Coronavirus : la Chine interdit définitivement la consommation d'animaux sauvagesUN « CHAUDRON DE CONTAGION »
Sur les marchés, les animaux « sont en train de mourir, ils ont soif, ils sont enfermés dans des cages rouillées et sales, » rapporte Li. Parfois, il leur manque un membre ou ils ont des plaies ouvertes dues à leur capture dans la nature ou des blessures subies pendant le transport. « Les vendeurs ne les manipulent pas avec soin, ils jettent les cages quand ils les chargent ou déchargent. Les animaux souffrent énormément. »
Le chaos inhérent à ce commerce favorise la propagation des zoonoses, ces maladies transmissibles de l'animal à l'Homme, affirme Christian Walzer, vétérinaire mondial en chef pour l'ONG Wildlife Conservation Society basée aux États-Unis. Il explique que les animaux sauvages peuvent être porteurs de virus qui « dans un monde normal, n'entreraient jamais en contact avec les humains. » Ces porteurs ne sont pas malades, ce sont simplement des « réservoirs inapparents » de virus, mais à mesure que nous empiétons sur l'habitat des animaux, notre exposition aux virus augmente.
D'après Erin Sorell, chargée recherches au département de microbiologie et d'immunologie de l'université de Georgetown, à Washington, 70 % des zoonoses proviennent des animaux sauvages. Ces maladies comptent parmi les plus dévastatrices : VIH, Ebola, et SRAS sont quelques uns de ces virus passés de la faune à l'Homme à l'origine de flambées épidémiques internationales.Sur les étals des marchés d'animaux sauvages en Chine et dans le Sud-est asiatique, on peut trouver une quarantaine d'espèces (oiseaux, mammifères, reptiles confondus) « entassés les unes sur les autres, » témoigne Walzer. Le mélange de l'air et des sécrétions corporelles offre aux virus un vecteur de transmission propice à la création de nouvelles souches. Un véritable « chaudron de contagion » résume Walzer.
Des preuves semblent pointer du doigt les chauves-souris comme source du coronavirus de Wuhan. L'espèce qui a ensuite transmis le virus à l'Homme reste à préciser, mais lors d'un contrôle du marché de Wuhan, le coronavirus a été détecté dans l'aile réservée aux animaux sauvages vivants.
Le problème avec la Chine, c'est que l'interdiction sera sans doute temporaire, comme pour les cas précédents