jolan a écrit:The Fugitive Kind (L'Homme à la peau de serpent) – Sidney LUMET – 1959
Bon eh bien c'est un film intéressant, une belle découverte. J'avoue qu'en Lumet de début de carrière je n'ai pas vu grand chose, hormis "Douze hommes en colère", "La Colline des hommes perdus" et "Le Rendez-vous". Mais je vais creuser un peu plus dans cette période des premiers films en N&B.
Nous avons un joli petit plan-séquence d'ouverture de cinq minutes en gros plan sur Brando, histoire de bien rappeler qu'on est dans une adaptation de Tennessee Williams. Puis nous faisons la connaissance des différents personnages, tous très marqués par la vie et son lot de souffrances. Ici tout le monde est soit d'une grande bêtise naïve - comme la femme du shérif qui peint des croûtes pour donner un sens à sa vie - soit dévasté de tristesse, de solitude, de vide existentiel, ou de trop plein de vie conjugale, de désir des hommes, de désir des femmes, d'alcool, de drogue, ou tous les mélanges possibles et imaginables.
Une chose est sûre, personne n'est heureux, et on est dans du Tennessee pur jus, ce n'est pas Jean-Philippe Smet qui dirait le contraire. Et certains veulent donner une nouvelle orientation à leur existence, ou s'y voient contraints, comme la petite héritière légèrement barge jouée magnifiquement par une épatante Joanne Woodward. J'ai bien aimé le caractère poétique et intègre (quoique légèrement trop évaporé) du personnage de Valentin Xavier (Brando, tout en douceur et en lever de sourcils), même si je n'ai pas toujours compris ce mélange du oisif insouciant et du cérébral sensible. Mais on aime ce personnage, fort et complexe, et sa volonté de ne pas se laisser faire, de partir sur une nouvelle voie, de mener sa barque sans faire de vague.
Ce qu'il va néanmoins faire à l'insu de son plein gré. Je ne comprends d'ailleurs plus son personnage à partir du moment où il tombe dans les bras de Lady (Anna Magnani, parfaite), son prétendu "amour" pour elle et son acharnement à rester dans cette ville qui le rejette, à ne pas la quitter, ce qui le mènera à sa/leur perte. Je ne parlerai que brièvement du final, qui est d'une totale débilité doublée de ridicule, sa mort est d'un grotesque c'est pas possible, jamais tu meurs comme ça dans un pauvre cabanon de trois planches en feu parce que deux jets d'eau essaient de te pousser en arrière, au pire tu sors ou tu traverses la planche, bref.
Bon, donc nous avons une histoire à la Tennessee avec des personnages à la Tennessee, et ça passe, ce n'est pas ce que je préfère (mon film préféré tiré de son oeuvre reste "La Nuit de l'Iguane"), c'est trop souffreteux et grandiloquent, ça se donne trop des airs, ça fait parler les péquenots comme des livres (ce qui donne parfois de beaux moments), mais c'est son style, et au moins les caractères sont bien trempés, ce n'est pas fade.
Et sur le plan formel, une belle réalisation (hormis quelques perches micro sur certains plans) avec un très beau N&B (une réalisation en couleurs serait évidemment totalement hors sujet pour parler de la nature humaine et montrer la noirceur intérieure des êtres).
Ce sera donc la moyenne.
3/6
jolan a écrit:Koule.
Bon, en attendant, je vous soumets une petite liste pour la séance 100 en hommage à Luigina Lollobrigida (j'ai opté pour une grosse décennie, j'ai enlevé les péplums et autres films historiques)
1949 : La mariée ne peut attendre (La sposa non puo attendere) de Gianni Franciolini
1949 : Cœurs sans frontières (Cuori senza frontiere) de Luigi Zampa
1950 : Miss Italie (Miss Italia) de Duilio Coletti
1950 : La Fille de la nuit (Alina) de Giorgio Pastina
1950 : Dans les coulisses (Vita da cani) de Mario Monicelli et Steno 2pts
1951 : Amor non ho... però... però de Giorgio Bianchi
1951 : Traqué dans la ville (La città si difende) de Pietro Germi
1951 : Achtung! Banditi! de Carlo Lizzani
1952 : Une femme pour une nuit (Moglie per una notte) de Mario Camerini
1952 : Les Belles de nuit de René Clair
1953 : Les Infidèles (Le infedeli) de Mario Monicelli et Steno
1953 : La Marchande d'amour (La provinciale) de Mario Soldati
1953 : Plus fort que le diable (Beat the Devil) de John Huston 1pt
1953 : Pain, Amour et Fantaisie (Pane, amore e fantasia) de Luigi Comencini
1954 : La Belle Romaine (La Romana) de Luigi Zampa
1954 : Le Grand Jeu de Robert Siodmak
1954 : Pain, amour et jalousie (Pane, amore e gelosia) de Luigi Comencini
1955 : La Belle des belles (La donna più bella del mondo) de Robert Z. Leonard
1956 : Trapèze (Trapeze) de Carol Reed
1958 : Anna de Brooklyn (Anna di Brooklyn) de Vittorio De Sica et Carlo Lastricati
1959 : La Loi (La legge) de Jules Dassin 3 pts
1959 : La Proie des vautours (Never So Few) de John Sturges
1961 : Volupté (Go Naked in the World) de Ranald MacDougall et Charles Walters
1961 : Le Rendez-vous de septembre (Come September) de Robert Mulligan
1962 : La Beauté d'Hippolyte (La bellezza di Ippolita) de Giancarlo Zagni
1963 : La Mer à boire (Mare matto) de Renato Castellani
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