Nirm a écrit:Et ce genre d'exposition, comme pour Mizuki, ça se travaille sur combien de temps ?
Par exemple, êtes-vous déjà en train de bosser sur celles de l'an prochain voire des années suivantes ?
Cette année, du fait des circonstances que l'on sait, ça a été un peu plus ramassé que d'habitude. Mais le travail n'est pas encore terminé, puisqu'il reste à finaliser la scénographie, et puis il y aura le montage début janvier (mais là, ce sera du ressort des équipes logistiques).
De manière générale, on est sur une production qui s'étale sur six moins environ, avec une grosse phase de gestation. On commence par relire, discuter, commencer à jeter quelques lignes directrices et des idées, à voir ce que l'on peut trouver comme documents pertinents (généralement pas grand-chose en langue occidentale, malheureusement).
Et puis on fait une sélection de planches qu'on aimerait bien, on essaie de la ramener à une dimension raisonnable (parce qu'on commence toujours avec 500 ou 600 planches, et qu'on n'a droit qu'à 200, ce qui est déjà énorme). Là, on commence à discuter avec les ayant-droits, parce que les planches ne sont pas toujours disponibles (perdues, trop fragiles, exposées ailleurs, etc.).
Dans le timing idéal, ça se fait sur l'été, et au moment de la rentrée on attaque les choses sérieuses: on organise tout ça en grandes parties, on voit quel genre de thématiques on peut rajouter, on complète parfois la sélection en fonction, et on commence à rédiger le catalogue. La rédaction, c'est un moment assez étrange, à la fois super intense mais également incroyablement fécond, où on découvre des trucs sur l'auteur et son oeuvre. C'est le moment particulier aussi où on a toute l'oeuvre dans la tête, bien organisée, et c'est assez fascinant.
Ensuite, on entre dans la phase de relecture, assez rébarbative mais nécessaire. En parallèle, on commence à mettre en place l'exposition avec un déroulé, les textes des cartels, et à discuter avec les scénographes pour voir comment on va faire entrer tout ça dans l'espace qui nous est consacré (on a de la chance, on est toujours au même endroit, donc on connaît les avantages et les inconvénients de la salle, c'est pratique).
Fin octobre début novembre, le catalogue passe à la maquette. On procède aux derniers ajustements des textes, et puis nouvelle phase de relecture. On corrige, on rectifie, on se rend compte qu'on a encore des fautes et des trucs à changer. Et puis arrive début décembre, et on finit par avoir le pdf en version finale.
Dernière étape en ce qui me concerne: le travail avec les scénographes pour finaliser la disposition de l'exposition, vérifier la liste des oeuvres qui vont être envoyées... avant de pouvoir constater les choses sur place à la veille de l'ouverture du Festival, où on procède encore à quelques menus ajustements (comme changer l'ordre d'accrochage de certaines planches).
L'avantage, c'est que c'est ma quatrième exposition pour Angoulême, que je commence à avoir un peu d'expérience, et qu'il y a certains trucs que l'on traite dès le départ plutôt que de devoir y revenir à plusieurs reprises. Un exemple tout simple: la manière dont on écrit les descriptions des oeuvres, avec la retranscription des titres japonais; pour Tsuge, j'ai dû essayer d'harmoniser le tout deux ou trois fois, parce qu'on n'avait pas arrêté une liste validée au début, et il fallait répercuter les modifications au fil de l'eau; cette année, tout était bon dès le début, et on n'a eu à corriger que deux ou trois erreurs.
Il y a aussi l'habitude de travailler avec les mêmes personnes, de connaître les points forts des uns et des autres, et même de savoir comment utiliser au mieux les outils de collaboration (type Google Docs). Bref, j'ai le sentiment que cette année, c'était plus facile sur ces aspects-là, ce qui a permis de compenser les délais un rien tendus.
Mais l'expo devrait déchirer, il y a des choses très belles et des choses inattendues. J'ai hâte.