jolan a écrit:Je ne comprends pas trop pourquoi la petite Hélène fait en sorte de condamner sa mère et son amant, elle qui disait vouloir son bonheur. En faisant cela, elle se condamne elle-même aussi, d'une certaine façon. Bon, soit.
Ben justement, Hélène croit sincèrement aider sa mère en écrivant la lettre.
La relation très proche qu'elle entretient avec sa mère et sans doute une bonne dose de vision du monde adolescente fait qu'elle ne peut pas concevoir que sa mère lui ait menti sur sa participation au crime. Elle la croit donc innocente.
Elle ne demandait qu'à soutenir sa mère jusque dans la révélation meurtrière, et par là devenir même sa complice, mais elle n'a pas pu comprendre que cette position était inenvisageable et intenable pour Lucienne.
Il y a là un côté tragique et absurde, je dirais même tragique parce qu'il est absurde qui fait entrer le film dans un au-delà du simple fait divers.
La scène où Hélène révèle qu'elle est l'auteur de la lettre et où Lucienne voit tout son monde s'écrouler est vraiment très belle.
Un tout petit Chabrol, donc. Il n'y a aucun des ingrédients qui font ses belles oeuvres : ni humour noir, ni ironie grinçante, ni critique de la petite bourgeoisie, ni perversité. Je me demande bien ce qu'il y a d'ailleurs, un simple fait divers.
Malgré le personnage du mari, truculent politicard magouilleur de province, on ne retrouve en effet pas le mordant avec lequel Chabrol a pu par ailleurs croquer le bourgeoisie de province. En effet, on se trouve ici devant la relation d'un simple fait divers.
La citation d'Eschyle en ouverture du film nous renvoie à la célèbre citation de Simenon, "Comprendre et ne pas juger".
C'est à Simenon d'ailleurs que m'a fait penser ce film. A la manière dont Simenon peut s'emparer d'un fait divers pour poser son regard sur les être humains et les passions qui les meuvent. Comme dans La chambre bleue par exemple, roman très bien adapté il y a quelques années par Mathieu Amalric et que j'ai découvert récemment.
Le fait divers, c'est un point de départ que l'on peut trouver trivial mais ce n'est pas nécessairement un "petit" sujet.
J'ai pour ma part beaucoup aimé ce Chabrol, sec et sans fioritures.
Je voudrais aussi souligner l'excellence de la musique de Pierre Jansen. Elle pose des ambiances qui bonifient le film.
Ma note : 4.5/6
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
