Brian Addav a écrit:Je te prends pour exemple, désolé.
Je ne suis pas un lecteur lambda de bd. De par mon histoire, mon expérience, etc. Mais perso, je sais qui tu es.
Xavier Guilbert, ce n'est pas que la numérologie, c'est aussi du9.
ça représente qq chose pour un certain type de BD.
Donc, quand Xavier Guilbert dit qu'il n'a jamais entendu parler de Béatrice Tillier, ni rien lu d'elle, sous ce prisme là, je le comprends, et je ne suis pas étonné.
Par contre, que Xavier Guilbert, qui travaille pour le plus grand festival BD n'ait jamais entendu parler de Béatrice Tillier, ni rien lu d'elle, là j'ai un problème.
Désolé, ça tombe sur toi, mais ça en dit long sur l'orientation du Festival.
Je ne le prends pas comme une attaque personnelle, rassure-toi (et ton post était très clair sur le sujet, donc merci).
Pour Béatrice Tillier, j'ai dit que le nom ne me disait rien. Par contre, en cherchant, je me suis rendu compte que oui, j'avais lu certains de ses bouquins, mais ils ne m'ont pas marqué plus que d'autres. C'est une nuance super importante (on voit d'ailleurs ici quelques posts de certains qui découvrent que, oh surprise, ils ont un Julie Doucet quelque part dans leur bibliothèque alors qu'ils n'en avaient jamais entendu parler avant).
Je reçois, dans le cadre de la Sélection d'Angoulême, environ 700 bouquins par an. J'en lis (parce que c'est un boulot, un engagement que j'ai pris et dont je veux m'acquitter le plus sérieusement possible) à peu près 500. Les 200 qui sont écartés sont généralement ceux qui arrivent trop tard (et pas de chance, après deux mois à se faire des sessions de lecture tous les soirs, on sature), ceux qui ne tombent pas dans notre périmètre (relevant du Comité Série, en particulier), et quelques bouquins qui, à première vue, n'ont aucune chance de me plaire -- mais ces derniers sont ultra minoritaires, une dizaine tout au plus.
(pour donner une référence: quand je ne faisais pas partie du Comité de Sélection, je lisais environ 300 bandes dessinées par an. Depuis que j'y suis, je tourne autour de 800)
Je lis de tout, quel que soit l'éditeur ou l'origine géographique ou l'orientation sexuelle de l'auteur ou de l'autrice. Je l'ai souvent répété ici, je le répète encore: notre approche, dans cette sélection, est une approche d'ouverture. Ce qui ne veut pas dire que l'on cesse d'être exigeant. Et donc, on fait le tri entre ce qui, à nos yeux, ressort du simple divertissement, ce qui n'atteint pas ses ambitions et ce qui, au contraire, nous enthousiasme et nous remue.
Et à ce sujet, je tiens à souligner que oui, je suis le Xavier Guilbert de du9, mais qu'une fois de plus, l'éventail de mes lectures et de mes goûts est plus large que la vision souvent caricaturale que l'on peut avoir de l'approche du site. Non, du9 n'est pas un site qui ne s'intéresse qu'à des trucs super-obscurs de micro-édition. La liste des entretiens montre au contraire qu'on embrasse beaucoup plus largement la bande dessinée, et que du9, comme on l'écrit dans un des éditos, est avant tout "une lecture de la bande dessinée".
Brian Addav a écrit:Que vous le vouliez ou non, vous avez un biais de représentation.
Cad que pour beaucoup de gens, qq soit leur rapport à la BD, vous incarnez un certains courants, et ce n'est pas le plus "majoritaire" pourrait-on dire.
"Majoritaire"? Si on parle de courant majoritaire, Angoulême devrait être le festival du manga.
Il faut arrêter avec cette idée que la bande dessinée classique serait "majoritaire", quand les chiffres de vente (puisque ce sont souvent ceux que l'on ressort pour évoquer le côté "populaire") démontrent bien le contraire. L'un des plus grands succès d'édition de ces dernières années, c'est L'Arabe du Futur. Le top 2021 est clair: si on met de côté Astérix et la BD jeunesse, hors manga, on a Blake & Mortimer, Blacksad et Le Monde sans fin de Blain. Puis Les Cahiers d'Esther, Je m'appelle Kylian et Sapiens (et c'est tout pour le top 100). Donc la bande dessinée classique "majoritaire", il faut arrêter avec ça.
BDGest a un biais, les participants à ce sujet en ont un encore plus marqué à mon sens, il faut aussi le reconnaître. Et la réalité des choses est très éloignée, par exemple, de la vision que peut en avoir yanzeman.
Brian Addav a écrit:Le grand jeu quand sort la liste des nominés, c'est quand même de savoir qui en a lu le plus, ou le moins, c'est pas glorieux pour un tel festival.
Et ça se répercute sur l'attribution du Grand Prix. Que vous le vouliez ou non, que vous vous en défendiez à juste titre.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire par "c'est pas glorieux".
Ce qu'il faut comprendre, et la réaction de Glénat (qui boycotte parce que bouh, on m'a pas sélectionné, mais qui a dû venir chercher avec plaisir le prix qu'il a reçu hier) en est un bon exemple: le Festival existe en collaboration avec les éditeurs. Mais le Festival a sa légitimité par la pertinence de ses prix et de sa proposition artistique. La Sélection Officielle est un choix assumé d'une vision de la bande dessinée, et il faut bien comprendre que ce choix peut mettre en danger la collaboration avec les éditeurs, et par conséquence la pérennité de la manifestation. On se souvient que Dupuis a longtemps boudé le Festival, même chose pour Soleil en son temps.
Si le Festival était aussi cynique que vous semblez le penser (et quand je dis "vous", c'est la vox populi du forum, pas toi en particulier), la solution la plus simple serait de caresser les éditeurs dans le sens du poil et de faire la Sélection la plus consensuelle possible. Et puis de faire du "facile" côté expositions ou rencontres, un peu comme peu le faire un Japan Expo, par exemple.
Le Festival assume sa position, c'est étrange que tu dises que ce n'est pas assumé. Il y a une volonté de soutenir la création, mais également de représenter la bande dessinée dans toute sa richesse. Cette année, on a une exposition Chris Ware et une exposition Mortelle Adèle, on a Shigeru Mizuki et Tatsuki Fujimoto, on a René Goscinny et Christophe Blain, il y a l'expo Aude Picault et des animations autour des Enfants de la Résistance. Bref, une volonté d'ouverture dont devraient s'inspirer beaucoup des détracteurs du Grand Prix 2022 qui viennent se plaindre ici.