John Nemo a écrit:danielsansespace a écrit:Donc c’est celui qui a payé la planche qui serait un voleur?
Et l’autre, là, le juge, l’État, l’administrateur,…. qui lui prendrait ensuite sa planche, sans contrepartie, ce serait celui-là le gentil?
Et c’est ça qui serait moral?
![Maboule [:my name snake:2]](./images/smilies/mynamesnake.gif)
Oui !
Les acheteurs savaient bien que les planches provenaient de la fondation Jacobs, et qu'elles étaient théoriquement 'bloquées".
Certains ont été trop tentés de quand même en acheter en douce, même en sachant leur provenance douteuse.
Donc, oui, ces planches ont été volées, et elles sont susceptibles de devoir être restituées sans aucune contrepartie.
Je vais réécrire ce que j'ai déjà écrit, mais soit: quand les dessins et planches ont commencé à sortir, évidemment que tout le monde s'est posé la question. Les collectionneurs ne sont pas idiots. Ca a commencé par de premiers dessins via une source qui n'est pas mentionnée dans le DBD (probablement une source journalistique) également début 2000 ou un peu avant, puis des cases encrées, des bouts de planches, des planches crayonnées et des planches encrées. Ces planches étaient proposées au début discrètement, on en a discuté ici. Puis de manière de plus en plus transparente, avec des ventes aux enchères, dans articles dans les journaux, dans les galeries d'art et dans les foires internationales d'art, chez Sotheby's et Christies et jusqu'à finalement la vente officielle chez Maghen. Pendant 20 ans, absolument personne n'a réagi.
Les administrateurs étaient parfaitement au courant, c'était partout dans la presse qui célébrait des records du monde pour un père fondateur de la bd franco-belge. Le DBD faisait aussi des articles: certains originaux publiés dans cet article-ci viennent d'articles d'époque promouvant la force de Jacobs et les ventes aux enchères pour cet auteur. Ca c'est pour la partie publique.
Dans la partie administrative et comptable, on sait que Jacobs voulait tout mettre dans la fondation, qu'il n'avait pas 7 planches et qu'il manquait les dessins de l'opéra de papier et il me semble une couverture du journal tintin présentée à l'expo de la poste en 97. On sait aussi qu'il n'a pas payé les droits d'enregistrement des biens dans la fondation, et qu'on ne peut pas accéder à l'inventaire notarial décrivant ce qui était inclus lors de la création de la fondation (j'ai essayé).
Donc on est aussi allé voir les bilans et les actifs de la fondation. C'est pas compliqué, c'est de l'info publique. La fondation n'a jamais mis à son actif quoi que ce soit. Techniquement elle ne possède rien, ou n'a jamais rien déclaré comme tel. D'un point de vue officiel, elle a déclaré pendant toute sa vie ne rien posséder.
En tant que collectionneur, au bout de 10, 15, 20 ans de pièces dont les prix sont célébrés dans la presse et d'un point de vue administratif bein ça a l'air bien vide, on se dit "ok je pensais que c'était à la fondation, j'ai du me tromper, pourquoi ne pas y aller et éviter de laisser tout filer". Alors les planches encrées étaient trop chères pour moi mais j'aurais eu l'argent honnêtement j'aurais probablement plongé aussi quand Maghen les a montrées.
Et quand de nouveaux entrants sont entrés vers 2016 dans la collection de planches originales, ils ont regardé dans le rétro, vu pleins de ventes officielles dans des maisons prestigieuses de ventes aux enchères, 15 ans de traces, et une presse unanime, franchement pourquoi auraient-ils douté un instant de légitimité de leurs achats?
Je pense personnellement que le point d'achoppement ce n'est pas les originaux, c'est la liquidation de la fondation et l'amorce de passage des droits dérivés de B&M à la fondation Moulinsart. Et négocier avec Nick Rodwell ça a l'air d'être une autre paire de manche que négocier avec Biermé. C'est là que l'angle d'attaque choisi fut la vente des originaux pour faire sauter la liquidation et reprendre la main sur la fondation pour éviter de devoir négocier. On voit d'ailleurs maintenant que l'éditeur est devenu administrateur dans la fondation, ce qui pose la question de juge et partie sur l'héritage moral de Jacobs. Mais ça c'est une autre question. Je peux me tromper, mais c'est ainsi que j'interprète les choses.