Brian Addav a écrit:Y'a les hackers de l'EIqui viennent de hacker (normal, c'est hackeurs) le site de la fédé de foot Taïwanaise.
http://www.ctfa.com.tw/
Oui, c'est drôle. Parce que bon, le foot ici, c'est du niveau du curling en France quoi. Donc ça va pas gêner grand monde.
Ensuite, les taïwanais se demandent pourquoi
![MDR [:kusanagui:6]](./images/smilies/kusanagui.gif)
(on essaie de leur expliquer que pour ces gens, c'est mal le foot). (déjà pour Charlie ça avait été dur à expliquer, là...)
Et ensuite, j'encourage ces abrutis à continuer, qu'ils s'attaquent à la Fifa, et je suis sûr que tout le monde se met d'accord dans la journée pour leur foutre sur la gueule une bonne fois pour toute
Bon, sinon, plus sérieusement, les inrocks ont sorti une itw de Miyazaki:
http://www.lesinrocks.com/2015/02/17/actualite/hayao-miyazaki-sur-charlie-hebdo-caricaturer-mahomet-etait-une-erreur-11563006/Il a le droit de le penser, mais j'ai vu plein de réactions de gens sur le sujet sur le thème "c'est normal, c'est la culture japonaise qui veut ça".
Moi je dirais plutôt que c'est la culture des vieilles générations japonaises.
Parce que côté des jeunes, lors de l'affaire des otages japonais, ils avaient lancé un concours de détournement des images de l'EI, y'en avait des gratinés
(et effectivement, certains vieux avaient taxé cela d'imprudence...

)
En lisant ce que disait Miyazaki, j'ai associé ça à l'interview de Chapatte dans le Monde il y a quelques jours (
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html) et notamment ces quelques phrases :
Ce que l’on dessine aujourd’hui dans n’importe quel coin d’Europe, nous dit-on, peut être vu désormais dans les rues de Karachi, de Lagos ou de Jakarta. Or l’humour, le trait d’esprit, sont culturels, ils se partagent avec un public délimité.
[...]
Je ne crois pas qu’on pourra se mettre d’accord sur un sens de l’humour global, commun à la planète.
[...]
La liberté d’expression n’a jamais été absolue, elle dépend du cadre dans lequel on s’inscrit, à commencer par le journal pour lequel on travaille, sa ligne, la sensibilité perçue de ses lecteurs. Et plus largement le périmètre de la société, chacune ayant ses propres tabous
Ce que j'en conclus, c'est qu'on peut difficilement avoir le multiculturalisme ET la liberté d'expression débridée, ensemble.
La France n'est plus aujourd'hui le pays peuplé de blancs et de chrétiens qu'il était il y a encore 50 ans (y compris les immigrés d'alors, issus d'Europe) : certains s'en réjouissent, d'autres s'en lamentent, la plupart s'en accommodent.
Dans ce pays blanc et chrétien, on pouvait être en désaccord sur plein de choses, mais les us et coutumes étaient partagés par l'immense majorité de la population, et sans doute que chacun savait et comprenait ce qui pouvait choquer le voisin.
Et si par hasard on se moquait de ce qui se passait dans d'autres pays, pour d'autres religions, d'une part cela ne touchait personne en France, mais en plus ça ne sortait sans doute guère du pays, donc conséquences nulles.
Le multiculturalisme, c'est pour moi non des communautés qui se mélangent, mais des communautés qui en premier lieu coexistent (avec du mélange aux frontières, ils ne s'agit évidemment pas de groupes étanches), comme l'eau et l'huile (cf. De Gaulle) : mon voisin d'une communauté différente, je le connais, je le respecte en tant qu'homme (au mieux !), je connais un peu sa communauté (ses us, coutumes, principes, llimites, ...) mais je ne suis pas dans sa communauté, par définition, et je suis donc forcément limité dans ma compréhension ... comme lui l'est dans la compréhension de ce que je suis dans ma communauté.
Et donc la liberté d'expression n'a pas les mêmes limites pour moi que pour lui ; je recite Chapatte :
on ne rigole pas de l’holocauste dans nos sociétés, et on ne dessine plus les noirs à la façon de Hergé. En Russie, il est mal vu de s’en prendre à l’Eglise orthodoxe. Au Maroc, dessiner le roi vaut des condamnations,
Et on voit ça très bien post-Charlie hebdo : on célèbre la liberté d'expression, mais on poursuit Dieudonné et quelques autres abrutis pour "apologie du terrorisme" ! quel paradoxe ...
le "vivre ensemble", autrefois ce n'était pas très compliqué parce qu'o était grosso modo tous les mêmes, et qu'on avait tous les mêmes limites quant à la liberté d'expression (en gros) ; aujourd'hui qu'on est beaucoup plus différent, si on veut "vivre ensemble", il faut accepter de limiter notre liberté d'expression, de nous auto censurer.
Ou alors, il faut admettre que ceux qui disent que ce "vivre ensemble" n'est plus possible ne sont pas si éloignés de la vérité ...