Lu les 3, ils sont très différents.
Le
Collectif sur la violence faite aux femmes édité par Des ronds dans l’eau est sans aucun doute le plus documenté et le plus universel, mais comme c’est souvent le cas dans ce type d’ouvrage, les récits sont inégaux et peinent à trouver une unité de ton. L’intérêt en est donc essentiellement limité au message qu’il véhicule, c’est d’ailleurs son objet.
Inès, édité par Drugstore, se déroule sur une journée. Potentiellement intéressant, ce choix m’a laissé un peu perplexe au final. Ce que j’en retiens, c’est un truc qui se passe trop vite, pas le temps de comprendre ce qui a amené la situation si loin. Maintenant, c’était peut-être justement le but des auteurs, à savoir démontrer le problème que pose la passivité du regard extérieur qui, à force d’attendre pour intervenir, laisse la situation se dégrader. Peut-être aussi confronter le regard extérieur à cette situation fort… embarrassante (j’interviens, je n’interviens pas).
Enfin, pour moi, la fin s’engage dans une voie qui n’avait rien d’indispensable.
… à la folie, édité par Futuropolis, enfonce le clou concernant mes réticences sur
Inès. Récit étalé sur le temps - de la vie étudiante à la vie en couple marié - , les auteurs s’attardent sur ce que rien ne laissait nécessairement prévoir, et qui s’est installé avec le temps dans une logique effarante. L’environnement est abordé, et même si la réaction de la maman peut prêter à sourire - en fait, ce n’est pas spécialement drôle… la relation avec l’amie de la femme et la vie professionnelle de son mari apportent un éclairage tout particulier sur le contexte. Enfin, merci pour la justesse de la conclusion,
même si elle est amenée de manière abrupte, elle touche à l’un des aspects les plus effrayants et difficilement compréhensibles du phénomène
. En fin de compte, c’est sans doute cet album qui touche le plus au but, c’est aussi, à mon sens, la meilleure bande dessinée des trois. Le principe de la narration en monologue sur divan est une vraie réussite, d'autant que le monologue ne s'en tient pas là...