Je découvre ce topic, et comme moi aussi, je ne supporte pas les fautes d'orthographe, j'en profite pour intervenir sur le sujet, en essayant d'expliquer comment se passent les choses, au moins pour ce qui me concerne.
Tout d'abord, en tant que scénariste, je mets un point d'honneur à relire à plusieurs reprises mon texte, aussi bien du point de vue de l'orthographe, que de la grammaire et de la syntaxe. Je le fais d'autant plus que le texte a tendance à être modifé au fil de l'écriture. Il faut savoir que dans une BD, le texte est inséré dans les bulles au tout dernier moment - en tout cas, lorsque le lettrage est réalisé à l'aide de l'informatique par un lettreur qui n'est pas le dessinateur (cf. les remarques sur certains dessinateurs qui remplissaient eux-mêmes leur bulle et qui n'hésitaient pas à faire de gros pâtés ou pire, à écrire une lettre au-dessus du mot avec un symbole d'insertion !!!). Du coup, le texte peut évoluer et être modifié/corriger jusqu'au dernier moment.
Donc, au fil des semaines, je me relis régulièrement. Par ailleurs, mon texte est lu, relu et re-relu par mon éditeur "exécutif" (je dis ça comme ça car son rôle ressemble beaucoup à ce qui se passe dans le cinéma), en l'occurence David Chauvel, qui est plutôt vigilant à tous les niveaux.
Enfin, à l'approche de la phase d'impression, mes textes sont passés entre les mains d'une autre personne ayant charge d'édition, chez Delcourt, et qui avait pour avantage de découvrir mon texte (ce qui permet de détecter plus facilement les fautes).
Au final, sur mes 2 albums, les textes sont passés entre les mains de 3 personnes. Aucun d'entre nous n'est officiellement "relecteur", mais je trouve que ça fait partie du boulot d'auteur et de celui d'éditeur que de savoir relire les textes à la recherche des erreurs.
Au bout du compte, on n'est jamais à l'abri d'une coquille, mais je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup qui soient passées au travers dans mes albums.
Ceci dit, pour avoir assumé le rôle de correcteur sur des ouvrages de jeu de rôles auxquels j'ai participé, avec des textes beaucoup plus conséquents en termes de volume que dans un album de BD, je sais qu'il n'est pas évident, même lorsqu'on est "bon" en orthographe, de tout voir.
En dehors des fautes d'orthographe, il y a la question du langage (à ce sujet, il m'arrive moi aussi de faire spontanément la faute "language", influencé par l'anglais !!!), et à ce niveau, il appartient au scénariste de le maîtriser en fonction de ses personnages. Si le scénario se déroule en France aujourd'hui, ça ne me choque pas qu'un ado parle "ado", même si je n'apprécie pas personnellement le langage "djeunz" et l'écriture SMS. En revanche, sur une BD historique, le style d'écriture doit être adapté, sans pour autant tomber dans l'extrême qui tend à reproduire le langage d'époque, qui ne serait pas aisé à lire.
En ce qui me concerne, lorsque j'ai écris COPS, je me suis interrogé sur certaines répliques, et j'ai parlé à David de mes doutes face à certains dialogues très crus. Notre conclusion a été que si nous voulions que les personnages issus de "la zone" soient crédibles, il fallait garder ces dialogues très crus et grossiers. La difficulté étant de ne pas faire du grossier pour du grossier mais de trouver le langage grossier qu'utiliserait ce genre de personnage.
Et au bout du compte, lorsqu'on relit ce genre de texte, qui a tendance à maltraiter l'orthographe, la syntaxe et la grammaire, ce n'est pas toujours facile de savoir ce qui est "correct" et ce qui ne l'est pas.
Pour autant, au moins pour l'expérience que j'en ai, mes éditeurs et moi-même avons été très attentifs aux textes, en espérant que s'il reste des fautes, c'est anecdotique.
Maintenant, je ne sais pas comment procèdent les autres auteurs et éditeurs...