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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede makidoo » 09/10/2020 12:23

Message précédent :
Oui la direction d’acteurs est très bonne, et le père, tout en retenue et en sourires bienveillants est effectivement parfait.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 10/10/2020 14:53

Printemps tardif - Yasujiro Ozu (1949)

Je je connais par coeur ce film et pourtant je le trouve tout aussi bouleversant à chaque vision.
Plus je le vois, plus je l'aime et plus je l'attache à de nouveaux moments ou de nouvelles expériences que j'ai pu vivre dans ma propre vie. C'est un film d'une apparence si simple et pourtant d'une telle richesse et d'une telle subtilité émotionnelles qu'il peut procurer à chaque vision des sentiments différents. C'est l'art suprême de Yasujiro Ozu.
Cette fois, je me suis attardé sur les séquences où la tante marieuse montre toute sa fantaisie, comme la très belle scène où elle ramasse un porte-monnaie perdu et monte ensuite à toute vitesse les escaliers du temple. Ce personnage m'évoque des souvenirs très émus de ma belle-mère récemment décédée.
Le passage à Kyoto est une pure merveille, dernier voyage du père et de sa fille avec de très belles scènes au Kiyomizu-dera et une conversation magnifique entre le père et son ami alors qu'ils contemplent le jardin zen du Ryoan-Ji.
La précision des cadres dans ces intérieurs japonais qui semblent avoir été conçus spécialement pour être filmés, associée à la lenteur des gestes de Chishu Ryu, ça dégage chez moi une sensation de sérénité incroyable et pourtant c'est dans le même temps d'une profonde mélancolie.
Printemps tardif est un de mes films préférés, un film qui me touche infiniment.

Ma note : 6/6

(c'est le premier film de ce ciné-club dont je serais vraiment triste qu'il se fasse esquinter)

Bon allez, faut que je trouve le temps de regarder Fin d'automne, maintenant.
Celui-là, je ne l'ai vu qu'une fois et je n'en ai plus vraiment de souvenir très précis.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 10/10/2020 15:19

makidoo a écrit:Les vêtements occidentaux qu’elle porte seront probablement remplacés (définitivement ?) par ceux traditionnels.


Je ne vois pas ce qui dans le film peut laisser penser que tel sera le cas.
Je ne pense pas que dans Printemps tardif le propos d'Ozu soit de jouer sur le thème de la tradition et de la modernité.
La résignation de Noriko n'est pas un renoncement qui la contraint à une vie dans le carcan de la tradition. Ce n'est pas le propos du film.
C'est une résignation à accepter le cours naturel des choses (les enfants quittent leurs parents) qui se déroule dans le cadre d'une société japonaise traditionnelle où, quand une femme se marie, elle quitte sa famille pour entrer dans la famille de son mari. C'est ce qui est sous-entendu quand le père dit à son ami que c'est plus facile d'avoir des fils que des filles. C'est cela qui rend si funèbre la scène avec le père et sa fille en robe de mariée.
Noriko n'est jamais présentée dans le film ni comme une jeune fille moderne ni même comme une jeune fille tentée par l'idée même de la modernité. Son amie divorcée n'est d'ailleurs moderne que par nécessité.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede lobo » 10/10/2020 15:45

Printemps tardif (Ozu, 1949)
Beaucoup aimé. Le thème lui-même me semble assez spécifiquement japonais. En Occident, on ne vit pas comme un déchirement le départ de la maison des parents, en tout cas pas du côté enfant. Mais ce qui est universel c'est les ruptures qu'il faut accepter avec le temps qui passe. Il y a là une beauté mélancolique que les Japonais savent bien rendre... C''est celle aussi de notre poésie... Certes, je suis d'accord avec euh..., le thème n'est pas tradition vs modernité, mais là aussi il y a me semble-t-il une discrète mélancolie quand, aux scènes de la grande culture traditionnelle japonaise (la cérémonie du thé, le nô, le jardin du Ryoan-ji, et les signes de politesse, constants et appuyés) s'opposent de discrets signes de la "barbarie" US (Coca-cola, panoplie de base-ball du gamin).
Quant à la façon de filmer, j'adore (mais j'adore encore plus dans Fin d'automne). Le seul point noir pour moi, qui m'empêche de mettre 6, c'est la musique.
5/6
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 10/10/2020 16:35

lobo a écrit:Le thème lui-même me semble assez spécifiquement japonais. En Occident, on ne vit pas comme un déchirement le départ de la maison des parents, en tout cas pas du côté enfant. Mais ce qui est universel c'est les ruptures qu'il faut accepter avec le temps qui passe. Il y a là une beauté mélancolique que les Japonais savent bien rendre...


Il est sans doute un peu hasardeux d'effectuer une généralisation à partir de la situation familiale précise que l'on trouve dans le film.
Les rapports qui se sont noués entre le père et sa fille sont très particuliers et se sont développés dans un contexte précis qui n'est sans doute pas généralisable, L'absence de la mère bien entendu mais aussi, présentés en filigrane, les problèmes de santé de la fille liés aux privations durant la guerre ont certainement joué un rôle important dans la force de ce lien qui unit la fille à son père.
A son âge, Noriko aurait déjà dû être mariée depuis plusieurs années et on comprend que ce sont ses problèmes physiques qui ont longtemps empêché qu'elle soit "mariable".
Elle se retrouve à présent à la croisée des chemins parce qu'elle va bientôt atteindre l'âge où, traditionnellement, il devient très difficile pour une femme de trouver un mari. C'est aussi cette contrainte qui rend le déchirement d'autant plus important (on est dans une situation où c'est un peu "maintenant ou jamais") et qui, par ailleurs, motive le mensonge du père à propos de son éventuel remariage. Il sait que si sa fille ne se marie pas rapidement, elle se condamne à ne sans doute jamais se marier.

Pour ce qui est du déchirement de la fille, il faut savoir que Noriko en se mariant va symboliquement et administrativement quitter sa famille et entrer dans la famille de son mari.
Dans une cérémonie de mariage japonaise, complètement éludée dans le film , les deux familles se font face à face au sanctuaire. Il y a tout un tas d'étapes très codifiées et à un moment, la femme quitte le côté de sa famille pour intégrer le côté de la famille de son mari. La symbolique est très claire.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede lobo » 10/10/2020 17:22

euh... si vous le dites a écrit:
lobo a écrit:Le thème lui-même me semble assez spécifiquement japonais. En Occident, on ne vit pas comme un déchirement le départ de la maison des parents, en tout cas pas du côté enfant. Mais ce qui est universel c'est les ruptures qu'il faut accepter avec le temps qui passe. Il y a là une beauté mélancolique que les Japonais savent bien rendre...


Il est sans doute un peu hasardeux d'effectuer une généralisation à partir de la situation familiale précise que l'on trouve dans le film.
Les rapports qui se sont noués entre le père et sa fille sont très particuliers et se sont développés dans un contexte précis qui n'est sans doute pas généralisable, L'absence de la mère bien entendu mais aussi, présentés en filigrane, les problèmes de santé de la fille liés aux privations durant la guerre ont certainement joué un rôle important dans la force de ce lien qui unit la fille à son père.
A son âge, Noriko aurait déjà dû être mariée depuis plusieurs années et on comprend que ce sont ses problèmes physiques qui ont longtemps empêché qu'elle soit "mariable".
Elle se retrouve à présent à la croisée des chemins parce qu'elle va bientôt atteindre l'âge où, traditionnellement, il devient très difficile pour une femme de trouver un mari. C'est aussi cette contrainte qui rend le déchirement d'autant plus important (on est dans une situation où c'est un peu "maintenant ou jamais") et qui, par ailleurs, motive le mensonge du père à propos de son éventuel remariage. Il sait que si sa fille ne se marie pas rapidement, elle se condamne à ne sans doute jamais se marier.

Certes, mais tu verras dans Fin d'automne, le même déchirement alors que la jeune fille n'est pas du tout dans cette situation d'urgence -elle a vingt ans et reste "mariable" pour longtemps- la seule similitude c'est que sa mère est veuve comme le père de Noriko...
Mais peu importe, à chacun ses déchirements... Ce qui est universel, c'est que le bonheur est éphémère... C'est ce que filme Ozu, je pense, le temps et ses ruptures, et il trouve un écho universel alors qu'il fait un film très très japonais...
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede makidoo » 10/10/2020 17:58

euh... si vous le dites a écrit:
makidoo a écrit:Les vêtements occidentaux qu’elle porte seront probablement remplacés (définitivement ?) par ceux traditionnels.


Je ne vois pas ce qui dans le film peut laisser penser que tel sera le cas.
Je ne pense pas que dans Printemps tardif le propos d'Ozu soit de jouer sur le thème de la tradition et de la modernité.
La résignation de Noriko n'est pas un renoncement qui la contraint à une vie dans le carcan de la tradition. Ce n'est pas le propos du film.
C'est une résignation à accepter le cours naturel des choses (les enfants quittent leurs parents) qui se déroule dans le cadre d'une société japonaise traditionnelle où, quand une femme se marie, elle quitte sa famille pour entrer dans la famille de son mari. C'est ce qui est sous-entendu quand le père dit à son ami que c'est plus facile d'avoir des fils que des filles. C'est cela qui rend si funèbre la scène avec le père et sa fille en robe de mariée.
Noriko n'est jamais présentée dans le film ni comme une jeune fille moderne ni même comme une jeune fille tentée par l'idée même de la modernité. Son amie divorcée n'est d'ailleurs moderne que par nécessité.


Je dis « probablement », je n’affirme rien du tout.
Mais une fille de bonne famille mariée se doit plutôt d’être habillée à la japonaise plutôt qu’à l’occidentale à cette époque.
Elle est moderne, car elle s’habille à l’occidentale, pas seulement dans le cadre du travail mais dans l’intimité de son foyer, tout comme son amie, qui plus est divorcée et qui tient des propos complètement à l’encontre de la tradition (en gros, si ton mari ne te convient pas, tu divorces et tu essayes avec un autre).
Après je suis d’accord pour dire que ce n’est pas le propos du film, mais il est bien présent en filigrane.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede makidoo » 10/10/2020 18:02

euh... si vous le dites a écrit:Le passage à Kyoto est une pure merveille, dernier voyage du père et de sa fille avec de très belles scènes au Kiyomizu-dera et une conversation magnifique entre le père et son ami alors qu'ils contemplent le jardin zen du Ryoan-Ji..

Ha oui tout à fait d’accord, ce passage avec cette conversation est absolument magnifique
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 10/10/2020 19:46

lobo a écrit:Mais peu importe, à chacun ses déchirements... Ce qui est universel, c'est que le bonheur est éphémère... C'est ce que filme Ozu, je pense, le temps et ses ruptures, et il trouve un écho universel alors qu'il fait un film très très japonais...


Tout à fait.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede Olaf Le Bou » 10/10/2020 22:51

vous n'avez pas de problème de lecture avec fin d'automne ??
quel que soit le lecteur que j'utilise, le film se bloque à 31 minutes et impossible de voir la suite... :x
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 11/10/2020 00:02

Olaf Le Bou a écrit:vous n'avez pas de problème de lecture avec fin d'automne ??
quel que soit le lecteur que j'utilise, le film se bloque à 31 minutes et impossible de voir la suite... :x


Pas de problème de mon côté.
Il y a peut-être eu un problème quand j'ai encodé le fichier pour le transfert.
Si c'est le cas, je posterai un nouveau lien.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede jolan » 11/10/2020 00:40

Printemps tardif – Yasujiro OZU – 1949

Je découvre donc le cinéma d'Ozu avec ce film.
Alors ce n'est pas déplaisant, l'objet se regarde volontiers, ne serait-ce que par la qualité de l'image, mais je m'attendais à être bien plus charmé, voire envoûté, et il n'en est rien. Pourtant j'aime bien ces films lents et contemplatifs, qui prennent le temps de respirer, de capter la vie, avec ses silences, ces temps morts, sans artifices pour masquer le vide, sans action superflue, sans intrigue inutilement tarabiscotée, mais là j'ai trouvé ça un peu trop mièvre, trop enfantin. Je sais que la tradition japonaise est faite de respect (à outrance), de discrétion, de simplicité, de sourires, d'amabilité, mais je trouve qu'on n'est jamais très loin non plus de la niaiserie, de la naïveté, d'une forme d'infantilité, d'hypocrisie. Bref, sur le fond une histoire qui m'a parue un peu creuse et légère, et qui m'a parfois forcé à lutter contre un certain ennui lattant (en particulier lors de la scène du drame No, particulièrement longue et soporifique)
Il est vrai aussi que j'aime ce genre de réalisation, très lente et proche du réel, en larges plans fixes, avec ces cadres très propres, peu de mouvements, le noir et blanc magnifiant le tout avec son contraste si japonais, on pense à des estampes, des dessins à l'encre de chine, des idéogrammes. La réalisation tout en simplicité s'efface totalement et pourtant épouse parfaitement l'histoire et ses protagonistes.
Mais je suis resté un peu hermétique à tout cela, sur le pas de la porte. On perçoit des choses, des thèmes, le pays qui se reconstruit après l'effroi de la guerre, comme la jeune femme qui sort d'une sorte de maladie, l'Amérique et la modernité qui parsèment l'horizon nouveau, avec les enfants qui jouent au base-ball, les enseignes Coca-Cola. La relation entre le père et sa fille est jolie, par petites touches nuancées, je le répète je trouve cela réussi, le scénario est bien écrit, le film est bien joué (le sourire de la jeune femme finissait quand même par me lasser) mais ça m'a laissé un peu froid. Les gens qui se remarient la dégoûtent, elle veut rester s'occuper de son père, elle est jalouse de la femme qu'il prétend vouloir épouser, il lui a donc menti pour qu'elle commence enfin sa vie de femme (le fameux "printemps tardif"), elle se marie par obligation, sans aucun sentiment pour son "beau parti", qu'on ne verra jamais. Soit. Mais ça ne me touche aucunement.
Je mets donc un peu moins que la moyenne, parce que oui en tant qu'objet filmé je n'ai pas de reproches à faire, mais pas tout à fait non plus parce que j'ai juste regardé un film qui ne m'a pas particulièrement ému alors que je pensais (et voulais) l'être, et que ce qu'un film raconte comptera toujours plus que sa facture.

2,5/6
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede sergent latrique » 11/10/2020 10:23

Printemps tardif (晩春) - Ozu- 1949

Quelle découverte !
Ce film dans un Japon de l'après guerre qui semble si lointain, raconte une histoire somme toute banale: une fille
un peu vieux jeu, même si elle adopte les comportement les plus modernes, ne veut pas quitter son père veuf, qui lui est bien décider à la marier. Sur cette trame minimaliste, Ozu, par nous touche par des thèmes intemporels de relation entre les generations, les hommes et les femmes, du poids des traditions mais surtout des ruptures dans une vie, rupture que Noriko ne veut pas accepter.

Le Japon à la charnière entre tradition et modernité est tout entier dans ce film, dont la beauté des images et leur sublime simplicité sont comme ce jardin de pierre au temple Ryoanji de Kyoto. Sans utiliser de technique cinématographique complexe, ici tout semble dépouillé, mais d'une très grande beauté.
Noriko, à la une beauté fraiche et rayonnante - on ne peut que tomber sous le charme de sa vivacité et son sourire éclatant- va comprendre que le monde, son monde, change, entre résignation et recherche du bonheur, même si elle ne l'avoue pas, et que le bonheur n'est pas dans l'éternité figée d'un bien être présent mais comme le dit son père dans son très belle scène avant le mariage dans une construction individuelle ou en couple (dans le cas de ce mariage)
Cela peut paraitre très traditionnaliste, mais comment ne pas être touché par cette dernière complicité entre le père et la fille lors de leur dernier voyage ? Tout est extrêmement codifié au Japon et l'exposition de leurs sentiments entre Noriko et Somiya San est un moment très fort du film

Seul bémol, mais qui ne vient pas diminuer ma note, la scène de théâtre Nô qui pour moi, est un peu longue, j'ai un peu de mal avec le Nô (mais Somiya est aux anges, quasiment en extase) et sa durée s'explique aussi
par son importance dans le film.
Donc 6/6

Je lis vos critiques maintenant :lire:
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede sergent latrique » 11/10/2020 10:35

Dommage pour toi Jolan, que tu sois resté sur le pas de la porte et que cette simplicité de l'histoire et des rapports t'apparaissent comme de la mièvrerie. Comme tu le dis "jamais très loin", et c'est la force d'Ozu de ne pas tomber dedans amha.
Sinon, je vois que le Nô n'emballe personne :lol:

Il me reste à voir l'Automne (du Ozu en couleurs !)
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede Olaf Le Bou » 11/10/2020 12:14

euh... si vous le dites a écrit:
Olaf Le Bou a écrit:vous n'avez pas de problème de lecture avec fin d'automne ??
quel que soit le lecteur que j'utilise, le film se bloque à 31 minutes et impossible de voir la suite... :x


Pas de problème de mon côté.
Il y a peut-être eu un problème quand j'ai encodé le fichier pour le transfert.
Si c'est le cas, je posterai un nouveau lien.


je veux bien un nouveau lien, en effet, car même si c'est le téléchargement qui a merdoyé, l'ancien lien n'est plus dispo.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 11/10/2020 13:35

jolan a écrit:[On perçoit des choses, des thèmes, le pays qui se reconstruit après l'effroi de la guerre, comme la jeune femme qui sort d'une sorte de maladie, l'Amérique et la modernité qui parsèment l'horizon nouveau, avec les enfants qui jouent au base-ball, les enseignes Coca-Cola.


On a souvent tendance à associer le base-ball au Japon avec l'occupation américaine au sortir de la deuxième guerre mondiale mais en fait le base-ball s'est implanté au Japon dès la fin du 19ème siècle et était déjà extrêmement populaire bien avant 1940.

elle se marie par obligation, sans aucun sentiment pour son "beau parti", qu'on ne verra jamais. Soit. Mais ça ne me touche aucunement.


En filigrane, on comprend quand même qu'elle apprécie son futur mari.
La situation est plus nuancée.


Après, c'est dommage que le film ne t'ait pas touché mais je suis quand même heureux que tu lui aies trouvé de réelles qualités.
Personne ne peut être touché par tous les chefs d'oeuvre du monde.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 11/10/2020 14:20

Nouveau lien pour Fin d'automne :
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 13/10/2020 12:33

euh… a écrit:Elle se retrouve à présent à la croisée des chemins parce qu'elle va bientôt atteindre l'âge où, traditionnellement, il devient très difficile pour une femme de trouver un mari. C'est aussi cette contrainte qui rend le déchirement d'autant plus important (on est dans une situation où c'est un peu "maintenant ou jamais") et qui, par ailleurs, motive le mensonge du père à propos de son éventuel remariage. Il sait que si sa fille ne se marie pas rapidement, elle se condamne à ne sans doute jamais se marier.

lobo a écrit:Certes, mais tu verras dans Fin d'automne, le même déchirement alors que la jeune fille n'est pas du tout dans cette situation d'urgence -elle a vingt ans et reste "mariable" pour longtemps- la seule similitude c'est que sa mère est veuve comme le père de Noriko...


Dans Fin d'automne, Ayako a également 24 ans, exactement comme Noriko dans Printemps tardif.
Elle précise son âge dès les premières minutes du film.
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede euh... si vous le dites » 13/10/2020 15:59

Fin d'automne - Yasujiro Ozu (1960)

Avec ce film tardif dans sa filmographie, Yasukiro Ozu réalise une fois de plus une très belle chronique sur le temps qui passe.
La mélancolie, toujours bien présente mais mise en scène de manière plus discrète, s'efface souvent derrière un ton plus enjoué que dans Printemps tardif, sans doute parce que la relation entre la mère et sa fille occupe une place moins importante, au profit de personnages qui apportent un contrepoint plus léger et une distanciation un brin facétieuse.
Mariko Okada est délicieuse dans le rôle de la collègue amie qui prend les choses en mains avec beaucoup d'aplomb.
Chishu Ryu apparait dans deux séquences et c'est toujours un immense plaisir de le voir dans un film d'Ozu.
Fin d'automne est moins centré sur son propos que Printemps tardif ce qui donne à mon sens un film qui perd en intensité dramatique mais qui gagne en amplitude dans sa palette d'émotions.

Ma note : 5.5/6 mais c'est juste pour montrer que j'ai une légère préférence pour Printemps tardif parce que sinon ce serait 6/6
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede sergent latrique » 15/10/2020 23:21

Fin d'automne - 秋日和 - Yasujiro Ozu (1960)

Après "printemps tardif" et la découverte du cinéma d'Ozu, on retrouve dans un film plus tardif ( :D ) les mêmes thèmes du mariage, des destinées et de la séparation, sur un ton un peu moins dramatique et même teinté d'humour (à la japonaise, tout en retenue mais on sent une certaine jubilation à filmer les trois larrons buveurs de saké quand ils échaffaudent leur tactique).
Voir les deux films à la suite est une bonne idée, car on retrouve avec bonheur des actrices et acteurs du premier filme, un peu plus vieux, Setsuko Hara de fille à marier est devenue la mère de la fille à marier.
C'est donc moins une surprise, mais la qualité est toujours présente, on retrouve ce jeu d'acteurs parfait et cette trame d'histoire très simple sur laquelle évoluent les personnages et leurs plans pour arriver à leurs fins, une technique épurée mais très élaborée: des plans fixes et cadrés bas, avec souvent des encadrements de portes, pans de murs, couloirs
des maisons comme des cadres superposés sur plusieurs plans, plans intermèdes de paysages naturels.

Je ne connais pas suffisamment la société japonaise, et le mariage dans une institutionalisation ultra codifiée, mais là encore,
le rôle des femmes est primordial, notamment la jeune Sasaki Yuriko jouée par Mariko Okada, ce qui me semble étonnant par rapport à l'image de femme soumise que l'on connait.

La musique n'est pas trop à la hauteur à mon avis et je mettrais un peu moins que printemps tardif, 5.5/6
Halte au massacre Organisasi Papua Merdeka
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Re: Ciné-Club BDG séance 47 doublé Ozu (Printemps-Automne)

Messagede jolan » 16/10/2020 18:53

Je le mate le deuxième week-end :food:

On redonne un peu de rythme avec la liste et les votes de la séance suivante ?

Comme makidoo (et peut-être Olaf, l'avenir nous le dira) s'est (se sont) joint(s) à nous, je propose, s'il(s) le souhaite(nt) qu'il(s) préside(nt) la séance(s) suivante(s) avant d'enchainer fin novembre avec la séance spéciale 100 de la naissance de Gene Tierney (née le 19 novembre 1920) (qui du coup serait la séance 50, ça tomberait bien) ;)
Tout dépend d'où l'on se place par rapport à l'idée qu'on s'en fait.
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