moi en philo, allez, je prends ce sujet:
tzynn a écrit:Quels sont les arts pour lesquels la dite oeuvre d'art n'est pas le support final en lui-même? La photo pourrat selon moi s'en approcher un peu plus que la peinture.
Dans la photo, la finalité n'est-elle pas la photo?
Collectionner le cinéma ou le théâtre, c'est plus dur. Le summum, c'est être collectionneur de mime ou de danse. D'ailleurs ça décolle pas trop aux enchères.
Parce que l'art et la collection, c'est pas tout-à-fait pareil. Même quand la collection prend l'art comme objet.
Objet d'art et non oeuvre d'art.
Un objet parce que dans tous ces cas, ce qu'on peut chercher, c'est à s'approcher du contact direct avec l'artiste. Donc on va chercher le tirage original de l'artiste, mieux le négatif, le manuscrit de la pièce de théâtre, le costume du mime, son chapeau, tous ces fétiches d'une relation fantasmée avec l'artiste, comme celui qui ramasse la culotte de Madonna ou les baguettes du batteur. Mais aussi la bobine de film, l'affiche, la chaise de la scripte.
L'oeuvre d'art c'est ce qui est rendu au public et reste à tout le monde, c'est le cri que chacun peut entendre, le sourire que chacun peut voir, le film qu'on va revoir quel que soit le support.
L'objet d'art, lui, peut être isolé, collectionné, "privatisé"; il est privé mais ne prive pas le public; il ne soustrait rien à l'oeuvre d'art. C'est un à-côté.
En peinture, sculpture, l'oeuvre et l'objet ne font qu'un. Ce sont peut-être ce qu'on appelle les arts premiers.
Dans les arts qui développent une narration, qui ont besoin de la durée, d'être considérés dans leur ensemble plutôt que par leurs parties, l'objet se déconnecte de l'oeuvre, l'oeuvre transcende l'objet.
Eh bien, regardons la bd: la bd est un des arts qui autorise le plus de frictions entre l'objet et l'oeuvre. Davantage que la littérature ou la musique par exemple, où l'oeuvre est tout le temps réinterprétée par des polices de caractère, des orchestres, etc. En bd, what you see is what you get. Souvent, tout ce que vous avez là a été fait à la main. C'est ce lien étroit de l'objet avec l'oeuvre, et de l'auteur avec l'objet, qui rend pour moi la collection d'originaux de bd si émouvante, si "touchante". Avec l'objet, on "touche" l'oeuvre.
De tous les arts narratifs, la bd est certainement un de ceux qui permet le plus ce rapport-là. Et en plus elle est populaire.
(bon... où je voulais en venir exactement?
)