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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede pabelbaba » 29/03/2020 18:52

Message précédent :
Tu n'aimes pas non plus Léon Morin Prêtre du coup. :D
Mais à devoir choisir entre la peur du vide et la nausée des trottoirs... j'aurais sans doute fait comme eux.

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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede euh... si vous le dites » 29/03/2020 20:37

Avec Rohmer, c'est un peu tout ou rien... :D
Si on ne rentre pas dans son jeu, je peux comprendre que l'on trouve cela prodigieusement gonflant.
Dommage.
Pour ma part, je ne pense pas qu'aucun autre cinéaste me procure un tel sentiment de joie à la vision de ses films.

Mais quand même, 4/6 pour le Dréville et puis 0.1 pour le Rohmer, c'est rude. ;)
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede arcarum » 29/03/2020 21:39

euh... si vous le dites a écrit:Mais quand même, 4/6 pour le Dréville et puis 0.1 pour le Rohmer, c'est rude. ;)


Les goûts, les couleurs :D

Par contre rien ne dit qu'un autre film de Rohmer ne me laisse pas un meilleur goût.
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede jolan » 29/03/2020 21:54

Il y a une majorité de Rohmer beaucoup plus légers, plus sensuels, moins bavards, qui peuvent être une porte d'entrée plus accessible.
Tout dépend d'où l'on se place par rapport à l'idée qu'on s'en fait.
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede lobo » 30/03/2020 10:19

euh... si vous le dites a écrit:Mais quand même, 4/6 pour le Dréville et puis 0.1 pour le Rohmer, c'est rude. ;)

Bin oui quand même... Les goûts et les couleurs, mouais... Dréville 4, Rohmer 0,1... Je veux bien mais...
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede lobo » 30/03/2020 10:24

jolan a écrit:Il y a une majorité de Rohmer beaucoup plus légers, plus sensuels, moins bavards, qui peuvent être une porte d'entrée plus accessible.

Moins bavards, oui, c'est ce qui m'a empêché de mettre 6... Parmi les un peu bavards tout de même, je citerais les nuits de la pleine lune (où le bavard est Lucchini)... Sensuels, celui-ci l'est pas mal : ah le profil de Françoise quand elle se sait observée et qu'elle récite ne nous soumets pas à la tentation...
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede arcarum » 30/03/2020 12:57

lobo a écrit:Moins bavards, oui, c'est ce qui m'a empêché de mettre 6... Parmi les un peu bavards tout de même, je citerais les nuits de la pleine lune (où le bavard est Lucchini)... Sensuels, celui-ci l'est pas mal : ah le profil de Françoise quand elle se sait observée et qu'elle récite ne nous soumets pas à la tentation...


Mais voilà qui me parle. J'adore Lucchini pour sa truculence et son jeu. Il pourrait me lire le dictionnaire que je trouverai cela passionnant :food:
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede Pomponazzo » 30/03/2020 16:48

Marrant. Moi Luchini, j'ai juste envie de le défenestrer dès qu'il ouvre la bouche. Insupportable. Et encore plus quand il fait son sempiternel numéro sur les plateaux télé.
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede sergent latrique » 30/03/2020 17:48

Ma nuit chez Maud – E.Rohmer (1969)

Le moins que l’on puisse dire est que Rohmer réalise un cinéma unique, personnel et qui décontenance. Où ailleurs que dans un de ses films pourrait-on imaginer la scène suivante : deux anciens camarades de lycée trentenaires se retrouvent fortuitement dans un bistrot de Clermont Ferrand, (où il n’avaient quasi aucune chance de se croiser vu qu’ils viennent d’ailleurs) . Après 14 ans de vie différente chacun de leur côté, la conversation s’engage sur Pascal, les lois du hasard et l’espérance en mathématique appliquée à leur problèmes religieux et sentimentaux.
Non, à part Rohmer, je ne vois pas ailleurs ce mélange entre du cinéma réalité, aux image quasi documentaires et une mise en scène littéraire sur des dialogues très écrits, construits rigoureusement et totalement improbables dans la réalité, sauf ceux de la messe qui sont totalement conforme aux rites catholiques !
Il est évident que cela puisse agacer, horripiler.

Dans ce film, Rohmer joue avec nos sentiments contradictoires qui sont bien représentés dans la scène de la nuit entre Jean-Louis (Trintignant) et Maud (Fabian). Restera, restera pas, Maud fait du rentre-dedans derrière ses discours élaborés. C'est une adepte du plaisir cérébral autant que physique, une femme à la recherche intellectuelle du plaisir.
« Venez donc sur le lit, je montre mes jambes car c’est mon atout, et je dors à poil parce que c'est mieux. «  Oui, évidemment, les ficelles sont un peu grosses. On se demande comment Jean-Louis garde son sang-froid dans un sens comme dans l’autre.
Dans ces considérations intellectuelles, sur un lit, dans une bibliothèque ou ailleurs qui parlent de Dieu, de Pascal du jansénisme, avec zéro action, on est proche d'une pièce de Tchekov avec ce ralenti, cet enlisement dans un temps qui s’étire, qui cherche et doute en se basant sur le passé pour mieux se projeter dans l’avenir. Et une présence de la neige, amusement factice pour certains (Antoine), manteau de pureté sur la ville et déclencheur des événements (les nuit chez MAud et chez Françoise) .
Jean-Louis est tiraillé dans ce quatuor (car ils seront quatre au final avec Françoise, la blonde, plus jeune et totalement différente de Maud, correspondant plus à la sagesse relative de Jean-Louis, plus franche) entre sa morale chrétienne, très pratiquante et son mode de vie réel. Concilier sa pensée morale et ses actes, quitte à offrir le mariage en bouquet à une partie de jambes en l’air à l’une comme à l’autre au gré des circonstances qui arrivent. Est-il vraiment le jouet des événements ou ne se complait-il pas dans ces faux-semblants ces jeux de dupes, ces pièges à filles cherchant derrière la rigueur de ses croyances, un sens à sa propre vie.
Bon, il y a quand même de l’action chez Rohmer, car soudain, après une scène de messe à tomber de son prie-Dieu, Jean-Louis fait un rallye à la poursuite d'un Solex dans les rues de Clermont-Ferrand pour courser la blonde Françoise, la jeune étudiante, sage, trop sage, enfin c’est ce qu’elle laisse penser en premier lieu.

Jean-Louis finira un peu par hasard, ou pas, par se tourner vers Françoise, la femme simple, correspondant à son modèle idéale de femme, qui ne délivrera son secret à demi dévoilé que cinq ans plus tard, marié et en famille sur la plage, malgré elle, en faisant découvrir à son mari que l’homme qui a divorcé était le mari de Maud et qu’elle la connaissait donc.
Il y a une certaine grâce dans cette acuité du quotidien banal d'une vie de tous les jours, discussion à la cantine, sortie d'usine (on croirait un reportage sur les ouvriers dans les usines juste après mai 68), patinage sur le verglas dans un village perdu, petit-déjeuner et gestes banals, obsession de la cigarette (très typique des films de cette époque) …
Rohmer joue à l’équilibriste, pour cristalliser cette alchimie incongrue, montrer les chemins intellectuels d'un quatuor de personnages, Maud, Jean-Louis, Françoise et Vidal, à l’équilibriste pour qui veut bien entrer dans son jeu particulier, à la limite du sublime quitte à frôler la frontière ténue qu’elle a avec le ridicule.

Très belle interprétation de Trintignant et de Fabian. (oui, elle a bien de jolies jambes! Et le reste aussi). Antoine Vitez (Vidal) assez énervant, mais cela colle à son rôle, M.Christine Barrault fait le travail mais ne transcende pas.
Je comprends qu'on puisse abhorrer ce genre littéraire tout à fait à part dans le cinéma. Honnêtement, ce n'est pas ma tasse de thé mais je ne déteste pas complètement non plus à petite dose les films de Rohmer et j'ai vraiment du mal à noter ce film, il y a un vrai travail sur les personnages, les rapprochements spirituels ou physiques, le son (comment la voix de Françoise finit par dominer les autres dans l’église quand Jean-Louis concentre son attention sur elle), c'est ce qui m'a permis de rester attentif au film, aussi ma note aura la moyenne et pour le jeu d'acteurs et les dialogues 3/6
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede sergent latrique » 30/03/2020 17:49

Pour Arcarum, si tu préfères Lucchini, regarde le genou de Claire.
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede Le Complot » 30/03/2020 17:50

sergent latrique a écrit:Pour Arcarum, si tu préfères Lucchini, regarde le genou de Claire.

Pourquoi ? Il y a un rôle plus que mineur. ;)
Mais en parlant de sensualité, l'actrice qui joue Claire décroche le graal. :ok:
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede sergent latrique » 30/03/2020 18:00

Oui, il ne peut pas être trop bavard :D
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede lobo » 30/03/2020 18:19

Non, dans le genou de Claire il est trop jeune. Mais on peut mettre les nuits de la pleine lune en ligne pour donner une chance à arcarum d'apprécier un Rohmer.
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede jolan » 30/03/2020 18:56

Dans "Le Genou de Claire", il a un rôle plus que limité, et surtout ce n'est qu'un jeune homme choisi pour son physique, rien à voir avec le Luchini érudit et comédien qu'on aime (ou pas).

Mais je ne suis pas certain que "Les Nuits de la pleine lune" soit si éloigné que cela de la "Nuit chez Maud".

Comme porte d'entrée idéale dans le cinéma de Rohmer, je conseillerais plutôt "Conte d'été" et ses amours adolescentes dans
une Bretagne estivale chatoyante.

Tiens salut Comploto, re-bienvenue parmi nous, si tu veux tu peux revenir mater des vieux films avec nous ;)

Bon, je me remate le film ce soir.
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede Le Complot » 30/03/2020 18:59

jolan a écrit:Dans "Le Genou de Claire", il a un rôle plus que limité, et surtout ce n'est qu'un jeune homme choisi pour son physique, rien à voir avec le Luchini érudit et comédien qu'on aime (ou pas).

Mais je ne suis pas certain que "Les Nuits de la pleine lune" soit si éloigné que cela de la "Nuit chez Maud".

Comme porte d'entrée idéale dans le cinéma de Rohmer, je conseillerais plutôt "Conte d'été" et ses amours adolescentes dans
une Bretagne estivale chatoyante.


Tiens salut Comploto, re-bienvenue parmi nous, si tu veux tu peux revenir mater des vieux films avec nous ;)

Bon, je me remate le film ce soir.


Tout-à-fait, il se passe sur la Côte d'Emeraude, à Dinard en plus. :bravo:

Ma nuit chez Maud, j'avais bien aimé mais ça fait un bail que je ne l'ai plus revu. C'est sûr qu'il est plus intellectualisant que Conte d'été.
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede Brian Addav » 30/03/2020 21:13

Il est revenu ! :bravo:
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede jolan » 30/03/2020 22:37

Ma Nuit chez Maud – Eric ROHMER – 1969

Un très beau film. Parmi mes préférés de Rohmer. J'ai vraiment apprécié cette deuxième vision, trente ans plus tard, avec mes yeux d'adulte. J'avais le souvenir d'un film beaucoup plus verbeux et intellectuel, autour de Pascal, mais je pense que j'avais un peu mélangé avec « Conte d'hiver », qui est un peu construit sur le même modèle, et me semble très proche, sur fond de discussions métaphysico-philosophico-sentimentales.

Nous avons donc une première demi-heure axée sur une réflexion sur le pari de Pascal, sur un questionnement spirituel et religieux, qui associe les mathématiques, les probabilités, et la métaphysique pascalienne, qui était mathématicien et philosophe. On suit le personnage de Jean-Louis Trintignant dans son quotidien de catholique pratiquant, à la messe (j'ai cru un moment qu'on était revenus dans le Moyen-Age archaïque du « Septième Sceau », mais non, malheureusement...) où il aperçoit une jeune femme qui lui plaît (ils se regardent au moment du « ne nous soumet pas à la tentation », mais il est subitement très tenté, au point de la suivre), dans la librairie où il compulse les « Pensées » de l'auteur préféré de Steevy Boulay « naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira », duquel il ne peux se sentir proche, « si le christianisme c'est cela, alors je suis athée », totalement engoncé dans sa foi « la religion ajoute à l'amour, mais l'amour ajoute aussi à la religion » dit-il lors du repas chez Maud. Oui, bah tu ne seras jamais athée, ne cherche pas plus loin. Car le personnage se cherche autant spirituellement qu'il cherche l'amour. Et je pense qu'il se trompe sur les deux aspects. C'est ma vision du film.

Puis on en vient à une partie plus légère, plus sensuelle, lorsque Trintignant se retrouve tout seul avec Maud lors de cette nuit, et qu'elle veut le séduire. Nous avons là le meilleur de Rohmer, le marivaudage courtois, même si depuis le début de cette soirée nous avons eu constamment des sous-entendus plus ou moins explicites sur les relations sexuelles, par l'intermédiaire de l'ami amoureux transi et répudié gentiment et négligemment par la dame à chaque infime reprise.
J'aime bien la notion de hasard qui plane sur les rencontres de Trintignant, cette femme qui lui plaît et dont il ne sait rien, pas même s'il la reverra, et cette autre, rencontrée par l'intermédiaire d'un ami revu par hasard « nos trajectoires ordinaires ne se rencontrant pas, c'est dans l'extraordinaire que se croisent nos points d'intersection ». Les probabilités mathématiques appliquées aux rencontres sentimentales, celle qu'il souhaite concrétiser, et celle qui justement est encore plus hasardeuse, mais qui perturbe son choix et sa morale. Mais sur ce point le film est une assez bonne démonstration de ma théorie sur l'amour : on aime par hasard, et par défaut. Une rencontre en remplace une autre. Rien n'est plus indéterminé et aléatoire que le sentiment amoureux. L'amour même est un jeu de dés.

J'ai du mal avec le personnage joué par Trintignant, mais j'essaie depuis quelques temps de combattre mon besoin d'identification (aux personnages ou aux sujets) pour me fondre dans l'oeuvre uniquement, en simple spectateur observateur. J'ai donc paisiblement vécu cette chronique de quelques jours dans la vie de cet homme, mais je ne peux y voir d'autres choses que des mauvais choix, de mauvaises décisions, pour utiliser la terminologie du film. Parce que bien sûr jamais je ne choisis la jeune catholique prude et transparente au détriment de la belle femme affirmée et sensuelle. Françoise Fabian, que jusqu'ici j'appelais la Deneuve brune, est vraiment sublime dans ce film. Peut-être la plus belle comédienne de tous les films de Rohmer. Son jeu est d'une justesse et d'un naturel incroyables. Je vais tâcher de voir ses autres films de cette époque, je suis sous le charme. Oui bon, j'essaie de ne pas m'identifier, mais je ne peux m'empêcher de succomber aux attraits féminins, faut pas exagérer.

Pour moi Rohmer n'est pas un vrai cinéaste, un vrai réalisateur de cinéma. C'est selon moi bien plus un écrivain qui écrit et sort des films – et certains comme celui-ci sont d'ailleurs très beaux – mais qui n'a aucun goût pour la réalisation. C'est pour cela que j'aime beaucoup ses scènes de dialogues, quasiment sans ellipses, on a l'impression de vivre un vrai moment avec les êtres filmés, et l'émotion en est plus forte (en tout cas ça fonctionne ici lors de la nuit chez Maud). Bien souvent, ses acteurs, qui récitent et sonnent faux renforcent cet aspect littéraire et non cinématographique. Mais il n'a aucun sens de l'image, aucun intérêt pour le cadre, pour la beauté cinématographique de son objet filmé. Ce qui lui importe, c'est le fond, non la forme. Ce qui nous donnera aussi beaucoup de films réalisés à la va-vite, comme à l'improviste, mal filmés, mal montés, proches de l'amateurisme – mais qui n'empêche pas la qualité intrinsèque. En fait, son style a toujours été vieux, paresseux, sans invention, dépouillé, le plus neutre possible. Heureusement sur ce film il bénéficie du beau travail de Nestor Almendros, du joli cadre de Clermont et ses alentours enneigés, et du N&B. Nous avons même droit aux plans les plus audacieux de la carrière de Rohmer lors de la poursuite en voiture dans les rue de Clermont (avec une belle mise en scène avec la voiture qui se gare, c'est du jamais vu chez cet adepte du réel), ou lorsqu'il la retrouve le soir sous la neige, filmés depuis la voiture. Mais il subsiste encore quelques tares du bonhomme, comme le format en 1.33 (format carré hérité du muet, et de la télévision), ou la scène au-dessus de la ville, avec ses zooms approximatifs et son étrange fondu au noir final.

Bref, je crois qu'on pourrait discuter très longtemps du contenu de ce film, sans doute celui qui dit le plus de choses (même si je ne les partage pas puisque je suis athée - ou parce que je ne les partage pas, comme il est dit à un moment) depuis le début de ce ciné-club il y a un an. Mais je vais m'arrêter là, et attribuer la note de

4/6
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede Le Complot » 30/03/2020 22:39

Brian Addav a écrit:Il est revenu ! :bravo:

Ouep, mais sous contrat. :D

Bise :bisou:
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede lobo » 30/03/2020 22:48

Le Complot a écrit:
jolan a écrit:Comme porte d'entrée idéale dans le cinéma de Rohmer, je conseillerais plutôt "Conte d'été" et ses amours adolescentes dans une Bretagne estivale chatoyante.

Tout-à-fait, il se passe sur la Côte d'Emeraude, à Dinard en plus. :bravo:


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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede jolan » 30/03/2020 23:01

Séance 29 - Ma Nuit chez Maud (Rohmer 69) = 3,52

Bon, on repart sur une séance normale ?

C'est au tour de Lobo ;)
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Re: Ciné-Club Séance 100 ans naissance d'Eric Rohmer

Messagede euh... si vous le dites » 31/03/2020 00:14

jolan a écrit:Pour moi Rohmer n'est pas un vrai cinéaste, un vrai réalisateur de cinéma. C'est selon moi bien plus un écrivain qui écrit et sort des films – et certains comme celui-ci sont d'ailleurs très beaux – mais qui n'a aucun goût pour la réalisation. C'est pour cela que j'aime beaucoup ses scènes de dialogues, quasiment sans ellipses, on a l'impression de vivre un vrai moment avec les êtres filmés, et l'émotion en est plus forte (en tout cas ça fonctionne ici lors de la nuit chez Maud). Bien souvent, ses acteurs, qui récitent et sonnent faux renforcent cet aspect littéraire et non cinématographique. Mais il n'a aucun sens de l'image, aucun intérêt pour le cadre, pour la beauté cinématographique de son objet filmé. Ce qui lui importe, c'est le fond, non la forme. Ce qui nous donnera aussi beaucoup de films réalisés à la va-vite, comme à l'improviste, mal filmés, mal montés, proches de l'amateurisme – mais qui n'empêche pas la qualité intrinsèque. En fait, son style a toujours été vieux, paresseux, sans invention, dépouillé, le plus neutre possible.


J'ai trouvé ton analyse très intéressante mais je ne peux souscrire à cela.
Cette volonté de légèreté dans les moyens et dans les conditions de production, elle ne se marque vraiment qu'à partir du Rayon vert et c'est une évolution volontaire et pleinement assumée qui n'est pas motivée par un désintérêt pour la forme (même si elle se marque par des films qui peuvent paraître nonchalants).
Les Contes moraux, au contraire, sont formellement bien plus tenus.

Un cinéaste qui se désintéresse de la forme, pour moi, c'est un cinéaste étranger aux choix de mise en scène.
Rohmer n'appartient certainement pas pour moi à cette catégorie.
Quelle que soit la période, quel que soit le mode de production de ses films, j'ai toujours trouvé que Rohmer opérait de vrais choix de mise en scène, qu'il entend faire correspondre au propos qu'il entend tenir.

Bref, je crois qu'on pourrait discuter très longtemps du contenu de ce film, sans doute celui qui dit le plus de choses (même si je ne les partage pas puisque je suis athée - ou parce que je ne les partage pas, comme il est dit à un moment)


C'est marrant mais, moi qui suis également athée, je me suis souvent senti très proche des questionnements du personnage de Trintignant. D'ailleurs, je pense, comme il est dit à un moment dans le film (mais là sur le moment, je ne me souviens plus quand) que ces questionnements transcendent largement le contexte strictement religieux.

Sinon, je pense aussi que Trintignant n'a pas opéré un choix entre Maud et Françoise (il n'y a pour moi ni bon ni mauvais choix de sa part). Le film montre plutôt son cheminement vers ce qui devait être.
C'est Maud, avec beaucoup de finesse et d'intelligence (grâce au jeu magnifique de François Fabian), Maud qui n'est à aucun moment dupe de ce qui est en jeu, qui va amener à la cristallisation chez Trintignant des conditions nécessaires à l'avènement de ce qui devait être, à savoir l'aboutissement de sa relation avec Françoise.
Le film montre les étapes d'un jeu entre les personnages qui va aboutir à la réalisation de l'évidence annoncée de manière péremptoire en voix off dès le début du film par le personnage joué par Trintignant.
C'est mon interprétation.
Mais la question du libre-arbitre chez Rohmer et particulièrement dans ce film peut être longuement débattue, et des tas d'interprétations sont possibles.
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