Bon, me revoilà :
Les chiffres donc. Bien sûr, notre milieu est loin d'être homogène à ce niveau. Mais prenons un exemple classique, qui sera quasiment valable pour la plupart des éditeurs dits "classiques" : un jeune auteur de chez Delcourt puisque tant Stéphane C., qu'Alice P. ou que Moi-M. faisont partie de cette catégorie que l'univers entier nous envie. Tiens non, j'ai envie de parler uniquement de Stéphane, ça lui apprendra à faire des albums trop vite et à nous foutre la honte
- Grosso modo, Steph' C. touche par album 55 000 frs (un peu moins, un peu plus, j'arrondis et je parle en francs, c'est plus parlant. Disons donc 1200 frs/page N/b, c'est le tarif moyen chez Dédé quand on débute). Cet argent lui est acquis définitivement et ce, même s'il ne vend pas un
seul album. Par contre, il ne s'agit tout de même que d'avances sur droits, "remboursables" par l'auteur à son éditeur sur les ventes de l'album.
- En effet, l'ami Steph' touche 8% du prix HT de chaque livre vendu, à diviser entre son scénariste et lui (+ éventuellement sa coloriste), soit au final 4% donc. C'est sur ce pourcentage qu'il va d'abord "rembourser" son éditeur avant que, cela chose faite, il touche à nouveau de l'argent en plus des 55 000 frs pré-cités (ça va ? Tout le monde suit ?)
- Le prix HT de l'album est de 77.93 frs (coll. Terres de Légendes). Steph' touche donc 3.11/album vendu.
- Afin de "rembourser" son éditeur, il devra donc vendre 17684 albums (55 000 divisé par 3.11). Pour préciser, disons que les ventes moyennes d'une série dépasse très rarement les 10-12 000 ex., souvent beaucoup moins (ce qui ne sera bien sûr pas le cas de Stéphane quand le monde entier se sera plié en quatre ou aura rêvé à la lecture de Salem)
- Imaginons que Stephane ne vende des albums qu'en dédicace (puisque le but est de démontrer son inutilité économique, je force le trait). A raison de 40 albums/séance (et je suis gentil, c'est loin d'être toujours le cas et c'est plutôt épuisant d'en faire autant), il lui faudra donc 442 séances de dédicaces avant,
seulement, de recommencer à toucher des droits supplémentaires (ces 442 séances sont donc totalement "gratuites" pour lui et représente un temps de travail définitivement perdu).
- A raison d'une journée minimum/séance (et ce n'est même pas le minimum : rajouter les temps de voyage, des fois 1 jour aller, 1 jour retour + la fatigue occasionnée), il va donc perdre 15 mois de travail au minimum (s'il bosse 7J/7 bien sûr, sinon, compter 1 mois de plus...).
- 15 mois de travail, c'est : au bas mot, un album complet à nouveau payé 55 000 frs (2 albums pour Stehp'C., 1/2 pour Kris et Ob... Hmm, pardon, je n'ai rien dit...).
Le résultat purement économique est donc là : 55 000 frs contre... Rien.
Alors bien sûr, ça peut contribuer à vous faire connaître, bien sûr ce sont des ventes qui peuvent faire passer un certain seuil psychologique (Le Déserteur T1 c'est : autour de 500 albums en dédicace, soit 10% des ventes actuelles sans doute et en gros). Mais le travail de l'auteur sera bien plus jugé sur la réalisation de son album suivant plus que sur ces quelques centaines d'ex. supplémentaires.
Quant à un auteur qui vend par dizaines de milliers, c'est encore pire. Le pourcentage de ventes en dédicaces se réduit comme peau de chagrin et le temps perdu par rapport à ses prix de pages (forcément de plus plus élevés) devient même ridicule...
Bref, la dédicace est bel et bien un cadeau de l'auteur. Qui, en échange, reçoit également le respect, le sourire, quelques mots doux, un tamagoshi parfois ou un sac orange et surtout, surtout, prend conscience qu'il n'est pas totalement inutile au bonheur de ses concitoyens
Le monde est beau en fait. Pourquoi discutons-nous de cette évidence :siffle:
PS: Pardon à Stéphane C. d'avoir éhontement abusé de lui pour cette démonstration...