Maria Butina, l’espionne de Sibérie qui tombe à pic
La jeune étudiante russe est soupçonnée d’avoir tenté d’infiltrer l’appareil politique américain au profit de la Russie grâce à la NRA.
Elle est l’espionne russe au grand jour. Sur les réseaux sociaux, Maria Butina a posté plus de 11 000 Tweet et une centaine de vidéos à la gloire des armes à feu : Maria pose aux côtés des patrons de la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes aux Etats-Unis ou de grands élus républicains ; Maria pilote un avion ; Maria interroge le candidat Donald Trump lors d’un meeting en 2015.
Désormais, la jeune femme russe, âgée de 29 ans, porte l’habit orange des prisonniers américains. Elle a été arrêtée par le FBI le 15 juillet et a comparu mercredi 18 juillet devant une juge fédérale à Washington, qui l’a maintenue en détention en raison des risques de fuite en Russie. Elle est accusée d’avoir agi en tant qu’« agente non déclarée d’un gouvernement étranger » et de « complot » pour infiltrer des organisations politiques – en réalité, la NRA – « en vue de promouvoir les intérêts de la Fédération de Russie ». Elle a plaidé non coupable et encourt plusieurs années de prison.
L’affaire survient alors que l’Amérique sombre dans la perplexité à propos de la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump, lundi à Helsinki. Après trois jours de polémiques sur son comportement lors de ce sommet, M. Trump a invité M. Poutine aux Etats-Unis cet automne, les Républicains ont bloqué l’audition de son interprète au Congrès, tandis que le chef du renseignement intérieur, Dan Coats, a déclaré ne pas savoir ce que s’étaient dit les deux présidents dans leur entretien de deux heures en face à face. Le ministère des affaires étrangères russe, lui, a dénoncé un calendrier judiciaire « délibérément programmé » pour dénigrer les résultats du sommet.
Originaire de Barnaoul en Sibérie, Maria Butina ne fait pas partie des personnalités russes mises en examen par le procureur spécial Robert Mueller, chargé d’enquêter sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine de 2016 et la possible collusion avec les équipes de Donald Trump. Mais son histoire fait les délices de la presse, qui adore découvrir la présence d’espions. D’autant que l’affaire a tous les ingrédients d’un polar, avec du sexe, des armes, des officiers traitants russes et de vieux Américains manipulés.
L’acte d’accusation américain reproche à Maria Butina – qui n’a pas été inculpée d’espionnage – d’avoir menti à de nombreuses reprises depuis 2014 pour parvenir à infiltrer la NRA et l’appareil conservateur américain. Objectif officiel, réchauffer des liens avec la Russie. Au minimum, défendre les intérêts de Moscou. Au pire, manipuler le processus politique et démocratique outre-Atlantique.
La jeune femme est accusée d’avoir travaillé pour le compte d’Alexander Torshin, qui n’est pas nommé explicitement dans l’acte d’accusation, actuel vice-gouverneur de la Banque centrale de Russie et placé sous sanctions américaines en avril. L’opération aurait coûté quelque 125 000 dollars, écrit le New York Times, et impliqua par exemple d’assister en 2016 au très conservateur petit déjeuner de la Journée de prière nationale à Washington. L’homme avait tenté en 2016 d’organiser une rencontre Trump-Poutine.
Pour parvenir à ses fins, la jeune femme à la longue chevelure rousse a notamment entamé une liaison, selon la presse, avec Paul Erickson, 56 ans, activiste conservateur proche de la NRA, favorable à la Russie. L’avocat de Mme Butina a expliqué qu’il s’agissait de son petit ami, mais l’acte d’accusation ne voit pas les choses ainsi. Maria Butina aurait exprimé son mépris pour ce dernier et sa souffrance à cohabiter avec celui qui l’a aidé à obtenir, en mai, ses examens lors de son master en relations internationales à l’American University de Washington et lui a ouvert les portes des milieux conservateurs.
De plus, selon l’accusation, « à au moins une occasion, Mme Butina a proposé des relations sexuelles à quelqu’un autre [que M. Erickson] en échange d’une place dans une organisation ». L’objectif aurait été d’obtenir un visa de travail plus sûr que son visa d’étudiant. Ce dernier aurait d’ailleurs été obtenu frauduleusement, le cursus universitaire de la jeune femme n’étant, selon l’accusation, qu’une « couverture », alors qu’elle continuait de travailler pour M. Torshin.
L’accusation a révélé les dialogues de la jeune femme avec M. Torshin, qui la considère manifestement comme une espionne. Ainsi, après la publication d’articles lui étant consacrés, il la félicite : « Tu as volé la vedette à Anna Chapman », agente renvoyée en Russie lors d’un échange d’espions en 2010 et qui posa par la suite légèrement vêtue dans des magazines masculins. « Elle pose avec des pistolets en plastique, toi tu es publiée avec des vrais. » La jeune femme se définit elle-même comme « underground » et convient avec lui de faire « profil bas » avant l’élection.
« Ce n’est pas le langage qu’on utilise quand on est là juste pour étudier à l’American University », accuse une source au sein du bureau du procureur fédéral. En mars, elle a été photographiée dînant dans un restaurant de Washington avec un diplomate russe, considéré par les Américains comme un espion et expulsé des Etats-Unis après l’empoisonnement au Royaume-Uni du transfuge russe Sergeï Skripal.
L’étau s’est resserré au printemps. Comme Paul Erickson, Mme Butina a été auditionnée par le comité de renseignement du Sénat sur l’élection de 2016, en avril, puis a vu son appartement perquisitionné par le FBI. Début juillet, elle a résilié son bail à Washington et transféré des fonds en Russie. Officiellement pour déménager dans le Dakota du Sud, chez M. Erickson. Le FBI estime que l’oiseau s’apprêtait à s’envoler. Digne de La Mort aux trousses, le film d’Alfred Hitchcock où les espions russes tentent de s’échapper par le mont Rushmore… dans le Dakota du Sud.
Not only have the country's two main political parties split further apart on such issues, but political feeling also runs deeper than it did in the past. In 1960, when a survey asked American adults whether it would "disturb" them if their child married a member of the other political party, no more than 5 percent of either party answered "yes." But in 2010, 33 percent of Democrats and 40 percent of Republicans answered "yes." In fact, partyism, as some call it, now beats race as the source of divisive prejudice.
When Americans moved in the past, they left in search of better jobs, cheaper housing, or milder weather, when people move today, it is more often to live near others who share their views. People are segregating themselves into different emotionally toned enclaves—anger here, hopefulness and trust there.
J’ai voulu reconstruire cette histoire pour présenter — sous une forme métaphorique — les espoirs, les peurs, la fierté, la honte, le ressentiment et l’anxiété de gens dont j’ai croisé le chemin en Louisiane. Je l’ai ensuite testée auprès d’eux pour voir s’ils la jugeaient conforme à leur expérience. Ils m’ont assuré que oui.
Telle une pièce, elle se joue en plusieurs actes. Vous attendez patiemment dans une longue file qui mène jusqu’au sommet d’une colline, comme lors d’un pèlerinage. Vous êtes au milieu, parmi des gens tous aussi blancs que vous, tous pareillement chrétiens, certains plus âgés, d’autres moins, de sexe masculin pour la plupart, tantôt diplômés, tantôt peu ou pas du tout qualifiés. Sur l’autre versant de la colline s’étend le rêve américain, but du voyage de chacun.
Tout en bas de la file se trouvent les personnes de couleur — pauvres, jeunes ou âgées, dépourvues pour la plupart d’un diplôme universitaire. Regarder derrière vous vous fait peur ; ils sont si nombreux à vous suivre. En principe, vous ne leur voulez pas de mal. Mais vous avez attendu longtemps, travaillé dur, et, devant vous, la file bouge à peine. Vous mériteriez d’avancer un peu plus vite. Vous prenez votre mal en patience, mais vous êtes inquiet. Vos pensées sont tournées vers ceux qui vous précèdent, et surtout vers ceux qui ont déjà atteint le sommet.
Le rêve américain est un rêve de progrès — l’espoir que vous vous en sortirez mieux que vos parents, qui eux-mêmes s’employaient déjà à s’en sortir mieux que les leurs. C’est un rêve plus grand que l’argent et les biens matériels. Pour un salaire de misère, vous avez enduré un travail de forçat, les licenciements, l’exposition aux produits toxiques. Vous avez tenu bon dans l’épreuve du feu. Le rêve américain de prospérité et de sécurité n’est que la juste récompense de vos efforts, une manière de reconnaître ce que vous avez été et ce que vous êtes — une sorte de médaille d’honneur.
Il fait de plus en plus chaud et la file n’avance toujours pas. On dirait même qu’elle recule. Vous n’avez pas reçu d’augmentation depuis des années et ce n’est pas de sitôt que l’on risque de vous en accorder une. En fait, vos revenus n’ont cessé de décroître au cours des vingt dernières années, surtout si vous n’avez pas de diplôme universitaire, et plus encore si vous n’avez pas le baccalauréat. Vos copains ont tous connu le même sort. La plupart ne se donnent même plus la peine de chercher un emploi décent, parce qu’ils se disent que c’est un trésor hors de la portée de gars comme eux.
Vous vous êtes accommodé de cette situation car vous n’êtes pas du genre à vous plaindre. Tout compte fait, vous avez de la chance. Vous aimeriez aider davantage votre famille et votre église, car c’est en elles que vous placez votre foi. Vous voudriez qu’elles vous soient reconnaissantes pour votre générosité. Mais la file n’avance toujours pas. Après tant d’acharnement, tant de sacrifices, vous commencez à vous sentir piégé.
Regardez ! Devant vous, des tricheurs se faufilent. Vous suivez les règles ; eux, non. Pendant qu’ils progressent, vous avez l’impression de perdre du terrain. Comment osent-ils ? Qui sont-ils ? Certains sont noirs. Grâce aux programmes de discrimination positive mis en place par le gouvernement fédéral, ils disposent d’un accès privilégié aux universités, à l’apprentissage, à l’emploi, aux aides sociales, aux repas gratuits. Des femmes, des immigrés, des réfugiés, des fonctionnaires : où cela s’arrêtera-t-il ? Votre argent s’écoule dans une passoire égalitariste qui échappe à votre contrôle et à votre approbation. Vous auriez souhaité pouvoir jouir des mêmes chances quand vous en aviez besoin — personne n’a songé à vous les proposer dans votre jeunesse, alors il n’y a pas de raison d’en faire profiter les jeunes d’aujourd’hui. Ce n’est pas juste.
Et Obama ! Comment diable a-t-il fait, celui-là, pour se hisser jusqu’à la Maison Blanche ? Le fils métis d’une mère célibataire à bas revenus qui devient le président du pays le plus puissant de la planète, ça, c’est quelque chose que vous n’avez pas vu venir. Dans quelle posture vous place le triomphe d’un homme comme lui, quand, dans le même temps, on vous explique que vous êtes tellement plus privilégié ? Par quelle faveur Barack Obama a-t-il pu étudier dans une université aussi chère que Columbia ? Où Michelle Obama a-t-elle trouvé assez d’argent pour aller à Princeton, puis à la faculté de droit de Harvard, alors que son père n’était qu’un petit employé du service des eaux ? Jamais on n’a rien vu de tel. À coup sûr, c’est l’État fédéral qui a réglé la note. Michelle devrait éprouver de la gratitude pour tout ce qu’elle a, au lieu d’être sans arrêt furieuse. Elle n’a aucun droit d’être en colère.
Les femmes : encore un groupe qui vous passe devant impunément. Elles réclament le droit d’occuper les mêmes emplois que les hommes. Heureusement que votre père n’a pas eu à se soucier de leur concurrence pour décrocher son poste d’employé de bureau. Et que dire des fonctionnaires, recrutés pour la plupart parmi les femmes et les minorités ? D’après ce que vous en savez, ils sont beaucoup trop payés pour en faire beaucoup trop peu. Prenez cette assistante de direction du département de la régulation : aucun doute qu’elle jouit d’horaires confortables et d’une position garantie à vie, avec, devant elle, la perspective d’une retraite fastueuse. En ce moment, elle est probablement avachie devant son écran à faire du shopping en ligne. En quoi mérite-t-elle des faveurs auxquelles vous, vous n’aurez jamais droit ?
Il en va de même pour les immigrés. Visa ou carte verte en main, Philippins, Mexicains, Arabes, Indiens ou Chinois vous doublent dans la file d’attente, quand ils ne s’y introduisent pas en resquillant. Tout récemment, vous avez vu des hommes ressemblant à des Mexicains en train de construire le camp qui hébergera les tuyauteurs philippins du groupe Sasol. Vous voyez qu’ils travaillent dur, et vous avez du respect pour cela, mais vous ne leur pardonnez pas d’évincer la main-d’œuvre américaine en acceptant des salaires au rabais.
Il n’est pas jusqu’au pélican brun qui ne se moque de vous en battant de ses larges ailes enduites de pétrole. Cet oiseau typique de la Louisiane, emblème officiel de l’État, niche dans les mangroves le long des côtes. Longtemps menacé d’extinction par les pollutions chimiques, il s’est refait une santé, au point d’être retiré de la liste des espèces en péril en 2009 — un an à peine avant la terrible marée noire provoquée par BP. Pour survivre, il lui faut du poisson non contaminé, de l’eau sans pétrole, des palétuviers propres, des côtes protégées de l’érosion. C’est pourquoi le pélican brun vous devance dans la file, lui aussi. Pourtant, c’est juste un oiseau !
Noirs, femmes, immigrés, réfugiés, pélicans, tout le monde vous passe sous le nez. Mais ce sont des gens comme vous qui ont fait la grandeur de l’Amérique. Autant l’avouer, les resquilleurs vous exaspèrent. Ils bafouent les règles du jeu. Vous ne les portez pas dans votre cœur et ne voyez pas pourquoi vous devriez vous en excuser.
Vous n’êtes pas dépourvu de compassion. Mais votre compassion ne saurait englober tous les fraudeurs qui jouent des coudes devant vous. Vous êtes vacciné contre les injonctions à la sympathie. Les gens n’arrêtent jamais de se plaindre. Le racisme. Les discriminations. Le sexisme. On vous a rebattu les oreilles avec des histoires de Noirs opprimés, de femmes dominées, d’immigrés exploités, d’homosexuels persécutés, de réfugiés désespérés. Arrivé à un certain point, vous vous dites qu’il est temps de refermer les frontières de la sympathie humaine — surtout quand celle-ci profite à des gens qui peuvent vous causer du tort. Vous, vous avez enduré plus que votre part de souffrance, sans jamais pleurnicher.
À partir de là, vous devenez soupçonneux. Si tous ces gens se permettent de vous bousculer dans la file, c’est que quelqu’un d’important leur apporte son soutien. Qui ? Normalement, il y a un homme qui contrôle la file, qui la parcourt de haut en bas en veillant à ce que chacun reste à sa place et que l’accès au rêve américain se fasse dans des conditions équitables. Cet homme, c’est Barack Hussein Obama. Oui, mais voilà : au lieu de rabrouer les tricheurs, il leur adresse des saluts amicaux. Il leur témoigne une sympathie que, manifestement, il n’éprouve nullement pour vous. Il est de leur côté. Celui qui a la responsabilité de régler la progression de la file d’attente veut que vous pactisiez avec les resquilleurs.
Vous vous sentez trahi. Vos défenses sont à présent bien activées. Ce président-là ne connaît rien à l’immense fierté d’être américain. Être américain représente un honneur que vous avez plus que jamais à cœur de défendre, compte tenu de la lenteur à laquelle se traîne la file du rêve américain et de l’insolence des propos déversés sur les Blancs, les hommes et les chrétiens. Aujourd’hui, il suffit d’être amérindien, femme ou gay pour s’attirer la sympathie de l’opinion publique. Ces groupes sociaux en ont laissé un seul derrière eux : le vôtre.
Vous ne possédez peut-être pas une grande maison, mais cela ne vous empêche pas d’être fier de votre pays. Quiconque s’en prend à l’Amérique s’en prend aussi à vous. Et si vous ne pouvez plus être fier des États-Unis à travers leur président, il vous revient de vous associer à ceux qui, comme vous, se sentent étrangers dans leur propre pays.
Olaf Le Bou a écrit:Dans un État américain très pauvre comme la Louisiane, souillée par les marées noires, une majorité de la population vote pour des candidats républicains hostiles aux allocations sociales et à la protection de l’environnement. Sociologue, femme de gauche, Arlie Hochschild a enquêté sur ce paradoxe. Quelques mois plus tard, M. Donald Trump l’emportait très largement en Louisiane.
Olaf Le Bou a écrit:Un article du Diplo d'hier, résumant un livre d'une sociologue US paru en 2016, et détaillant les mécanismes de la montée des populismes de droite sur fond de sentiment de déclassement.
Gurvan a écrit:Et c'est probablement tout autant applicable en France avec quelques ajustements en plus (Le passé colonial, "Touche pas mon pote" et autres...). Mine de rien, ce raisonnement est fait dans des tas d'endroits.
Cette règle va permettre, au cas par cas, la fabrication de nouveaux produits manufacturés contenant de l'amiante. Par exemple des adhésifs, des produits d'étanchéité ou des revêtements de pipeline.
RosbOOm a écrit:Amiante : les Etats-Unis assouplissent leurs normes
https://www.lesechos.fr/monde/etats-uni ... 196991.php
Omarosa Manigault-Newman, née le 15 février 1974 à Youngstown dans l'Ohio, est une participante des deux émissions de Donald Trump, The Apprentice et The Celebrity Apprentice. Du 20 janvier 2017 au 20 janvier 2018, elle est directrice de la communication de l'Office of Public Liaison à la Maison-Blanche, sous la présidence de Donald Trump.
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