Cooltrane a écrit:je vais en librairie quasi tout les dimanches et achète (dans 90% des cas) au minimum une BD (...)
déjà trop vieilli pour me laisser embarquer dans ces trucs... (...)
Maintenant le gars qui regarde les séries téloche avec trois morts par minutes, il risque de ne pas piger... tant pis pour lui...
C'est difficile, de comprendre les autres générations, hein ?
On a tous l'impression qu'avec l'expérience, on SAIT désormais ce qui est bon et ce qui est nul.
Sauf qu'on trouve ceci bon et ceci nul PARCE QUE on a ce vécu... qui est particulier à NOTRE génération et aux goûts (et dégoûts) de NOTRE génération.
Et on oublie qu'on est tous plus ou moins passé par des périodes qui correspondent aux âges respectifs et aux besoins de cet âge :
- enfant, on adore l'humour et le rêve, les exagérations et un certain romantisme
- adolescent, on préfère les moments forts et intenses (y compris de l'action et une certaine violence) On aime aussi tout ce qui dézingue le système (BD trash, osées et satiriques)
- adulte, on préfère les histoires plus construites, plus "vraies", avec une psychologie plus profonde et une réelle originalité. On est lassé des clichés, des BD marketing et des modes exploitées à tout va. Plus c'est équilibré, humain, dans une vision d'artiste très personnelle, plus on apprécie.
- vieux, on redevient nostalgique des BD de notre enfance (qui ne nous ont jamais vraiment quittées, mais qui redeviennent importantes pour nous) tout en essayant de trouver encore quelques BD d'adulte à peu près valables (et on est tellement difficile que c'est dur !). On a quand même tendance à accumuler en râlant, mais en espérant toujours...
Sans compter que le marché de la BD a évolué d'une certaine manière, en parallèle à notre propre évolution. Et qu'on a donc participé à cette évolution, suivi (ou évité) les modes et réorienté nos goûts en fonction de ce qui sortait et de l'évolution des artistes eux-mêmes qui étaient influencés par d'autres pays et ont travaillé en fonction de ce qu'ils pouvaient faire (ou voulaient faire si possible) dans le cadre étroit proposé par les éditeurs.
Or, les jeunes découvrent la BD dans un tout autre cadre que le nôtre : un médium qui n'est plus le préféré des jeunes, une niche un peu geek, qui survit sur les traces d'anciennes gloires, sous le joug d'un lectorat âgé qui ne comprend pas trop ça, d'artistes paupérisés, d'éditeurs traditionalistes obsédés par les chiffres, d'un piratage constant (dont les jeunes sont les premiers à profiter), et d'une perte de souffle artistique en faveur des jeunes.
On se recroqueville dans ce qui reste du passé glorieux de la BD, et on est tout content de trouver encore, parfois, bien trop rarement, quelques étincelles de génie... qui n'est hélas possible qu'à destination des vieux !
Le marché tourne en rond parce qu'il n'y a pas de renouvellement.
Et ce renouvellement passe par la jeunesse.
Jeunesse qui est obligée de trouver ce renouvellement dans d'autres pays (qui eux-mêmes se mettent à stagner et à péricliter !).