Oncle Hermes a écrit:
Batman Rebirth (VO) (ou peut-être plus exactement "Batman version REBIRTH", pour rester cohérent avec la distinction typographique que j'ai essayé de faire) est la série publiée depuis cet été aux États-Unis. Et ça, pour le coup, c'est très très bien. J'avais commenté les premiers numéros dans le topic généraliste sur REBIRTH que j'ai créé (et que je n'ai pas poursuivi avec autant d'ardeur qu'initialement envisagé, mais faut dire aussi que ça n'avait pas l'air d'intéresser grand monde).
Oncle Hermes a écrit:
J'ai relu grâce à Urban ce récit que j'avais plus ou moins survolé en v.o. il y a quelques années. Une fois n'est pas coutume (votre serviteur confessant ordinairement un biais "littéraire"), c'est surtout l'aspect graphique dû au grand Bernie Wrightson que j'en avais retenu. Après relecture, il se confirme pour moi que le scénario est plus... oubliable.
Même si ce n'est pas forcément le meilleur travail de Wrightson, celui-ci (bien aidé, mentionnons-le au passage, par les couleurs un peu, hum, "hors normes" de Bill Wray) s'y entend pour donner une atmosphère toute cauchemardesque à ce récit. Certaines pages et double-pages sont particulièrement marquantes ("Bienvenue en enfer... bienvenue en enfer... bienvenue en enfer..." ), mais globalement Wrightson, même hors des "moments de bravoure" graphiques, imprime à tout le récit une ambiance lourde et oppressante entre deux éclats expressionnistes, une association qui sied évidemment fort bien à une histoire du Chevalier noir.
Côté scénario, il se trouve que je n'ai jamais été un grand fan des talents de conteur de Jim Starlin. À tout prendre, ce Culte reste néanmoins parmi les choses que j'apprécie le plus parmi les quelques titres (forcément pas hyper nombreux non plus, pas la force des choses) que j'ai lus de lui. J'y trouve pas mal d'idées intéressantes, mais hélas je trouve aussi... à redire sur l'exécution.
S'il n'y a rien à redire dans l'absolu au choix de montrer un Batman mis en position de faiblesse, je trouve Le Culte un peu lourd sur la question avec un Batou tout de même un peu "facilement" (pour les standards super-héroïques, s'entend) brisé et endoctriné, et surtout qui semble passer la majorité du temps à geindre. Même quand il reprend du poil de la bête dans le dernier quart du récit (par le biais d'une scène sur laquelle je pourrais écrire un paragraphe entier, mais passons), c'est encore un Batman fort diminué qui nous est donné à voir - qui, pour atteindre son objectif, laisse par exemple une femme se faire longuement lyncher sans prendre le risque de lui venir en aide.
En face, d'autre part, Starlin construit un antagoniste sur des prémices originales et a priori fort intéressantes. Malheureusement, à force de vouloir arroser large (on comprend pourquoi à la lecture de la préface, ceci dit), le scénariste rend, à mon sens, le personnage par trop inconsistant : c'est un illuminé mais un manipulateur hypocrite mais un immortel mais un simple escroc mais il veut quand même une mort de martyr... Ces amalgames contradictoires diluent en un simple portrait composite des gens-que-n'aime-pas-Jim-Starlin le potentiel de ce Savonarole des bas-fonds.
Restent tout de même quelques idées assez fortes comme la canalisation du désir de revanche des marginaux et autres SDF et la "prise de la ville" de Gotham qui semble annoncer en raccourci No Man's Land, plus la critique du discours médiatique avec les cases / écrans de télé empruntées directement à Miller, si je ne m'abuse. (Soit dit en passant, j'en viens tout de même brusquement à me demander combien de maires de Gotham se sont faits buter au fil des ans. Tu parles d'un poste à risque !)
Le traitement graphique de Wrightson emporte le tout même s'il est plus à l'aise dans les sous-terrains infernaux et macabres que dans la grosse scène d'action à base de véhicules démesurés. Mais à mon sens c'est surtout à lui plus qu'à Starlin qu'on doit le caractère marquant du titre, dans la mesure où il parvient à exprimer par son dessin la force de choses que le scénariste, trop souvent, ne fait qu'esquisser de façon un peu brouillonne.
Oncle Hermes a écrit:Pour rester sur l'exemple de Batman, dans la série Justice League de cette époque (par Bryan Hitch) on trouve dans l'équipe un Batman "classique", avec Bruce Wayne sous le masque. Mais dans la série Batman publiée au même moment (suite et fin du run de Scott Snyder débuté au lancement des NEW 52), Bruce Wayne n'est plus que... Bruce Wayne, millionnaire oisif : Batman, c'est l'inspecteur Gordon, dans une armure à grandes oreilles. Parce que... euh... parce que.
Oncle Hermes a écrit:Le résultat est une catastrophe à tellement de points de vues que l'expérience DCYOU prend fin moins d'un an après son lancement.
Oncle Hermes a écrit:(la série Detective Comics allant d'ailleurs jusqu'à reprendre sa numérotation là où elle s'était arrêté six ans plus tôt)
Oncle Hermes a écrit:J'avais commenté les premiers numéros dans le topic généraliste sur REBIRTH que j'ai créé (et que je n'ai pas poursuivi avec autant d'ardeur qu'initialement envisagé, mais faut dire aussi que ça n'avait pas l'air d'intéresser grand monde).
Bigwolf a écrit:Je qui me surprend dans ta chronique et que tu ne dis pas Oncle H, c'est que The Cult est une vieille histoire du Bat : elle date de 1988 (89 pour la VF). Certes la révolution DK était en route mais il n'était quand même pas courant de voir la chauve-souris se prendre une peignée de cet ordre et être entrainé dans un univers particulièrement hardcore et si sombre. Peut-être que maintenant cette violence peut sembler commune et le dézingage de Batman comme une clef (presque) nécessaire à tout run (et qui à tendance à me souler). En 1989 les quatre volumes édités par Comics USA (pour l'avoir lu à l'époque) m'avait marqué entre autres (comme tu le soulignes) par la place des "marginaux" (les guillemets sont de rigueur) comme entité en soi.
Et c'est vrai que (re)lire aujourd'hui Enfer blanc/Cult a presque un côté... dépassé (?) Pour moi, ce titre a sa place sur les essentiels du Bat des années 80.
Bigwolf a écrit:Et un mot sur Starlin, il a quand même apporté un regard bien à lui dans un certains nombre de titres à une époque où la norme était de pas trop la toucher la nome justement
Tireg a écrit:Oncle Hermes a écrit:Pour rester sur l'exemple de Batman, dans la série Justice League de cette époque (par Bryan Hitch) on trouve dans l'équipe un Batman "classique", avec Bruce Wayne sous le masque. Mais dans la série Batman publiée au même moment (suite et fin du run de Scott Snyder débuté au lancement des NEW 52), Bruce Wayne n'est plus que... Bruce Wayne, millionnaire oisif : Batman, c'est l'inspecteur Gordon, dans une armure à grandes oreilles. Parce que... euh... parce que.
La série JLA de Bryan Hitch n'est pas du tout à la même époque que la série Batman où Gordon est Bat-Chappie. Il a été dit dans la com de DC que cette série s'intégrait à la suite du 1er run de Johns des New52, donc dans le passé (aux alentours de la 2e année de cette nouvelle continuité je dirais).
Tireg a écrit:Pour un meilleur parallèle, il y a la série Justice League, avec toujours Johns aux commandes, qui pour le coup est totalement hors continuité, alors qu'elle est supposée se dérouler à la même période que les séries de Batman, Superman, etc...
Tireg a écrit:Oncle Hermes a écrit:Le résultat est une catastrophe à tellement de points de vues que l'expérience DCYOU prend fin moins d'un an après son lancement.
Yavait quand même de bonnes idées, faut pas tout jeter non plus !
Tireg a écrit:Oncle Hermes a écrit:(la série Detective Comics allant d'ailleurs jusqu'à reprendre sa numérotation là où elle s'était arrêté six ans plus tôt)
Idem pour Action Comics (oui bon là c'est pour me la ramener aussi)
Tireg a écrit:Oncle Hermes a écrit:J'avais commenté les premiers numéros dans le topic généraliste sur REBIRTH que j'ai créé (et que je n'ai pas poursuivi avec autant d'ardeur qu'initialement envisagé, mais faut dire aussi que ça n'avait pas l'air d'intéresser grand monde).
Ben moi ça m'intéresse vachement de savoir s'il y a des séries à suivre dans les nouveautés (j'ai un peu de retard, je viens de commencer Secret Six de la nouvelle continuité, et j'ai Prez qui pourrait suivre), et tu es un bon prescripteur pour moi.
Oncle Hermes a écrit:Tireg a écrit:Oncle Hermes a écrit:Pour rester sur l'exemple de Batman, dans la série Justice League de cette époque (par Bryan Hitch) on trouve dans l'équipe un Batman "classique", avec Bruce Wayne sous le masque. Mais dans la série Batman publiée au même moment (suite et fin du run de Scott Snyder débuté au lancement des NEW 52), Bruce Wayne n'est plus que... Bruce Wayne, millionnaire oisif : Batman, c'est l'inspecteur Gordon, dans une armure à grandes oreilles. Parce que... euh... parce que.
La série JLA de Bryan Hitch n'est pas du tout à la même époque que la série Batman où Gordon est Bat-Chappie. Il a été dit dans la com de DC que cette série s'intégrait à la suite du 1er run de Johns des New52, donc dans le passé (aux alentours de la 2e année de cette nouvelle continuité je dirais).
Oui, c'est bien ce que je disais : du point de vue intradiégétique (désolé de sortir les gros mots ), les histoires sorties pendant cette année-là sont censées pouvoir prendre place à n'importe quel moment de n'importe quelle continuité ; il n'en reste pas moins (du point de vue extradiégétique cette fois) que ça sortait bien en même temps.
Oncle Hermes a écrit:Tireg a écrit:Oncle Hermes a écrit:Le résultat est une catastrophe à tellement de points de vues que l'expérience DCYOU prend fin moins d'un an après son lancement.
Yavait quand même de bonnes idées, faut pas tout jeter non plus !
Tiens, d'ailleurs, dans le prochain Batman Univers HS en kiosque, il y aura We Are Robin, qui était plutôt pas mal. Mais bon, je faisais un panorama à grands traits, hein. Après, ouais, même en cette année de vaches maigres, il y avait quand même quelques perles (je pense aux mini-séries Omega Men et Superman: American Alien, en particulier) et une ou deux séries régulières qui tenaient la route, ce qui dans le marasme général n'était pas loin de suffire à les faire paraître exceptionnelles. Mais dans l'ensemble, c'était quand même plutôt la cata, et vu la rapidité avec laquelle ils ont mis un terme au truc et fait un virage à 180°, je ne devais pas être le seul à le penser.
Bigwolf a écrit:de façon générale, je dirais que c'est toujours le problème avec des œuvres "anciennes" (qu'on parle de comics, ou, par exemple, de cinéma, ou de musique ou de littérature...) : ça suppose une certaine dose de remise en contexte pour apprécier des choses par rapport aux standards de leur époque, mais de l'autre côté, si je lis quelque chose, c'est pour y trouver du plaisir, et ce plaisir je l'éprouve majoritairement en tant que lecteur / spectateur / auditeur d'aujourd'hui, quel que soit "l'écart" intellectuel que je sois susceptible de faire par ailleurs.
Victor Hugo ou Shakespeare, ce n'est pas génial "parce que c'est vieux", ou "en dépit du fait que c'est vieux", ou même "pour l'époque", c'est génial, point.
C'est intéressant cette réflexion sur la temporalité des œuvres. Je me souviens d'avoir relu Un deuil dans la famille (que tu évoques par rapport à Starlin) en m'étant fait la réflexion : whoua ! C'était hardcore... pour l'époque (je l'ai lu assez tard par rapport à sa sortie qui en VO est en 1988 et... 2003 pour la VF chez Semic (une éternité...). Tu fais une comparaison avec Shakespeare et V. Hugo que je trouve passionnante : la BD est une art nourrisson, un bébé au regard des autres arts (les numéros 1à 7)
Qu'est ce qui sera un chef-d'œuvre du 9e art dans 200 ans ?
Qui sera dans le panthéon des dessinateurs et/ou scénaristes ? Fuck ! je donnerai bien deux doigts pour être une souris et regarder qui reste des XXe et XXIe siècles (Hergé ? Pratt ? Moore ? Larcenet [blague])
Le temps qui est une notion bien spécial au jour d'aujourd'hui érode à une vitesse grand V ce qui était au top.
Qui se souvient des trois quarts des Goncourt ? Orange Mécanique de Kubrick était à sa sortie la quintessence de la violence, aujourd’hui, c'est niveau Disney...
Même Watchmen passera au Karcher du temps : la possibilité d'être éradiqué par une guerre nucléaire semble incongrue aux kids de maintenant...
Tireg a écrit:D'un autre côté, pour me faire l'avocat du di(dio)able, le tout premier arc de Justice League New52 par Johns et Lee se situait déjà 5 ans dans le passé. On ne peut pas dire que ça ait posé problème que ça sorte en même temps que Batman, Superman etc... Idem pour Wonder Woman, qui se situait vraiment hors de la continuité dès le début, et qui pourtant était récupéré par les autres séries...
Oncle Hermes a écrit:malgré la qualité de pas mal de séries
Oncle Hermes a écrit:Mais je ne me répète, je trouve le DCYOU bien plus enthousiasmant que les New52, ne serait-ce qu'en termes de diversité et de qualité.
Bigwolf a écrit:C'est intéressant cette réflexion sur la temporalité des œuvres. Je me souviens d'avoir relu Un deuil dans la famille (que tu évoques par rapport à Starlin) en m'étant fait la réflexion : whoua ! C'était hardcore... pour l'époque (je l'ai lu assez tard par rapport à sa sortie qui en VO est en 1988 et... 2003 pour la VF chez Semic (une éternité...). Tu fais une comparaison avec Shakespeare et V. Hugo que je trouve passionnante : la BD est une art nourrisson, un bébé au regard des autres arts (les numéros 1à 7) Qu'est ce qui sera un chef-d'œuvre du 9e art dans 200 ans ? Qui sera dans le panthéon des dessinateurs et/ou scénaristes ? Fuck ! je donnerai bien deux doigts pour être une souris et regarder qui reste des XXe et XXIe siècles (Hergé ? Pratt ? Moore ? Larcenet [blague]) Le temps qui est une notion bien spécial au jour d'aujourd'hui érode à une vitesse grand V ce qui était au top.
Qui se souvient des trois quarts des Goncourt ? Orange Mécanique de Kubrick était à sa sortie la quintessence de la violence, aujourd’hui, c'est niveau Disney...
Même Watchmen passera au Karcher du temps : la possibilité d'être éradiqué par une guerre nucléaire semble incongrue aux kids de maintenant...
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