Gorkh a écrit:Bon, j'ai acheté et lu l'intégrale Freddy Lombard paru l'an dernier chez les Humanos.
Je connaissais peu Chaland. Il faut avouer que en terme de dessin, ce qu'il fait est juste magnifique. Son "vieux" est en fait très neuf.
En terme de scénario, c'est un peu étrange par contre. Il reprend les codes graphiques mais aussi scénaristique de la vieille BD de la jeunesse à pépé mais le tord. Par exemple, Freddy Lombard, le "héros" est finalement terriblement minable. Il n'est le chef de son groupe que parce qu'il a des subsides de son oncle. Il est bourré d'emphase mais finalement lache... Sweep est plus valeureux mais violent et un brin raciste. Par contre, Dina ne sort pas tant que ça de l'image de la femme de la BD d'époque. Pas vraiment de défauts... ni de qualités... le récit n'avance guère par elle. A propos du récit, il y a vraiment certains raccords qui me semblent étranges. Comme si il manquait une partie de l'histoire.
Pour être honnête j'ai eu des difficultés à comprendre où voulait en venir Chaland.
C'est sûr que Chaland n'est pas facile à aborder et qu'il peut sembler obscur. Ce qui est d'autant plus délicat c'est qu'il y a une horde de fanatiques (dont je fais partie) qui lui voue un culte éternel et qu'à la première lecture on a du mal à comprendre pourquoi.
Concernant ta remarque sur les scénarii, je ne pense pas qu'il faille essayer de les analyser via une psychologie des personnages ou un quelconque intérêt de l’intrigue. Les personnages sont relativement vide, ils sont plutôt des enveloppes creuses à qui il arrive des aventures. Et ce sont plutôt les interactions de ces archétypes de la BD Franco-belge avec des évènements qui intéresse Chaland : évènements amoureux/poétiques dans « La Comète de Carthage », évènements historiques dans « Vacances à Budapest », évènements intimes dans « F52 ».
Chaland cherche à la fois à rendre hommage aux grand anciens mais également à les critiquer, à mettre en avant leurs défauts/lâchetés et enfin il cherche à les dépasser et à faire le BD un art à part entière. Toute son œuvre est une mise en abîme et on ne peut l’apprécier qu’au regard de l’histoire de la BD Franco-belge. Il cite la BD Franco-belge à la fois avec beaucoup de déférence mais aussi beaucoup d’humour et d’insolence.
Ce qui est intéressant chez Chaland c'est l'évolution de son propos, il commence par de la parodie féroce ("Captivant", "Bob Fish"), passe par des vrai-faux "hommages" (Le testament de Godefroy de Bouillon", « Le cimetière des Eléphants ») et termine par des histoires plus personnelles (de « La Comète de Carthage » à "F52"). Parler de Freddy Lombard en général ne veut pas dire grand-chose car cette série épouse quasi tous les aspects de la carrière de Chaland et les albums sont tous très différents.
Enfin, je pense qu’il est plus difficile d’attaquer Chaland directement par Freddy Lombard. Car dans Freddy Lombard on a tout Chaland en filigrane mais on aborde moins directement sont œuvre qu’en lisant « Captivant », « le jeune Albert » ou « Spirou » ou son propos me semble plus limpide.