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URBAN - Luc Brunschwig, Roberto Ricci - Futuropolis

Séries Franco-belge, "récentes" nouveautés "grand public".

Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede reynholm » 19/03/2021 11:51

Message précédent :
annoncé sur facebook:

La sortie prochaine d'Urban sera accompagné par une jaquette inédite réalisée par Roberto pour CANAL BD... et le visuel est juste énooorme !!!

pas vu d'infos sur les sites canal bd, peut etre que la news est trop fraiche :)
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede Bouri » 19/03/2021 13:07

La voici :

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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede bone » 20/03/2021 11:01

:bravo:
Cela tombe très bien.
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede roberto ricci » 31/03/2021 13:13

Le 5 mai c'est pas trop loin enfin ;)
Fichiers joints
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede yannzeman » 31/03/2021 14:55

roberto ricci a écrit:Le 5 mai c'est pas trop loin enfin ;)


"...pour une conclusion épique et amère."

euh... vu que je n'aime pas trop les fins amères, est-ce qu'il ne serait pas possible de redessiner la fin en faisant en sorte que ils se marient et qu'ils eurent beaucoup d'enfants ?

s'il vous plait ? :)
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede roberto ricci » 31/03/2021 15:39

Il faut en parler avec Luc :D
Mais si vous lui connaissez un minum vous savez que sera tres dur de lui convaincre :D
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede luc Brunschwig » 31/03/2021 18:04

Sans doute pas avant deux ans
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede bone » 01/04/2021 19:20

roberto ricci a écrit:Le 5 mai c'est pas trop loin enfin ;)


Chouette, pile à la fin du 3ème confinement :D
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede luc Brunschwig » 26/04/2021 09:14

Bonjour à toutes et à tous... comme vous le savez (ou pas), va sortir dans une semaine et demi le dernier tome de la série URBAN que j'anime depuis près de 12 ans avec l'excellent, que dis-je, l'exceptionnel Roberto Ricci...
Je dis 12 ans, mais URBAN a été une aventure bien plus longue que ces douze années... vous connaissez peut être déjà l'histoire de la fabrication houleuse et douloureuse de cette série ou vous serez heureux, amusés (voir effrayés) de découvrir qu'URBAN a été une lutte de près de 40 années pour être enfin accouché... voici donc pendant plusieurs jours racontée la longue et trépidante saga de la création d'URBAN... aujourd'hui les origines.
"Nous sommes en 1982. J’ai 15 ans… je suis un élève plutôt dans le haut du classement, mais je ne trouve rien dans l’école qui me motive réellement… En fait, la seule chose qui illumine mes journées c’est la bande dessinée et surtout les comics… les histoires de ces personnages incroyables me touchent bien davantage que tout ce qui se passe autour de moi (si on oublie la fille inatteignable dont je tombe systématiquement amoureux et qui me dit tout aussi systématiquement que je suis un « ami » formidable).
Depuis 4 ans déjà (depuis mes onze ans, donc), je sais que je veux en faire mon métier sauf que… je n’ai pas vraiment de projet… aucune idée forte et un peu personnel qui pourrait faire le bon sujet pour m’affirmer dans ce milieu.
Je suis aussi un ado de son temps (enfin dans certains aspects, moins dans d’autres)… en 1982, on écoute du Hard Rock, on écoute ACDC et je fais comme tout le monde… J’achète Hells Bells, je m’en imprègne, puis je remonte leur discographie et je tombe sur un morceau de Bon Scott qui me fascine littéralement : SIN CITY… j’en aime la musique, la voix étrange mi aigue, mi rocailleuse du chanteur, un peu moins les paroles qu’un Anglais maladroit m’interdit de comprendre vraiment. Surtout j’en aime le titre : SIN CITY… la cité du vice… voila qui a de quoi ouvrir la porte à tous les fantasmes de l’ado que je suis alors.
C’est aussi l’époque où on se passe à la récré les numéros de Métal Hurlant et de Pilote… C’est un choc, presqu’autant que les comics l’ont été… découvrir Bilal, Corben, Moebius, l’Incal, The Long Tomorrow… c’est découvrir une BD plus adulte, plus charnelle… des femmes, des robots, des vaisseaux, le futur… et puis, c’est aussi l’année de Blade Runner.
Dans ma tête le titre SIN CITY se pare d’images dignes de Métal… une ville futuriste déliquescente ressemblant à un Las Vegas gigantesque… un homme, un détective privé, allongé sur un lit dans sa chambre étrangement ancienne et attendant son heure, des ordures dans des rues sales, sur lesquelles courent de rats faméliques, avant que brusquement, le tas d’ordure disparaisse, désintégré, des robots qui sortent du sol dans une ferme comme des monstres Lovecrafetiens mais mécaniques… peu ou prou, on retrouvera les images qui m’obsédaient à cette époque lointaine dans la version final d’URBAN, quelques 30 années plus tard.
Ce que vous ignorez par contre, c’est que j’ai personnellement dessinée au moins deux versions de la planche 1 de ce qui s’appelait encore SIN CITY… avant de me dire que mes maigres compétences de scénariste et de dessinateur n’étaient franchement et de très loin pas à la hauteur de ce pharaonique projet (retenez bien cette idée, elle reviendra très régulièrement tout au long de cette longue saga).
Du coup, et sans regret, je remise l’idée en espérant pouvoir la reprendre un jour parce qu’elle me botte (même si je ne sais pas encore trop bien quoi en faire).
6 ans se passent. Nous voilà en 1991. Je viens de démarrer mon tout premier projet - Le Pouvoir des Innocents - aux Editions Delcourt. On me demande si j’ai d’autres idées en tête ? La seule qui a un peu d’ambition est ce Sin City qui revient me hanter régulièrement. Je me glisse donc derrière ma machine à écrire et je leur écris un synopsis complet du premier volume.
J’envoie tout ça à Guy Delcourt. Bien sûr, en voyant le titre, il s’esclaffe (on ne saurait lui en vouloir). A cette époque, je suis censé être l’un des plus gros fans de Frank Miller vivant sur le territoire français (voir son plus grand fan existant sur Terre).
Jamais drôle de passer pour une bille, mais ne lisant pas l’anglais et ne fréquentant pas les revendeurs français de comics, j’ignorais que mon idole était en train de publier aux States ce qui allait devenir un de ses chefs d’œuvre.
Les rires retombés, Guy Delcourt s’attelle à la lecture du projet. Je précise que Guy affichait à l’époque une certaine condescendance à mon égard (j’étais jeune, je souriais beaucoup, ce qui me donnait sans doute l’air d’un gentil ahuri), convaincu sans doute que les qualités qui l’avaient enthousiasmé sur Le Pouvoir des Innocents étaient dues en grande partie à la participation de Laurent Hirn à l’écriture du scénario. Sauf que… sauf que… il retrouve dans le Sin City de Brunschwig (hahaha) le talent qu’il avait vu dans Le Pouvoir. Bigre !… Je suis donc bien un vrai scénariste. Du jour au lendemain, le ton change et on m’accorde soudain des attentions qu’on ne m’avait jamais manifestées jusque-là.
Sin City devait donc être le scénario de ma consécration… Oui, il aurait dû, mais j’imagine que ça aurait été trop simple comme ça. Et Dieu sait que « simple », ça ne l’a pas été !
Écrite pour Ciro Tota (qui ne pourra la réaliser, parce qu’il est pris à plein temps sur Aquablue), l’histoire va connaître un sort aussi malheureux que désespérant.
En fait, l’histoire (rebaptisée dans l’intervalle Urban Games) est aussi complexe que je l’avais subodorée lorsque j’avais 15 ans. Il y a dans cette histoire de l’émotion et de la psychologie, de la relation humaine et sociétale (comme dans toutes mes autres histoires), mais aussi de l’architectural grandiose (le fameux Las Vegas futuriste puissance mille que je finirais par baptiser Monplaisir) et aussi, tout un tas de robots de formes et de tailles très différentes.
Quelqu’un m’a dit un jour qu’il n’y avait que Moebius pour arriver à créer et exprimer toutes ces choses. Un autre m’a dit que David Lloyd serait parfait pour donner l’aspect faussement festif de cette cité (ce sont les coulisses dudit Las Vegas qui forme le sujet et l’intérêt de ce Urban Games)… En tout cas, il aurait fallu quelqu’un de cette trempe-là…
Or, je n’avais que 24 ans et on ne marie pas un jeune scénariste de 24 ans avec un vieux briscard revenu de tout (enfin, on pourrait, mais on ne le fait pas)… On l’acoquine avec des gens de son âge pour le meilleur et dans ce cas-là, pour de furieux et délétères désastres artistiques et humains.
Quand je dis « délétère », c’est que Urban a brisé, sinon des vies, du moins des carrières. Un des premiers à avoir tenté sa chance est un jeune dessinateur repéré par Delcourt lors d’un concours organisé par le festival de Sierre, Guy nous met en rapport sans tarder.
On se voit souvent (la chance veut qu’il habite près de chez moi)… On cause beaucoup et on semble bien se comprendre sur les enjeux et la manière de le retraduire graphiquement. Puis il attaque les planches et très vite, quelques erreurs de narration apparaissent.
J’essaie de l’aider à corriger ses fautes, mais curieusement, mes conseils semblent totalement le déstabiliser, à tel point qu’il finit par perdre toute confiance en lui et toute notion de son métier.
Au bout de quelques semaines, il n’est plus capable de réaliser une planche qui se tient.
Je finis par lui avouer que je ne vois pas où tout cela nous mène et je demande à Laurent Hirn (maitre es-narration) si il accepterait d’encadrer le garçon pour lui redonner un peu d’élan ? Il accepte, mais rien n’y fait. Les conseils de Laurent comme les miens semblent complètement dérouter notre dessinateur. Guy Delcourt propose à son tour de l’encadrer mais les résultats sont de pires en pires, sans que personne n’arrive à comprendre pourquoi. On finit par se séparer, sans doute pas bons amis, mais en bon terme.
Ce que j’ai oublié de vous dire, c’est qu’il était en dernière année aux Arts Déco de Strasbourg quand tout cela s’est produit. Arrive le moment pour lui de passer son diplôme. Il parle au jury de ses expériences professionnelles à commencer par ce monde de la BD qui vient de le rejeter. Il en parle de façon si amère et négative, que le jury s’en émeut et le juge incapable de naviguer dans un univers pro. Ils lui refuseront son diplôme.
Sans projet, sans diplôme, ce dessinateur n'a pas connu le démarrage fulgurant qu'il aurait dû connaître. Il est heureusement réapparu bien des années plus tard dans l'univers de l'illustration et de la BD … mais il reste la première victime du projet maudit de Luc Brunschwig.
Il y en aura bien d’autres, malheureusement…"
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede yannzeman » 26/04/2021 09:52

C'est intéressant d'en apprendre plus sur les coulisses d'une BD, surtout si son contenu est fort.

Je comprend le tact de ne pas citer le nom de celui qui aurait pu dessiner "Urban Games", mais c'est en même temps dommage de ne pas connaitre son nom, parce si ce dessinateur débutant a finalement réussi à percer dans le monde de la BD, ce serait amusant d'imaginer ce qu'il aurait pu proposer, rétrospectivement, si il avait été "l'élu".

Après, confier un projet aussi graphiquement ambitieux (une sorte de "blade runner" mâtiné de disneyland avec un peu de manga dedans) à un débutant, ça ne me semblait pas une idée géniale de la part de l'éditeur.

Il y a des contre-exemples ; je pense à Loisel, dont j'ai adoré "la quête de l'oiseau du temps", et dont j'ai vu le 1er rendu (publication dans un fanzine, je crois), qui était nettement en dessous, mais qu'il a rapidement amélioré pour la version album. Mais globalement, c'est mieux si c'est un dessinateur confirmé, non ?

En tout cas, je lirai la suite de ces coulisses d'un projet avec plaisir.
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede Johnny Fletcher » 26/04/2021 13:42

luc Brunschwig a écrit:Bonjour à toutes et à tous... comme vous le savez (ou pas), va sortir dans une semaine et demi le dernier tome de la série URBAN. ...


Merci de nous faire partager ce que l'on ne peut pas voir lorsqu'on se trouve de l'autre côté du décor. C'est toujours instructif.
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede jolan » 26/04/2021 17:17

On a même droit à une préface exclusive, vous pouvez l'imprimer et la glisser dans votre exemplaire du T5 ;)
Jolan, le gars qui n'a le droit de ne rien dire, sinon ses posts sont supprimés illico par Nexus.
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede le yann » 26/04/2021 18:26

Merci pour ce partage instructif .
J'avais bien accroché sur la version Urban Games .
C'est sympa d'en connaitre les coulisses.
La grandeur est une expérience passagère. Jamais elle n'est stable.
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede HOCHET Gabriel » 26/04/2021 18:35

Yep, merci pour ça.... :ok: :ok:
DURA LEX QUE C'EST DE L'EX, ET PAF...
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede luc Brunschwig » 27/04/2021 07:58

Aujourd'hui, nous allons évoquer URBAN GAMES, la première tentative concrète de réaliser en BD le futur scénario d'URBAN...
"Avant de poursuivre l’histoire (tragique) d’Urban, il faut que je vous parle quelques instants de Sébastien Gnaedig, l’homme qui préside aujourd’hui à la destinée éditoriale de Futuropolis (vous verrez, ce n’est pas sans lien avec notre sujet, tout au contraire).
Je connais Seb depuis 1992, année de son arrivée aux Editions Delcourt au poste de chef de fabrication. Le chef de fab est, vous le savez, l’homme en charge de l’impression de nos bouquins. Seb était à l’époque ce qu’il est aujourd’hui encore (Dieu merci !) : une sorte de Zébulon virevoltant et chaleureux fourmillant d’idées, le sourire aux lèvres et l’œil qui frise.
Il devint très vite une des personnalités les plus attachantes des éditions Delcourt, le type vers qui l’on se dirige naturellement dès qu’on met les pieds chez notre éditeur.
En plus de l’énorme sympathie qu’il inspirait, on percevait chez lui un intérêt vif et singulier pour nos albums, ce que ces derniers racontent et la façon dont ils le racontent.
Seb lisait tous les albums qu’il imprimait. Non seulement, il les lisait, mais il nous en parlait, avec pertinence, passion. Je vais en décevoir quelques-uns, mais c’est une chose rare, même dans une maison d’édition. Pour lui, les livres étaient à l’évidence autre chose qu’un produit qui doit se vendre ou un simple objet de distraction. C’étaient des univers, des personnages et personne ne semblait mieux comprendre que lui nos intentions, cette énergie qui nous fait avancer et créer ces mondes imaginaires.
Il les lisait, oui. Mais en 1996, coup de tonnerre. On découvre par la bande que Sébastien va quitter Delcourt pour les Humanoïdes Associés. Choix qui peut sembler surprenant, mais en nous renseignant, nous finissons par découvrir que les Humanos lui offre, non pas un poste de chef de fabrication, mais un poste de directeur littéraire, évolution que Delcourt ne pouvait lui proposer.
En juin, Seb s’en va et nous laisse orphelins. Pire, il nous quitte sans un mot, nous laissant dans la confusion la plus totale.
Et puis, en août de la même année, je reçois un coup de fil de mon ami… joie ! Joie d’autant plus grande qu’il me parle de ses nouvelles fonctions, des pistes qu’il souhaite explorer et de sa volonté de travailler avec moi (envie plus que partagée, vous vous en doutez, même si à l’époque planait un tout petit doute : Seb était un brillant chef de fab qui a fait la réputation des éditions Delcourt. Il parlait aussi très bien de nos albums, mais tout cela suffisait-il pour faire de lui un bon directeur de collection ??? Bon, je lève tout de suite le suspens, vous savez tous où le bonhomme en est aujourd’hui)
Le premier projet que je lui propose, c’est Urban Games (ça y est, on y arrive). Ça fait 5 ans que Delcourt l’a entre les mains, qu’il n’arrive à rien, je commence à me dire qu’il est plus que temps d’explorer de nouvelles pistes. Et puis, Urban, c’est un récit de SF et les Humanos, ben, c’est ce qu’on faisait de mieux dans le genre à l'époque.
Seb, qui n’avait jamais eu vent du projet chez Delcourt, le lit et s’enthousiasme aussitôt. Surtout, ce qui est excitant avec lui, c’est qu’il se met à parler du projet avec une compréhension parfaite de l’univers, des personnages et des intentions et un regard très pertinent sur la façon dont tout cela est mis en œuvre.
Et puis, on se met à parler de la façon dont on va réussir à donner vie à ce fichu projet qui semble irréalisable pour tous ceux qui l’ont eu entre les mains (à l’époque, plus d’une dizaine de dessinateurs ont tenté des essais, sans se montrer convaincants).
Puisqu’il semble difficile, voir impossible pour une seule personne de relever tous les défis imposés par Urban Games et son mélange d’humanité et de Las Vegas futuriste, pourquoi ne pas lever une équipe pour que chacun de ses membres assume l’une des difficultés ???
C’est l’époque où le manga commence à s’implanter en France, où Jean-David Morvan et ses potes développent chez Glénat des histoires sur des formats inédits de 150 pages en bossant en équipe (un dessinateur, un story-boarder et un designer).
Je propose à Seb de faire de même, en adaptant Urban Games a un récit plus dilué et en profitant de cette dilution pour mieux développer la richesse de l’univers graphique de la série.
À cette époque, je travaille avec Laurent Hirn sur Le Pouvoir des Innocents dont les talents de metteur en scène font l’admiration de tous. Je lui demande de devenir notre story-boarder. Hirn a été l’un des premiers lecteurs du projet. Il le connaît depuis longtemps et a envie de m’aider à le mener à bien. Il dit « oui ».
Idem pour Laurent Cagniat. À l’époque, nous travaillons ensemble sur Vauriens et le sujet d’Urban le séduit beaucoup même si il n’a pas le temps d’en être le dessinateur principal. Par contre, Cagniat adore imaginer de petits objets, des décors… Il sera notre designer.
À l’époque toujours, je me suis installé en atelier avec deux amis sur Strasbourg. Parmi eux, un certain Jean-Christophe Raufflet qui a un grand talent de cartooniste qui semble tout à fait approprié pour l’univers déjanté et élastique d’Urban Games. Je lui fais ma demande. Il écarquille de grands yeux, sourit comme un gamin à qui l’on vient d’offrir un gros Meccano à Noël. Il dit oui, avec enthousiasme…
Ce qui n’a fait ni son bonheur, ni le nôtre…
En mars 1997, nous signons enfin Urban Games (ça fait déjà 6 ans que j’en ai écrit le scénario) convaincu d’être enfin engagé sur les bons rails avec une « « dream team » aux commandes que plus rien ne pourra arrêter. Nous signons dans un format manga, soit 150 pages, avec un petit prix de planche, cohérent cependant avec notre objectif de faire au minimum une page par jour (objectif qui semble facile à atteindre avec un storyboarder, un designer et un dessinateur combinant leur énergie)… sans nous rendre compte que nous courons à la catastrophe.
1ère erreur – alors que nous demandons un petit format d’album dans l’esprit du manga, Sébastien Gnaedig, notre directeur de collection, nous propose au contraire un grand format. Son argument : puisque 3 dessinateurs bossent sur la série, que les designs promettent des décors monumentaux et chatoyants, autant que les lecteurs aient un format qui leur permette d’en apprécier la somptuosité.
L’argument semble valable et nous le suivons avec enthousiasme sur ce terrain. Ce que ni Sébastien ni nous n’avons prévu, c’est que mon découpage façon manga (au maximum 4 ou 5 cases par pages) sur un grand format allait donner lieu à des cases bien plus grandes que dans une BD classique (où le nombre de cases varie entre 6 et 9 en moyenne)… des cases géantes que Jean-Christophe Raufflet, le dessinateur (dont c’était le premier album et qui voulait à tout prix faire bonne impression) allait s’empresser de remplir de mille et un détails (débordant en cela sur le travail de Laurent Cagniat, le designer)… des détails justifiés par les riches décors de la cité post-Las-Vegas, mais chronophages bien au-delà du raisonnable.
Du coup, d’une journée de travail pour chaque planche, on est passé à une semaine voir plus pour un prix qui ne prenait pas du tout en compte cette donne. Très vite, la situation financière de Jean-Christophe est devenue intenable.
Plusieurs fois, il a tenté de renégocier son prix de planche pour se donner de l’oxygène. Sébastien l’a écouté, compris, a cédé une première fois, mais quelque soit le prix offert, il n’était jamais à la hauteur du temps que Jean-Christophe investissait (à tort ou à raison ?) dans ses pages.
Rapidement, un sentiment d’être sous-payé, de ne pas être soutenu et compris, s’est emparé de lui. Travailler sur Urban Games est devenu une souffrance à tous niveaux. Avec en plus l’obligation d’accepter de menus travaux annexes pour faire entrer un peu de sous. Le projet s’est mis à patiner furieusement. Il devait être réalisé en un an à une cadence stakhanoviste. Deux ans plus tard, on en est à peine au quart des 150 pages prévues. On cherche une solution pour sortir de la crise. On choisit de couper l’album en deux pour en rendre la pagination moins oppressante pour Jean-Christophe. Arrivé à la fin du tome 1, au bout de 3 années de crises, de doutes et de difficultés financières permanentes, Jean-Christophe décide de jeter l’éponge et de quitter le monde de la bande dessinée en jurant de ne plus y remettre les pieds.
2ème erreur – L’idée de diluer la narration en une narration manga. Enfin quand je dis « manga »… je devrais dire pseudo-manga, car je n’en lisais que très peu à l’époque et je n’avais qu’une idée très imprécise de ses codes et de l’intérêt que cette narration particulière pourrait m’offrir.
Et puis, soyons honnêtes, mon écriture habituelle, c’est tout sauf du manga. C’est plutôt du concentré que de la dilution.
Du coup, l’écriture de ce premier tome d’Urban Games n’était pas très juste. Elle était même carrément hésitante, imparfaite et en a étonné (désagréablement) plus d’un qui se retrouvaient à avoir moins à manger sur 80 pages que dans un de mes 54 pages habituelles.
Et puis, ce passage en cours de réalisation de 150 pages à 80 a fait que la dilution de l’histoire était encore plus apparente, puisque le rythme que nous avions adopté était celui d’un gros volume. Or, de ce gros volume, on ne présentait finalement que la moitié des pages réalisées, soit juste la moitié d’un début d’histoire sur 80 pages.
3ème erreur – comme il s’agissait d’une histoire d’anticipation, j’ai jugé (à tort) qu’il était nécessaire d’utiliser ce premier album pour planter le décor et le système de relation sociale à l’intérieur de la cité, avant de passer à l’aventure humaine… la mise en place est, de fait, trop longue et pendant trop longtemps, les personnages restent des silhouettes qui s’agitent un peu vainement et dans tous les sens. On ne se pose d’ailleurs sur aucun d’eux en particulier. On saute allègrement de l’un à l’autre, autant de mauvaises idées que je déconseillerais aujourd’hui vivement à un scénariste débutant.
Enfin bon, il doit y avoir encore deux, trois erreurs monumentales que je pourrais développer, mais vous avez déjà compris que le résultat de ce premier tome était tout sauf à la hauteur de ce qu’on en espérait. Sans Jean-Christophe pour continuer l’aventure, bourrelé de doutes sur les qualités (ou plutôt leur absence) de mon écriture, incapable de trouver un repreneur pour le dessin (même si Laurent Hirn et Laurent Cagniat se sont, un temps, offerts de reprendre le dessin), le projet est mort avec ce tome 1.
Que d’énergie, de talent et de temps investis en vain.
Les choses auraient pu en rester là… Mais Urban semblait ne pas vouloir mourir comme ça…"
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede cabrouch » 27/04/2021 09:17

Bonjour à tous,
Petite question à peine désintéressée:
sait-on si Les Sculpteurs de Bulles éditeront la suite de leur édition en noir et blanc?
Je n'ai trouvé encore nulle part cette info, sauf si j'ai mal cherché :?
Merci pour vos réponses,
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede luc Brunschwig » 27/04/2021 09:46

Non, ils n'éditeront pas la suite...
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede cabrouch » 27/04/2021 13:41

Merci pour votre réponse, Monsieur Brunschwig.
Je m'impatiente de (re)lire toute la série d'un bloc! Je décompte les jours
:food: :food: :food:
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede rennois » 27/04/2021 18:02

P'tain, Luc, un pavé par jour ??? [:bdgest] :cry2:

Je vais pas arriver à suivre, là, je vais noter au calendrier et programmer une journée spéciale lecture quand tu auras fini [:flocon:2] :love:
JE SUIS NE LE 27 AVRIL 2019
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede Brian Addav » 27/04/2021 18:39

Il peut faire un pavé tous les jours de la semaine Luc :respect:
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Re: URBAN 5 de Luc Brunschwig et Roberto Ricci

Messagede rennois » 27/04/2021 18:42

Ah bah bravo, t'es pas débordé, toi ! Il y a du raisin écrasé à gérer, pourtant :D
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