ce n'est pas le fils de Sansho qui a basculé dans la cruauté, mais bien Zushiô qui s'y colle, tandis que Tarô est lui devenu un moine bienveillant ; un double reniement des convictions paternelles s'opère là, illustrant la complexité des choix humains et le libre arbitre qui demeure malgré toutes les pesanteurs de la société.

:arrow: 4/6
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede euh... si vous le dites » 25/10/2020 12:30

Olaf Le Bou a écrit:le tournant du film est subtilement amené, toutefois : lorsque 10 ans ayant passés il s'agit de marquer au fer un vieil esclave, ce n'est pas le fils de Sansho qui a basculé dans la cruauté, mais bien Zushiô qui s'y colle, tandis que Tarô est lui devenu un moine bienveillant ; un double reniement des convictions paternelles s'opère là, illustrant la complexité des choix humains et le libre arbitre qui demeure malgré toutes les pesanteurs de la société.


Bien vu.
On remarquera cependant que ce libre-arbitre qui demeure s'applique uniquement aux hommes, pour les femmes, c'est un poil plus compliqué.
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede sergent latrique » 25/10/2020 13:54

L'intendant Sansho -山椒大夫 - K. Mizoguchi (1954)

Un film un peu particulier dans sa structure narrative et dans le choix de son titre (j'ai lu des critiques sur le fait de choisir le personnage de l'intendant plutôt que les personnages centraux Zushio et Anju par exemple, mais je ne suis pas convaincu).

L'histoire tourne autour du destin de cette femme et de ses enfants dans un Japon médévial extremement dur où les esclaves sont traités plus bas que du bétail, ou tout au moins au même niveau. Comme vous avez bien écrit tout cela, je ne le redirai pas, ni le caractère de cruauté sans limite de cet intendant, face à un Zushio imprégné des idéaux d'humanisme de son père.
La reconstitution de vie villageoise et de la société de l'époque, sans la connaître spécifiquement, me semble réussie et les images très belles, là dessus, c'est ce qui fait qu'on ne se lasse pas en le regardant .
Techniquement, c'est une réussite, mais je ne suis pas trop fan de ce genre de jeu d'acteur outrancier.
Ma note 4.5/6.
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede jolan » 25/10/2020 17:26

Séance 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54) = 4,16

@Olaf, tu nous concoctes la séance 49 ?
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Re: Ciné-Club BDG 48 : L'Intendant Sansho (Kenji Mizoguchi 54)

Messagede jolan » 26/10/2020 17:16

jolan a écrit:Bon, Olaf, tu es parmi nous pour cette séance et pour présider la suivante ?
Ou on se débrouille tout seuls ?


jolan a écrit:@Olaf, tu nous concoctes la séance 49 ?


Allô, Olaf ?

Si pas de réponse demain, nous ferons sans toi ;)
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Re: Ciné-Club BDG séance 49 : ???

Messagede Olaf Le Bou » 26/10/2020 18:45

voilà, voilà.

une sélection dans l'air du temps : apocalypse et fin du monde assaisonnée à la sauce parano :
- Le Monde, la chair et le diable (1959)
- L'Invasion des profanateurs de sépultures (1959)
- Le Jour où la Terre prit feu (1961)
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Re: Ciné-Club BDG séance 49 : ???

Messagede jolan » 26/10/2020 20:13

Olaf Le Bou a écrit:- Le Monde, la chair et le diable (1959) :arrow: Jolan
- L'Invasion des profanateurs de sépultures (1959)
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Re: Ciné-Club BDG séance 49 : ???

Messagede lobo » 26/10/2020 23:49

Olaf Le Bou a écrit:voilà, voilà.

une sélection dans l'air du temps : apocalypse et fin du monde assaisonnée à la sauce parano :
- Le Monde, la chair et le diable (1959)
- L'Invasion des profanateurs de sépultures (1959) :arrow: lobo
- Le Jour où la Terre prit feu (1961)
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lobo
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