Sylvain_Runberg a écrit:je trouve très réussie la manière dont les auteurs ont su montrer ce rapport de domination entre la victime et son prédateur, où cette jeune femme va jusqu'au bout s'estimer partiellement responsable de ce qui lui arrive alors que de l'autre côté, jamais le prédateur ne voudra/pourra prendre conscience de la gravité de ses actes.Pour ceux qui connaissent le sujet, c'est peut-être une évidence, mais je pense que beaucoup de gens ne réalisent pas l'importance de cette réalité dans les violences conjugales.
100% d'accord.
Certains ont contesté ici l'originalité du sujet, ou la crédibilité du scénario, en particulier la réponse de l'entourage à la violence conjugale. C'est mal connaître la réalité du problème, ce qui n'est pas le cas des auteurs, dont je ne connais pas l'étendue du travail de recherche sur la question, mais dont je salue le panorama très complet.
Je me permets quelques avis sur la question, qui m'est familière, parce que manifestement trop peu de gens le savent :
il y a une femme qui meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. En France, pas au Pakistan.D'abord, l'aliénation de la victime est souvent telle qu'il n'existe presque pas de possibilité pour elle de demander de l'aide.
Ensuite, le glissement vers les formes de violence les plus extrêmes est progressif. C'est cette évolution qui rend souvent l'issue fatale : lorsque les gros coups arrivent tout de suite, la victime fait plus souvent appel à des structures d'assistance (police ou services sociaux). C'est peut-être même le seul point où le scénario ici me parait en balance : dans un tel cas, selon mon expérience du fait-divers et des procès d'assises, ca se finit plutôt dans un tiroir réfrigéré... Mais il est vrai que la fin est "ouverte".
Ensuite, James et Sylvain ont raison d'insister là dessus : TOUS les milieux sont concernés, et la famille n'est souvent pas un grand soutien. On s'unit en général avec quelqu'un qui correspond à ses attentes. Conscientes ou pas. Dans ... A la folie, l'héroïne trouve un type bosseur qui fait d'elle une femme au foyer. Dépendante. Soumise. Esclave de ses propres névroses. Le cheminement n'est pas exprimé, mais le ferment est là. Et il est la plupart du temps semé dans le milieu familial de la victime et du bourreau. Rien d'étonnant dans la réponse de la mère. Voir souffrir sa fille parce qu'on ne voit rien d'anormal à un rapport de sujétion, à titre indicatif on voit ça aussi dans les salles d'accouchement, avec maman qui ordonnent à fifille de refuser la péridurale...
Au final un album sans défauts, qui démonte très bien un mécanisme d'une perversité insidieuse et complexe. Et - même si ce n'était sans doute pas le but des auteurs ? - un album utile, qui devrait se trouver dans toutes les bibliothèques scolaires, à mon sens.