Tintin: Quelle est votre case préférée?

[Coldo3895]

Message précédent :
Ayant passé un week-end à Prague, j'ai relu le Sceptre d'Ottokar.

Et cette image... franchement... wow !!!



Beau, simple, dynamique, excitant !

[mbouglion]

Ayant passé un week-end à Prague, j'ai relu le Sceptre d'Ottokar.

Et cette image... franchement... wow !!!



Beau, simple, dynamique, excitant !

Et à Podebrady, à quelques kilomètres de Prague, il y a la statue du vrai Ottokar !

[Anne68]

Super ce topic

Je ne suis pas du tout fan de Tintin, mais je trouve vos analyses passionnantes, et il y a vraiment des chouettes cases dans celles que vous avez sélectionnées.
Du coup ça me donne envie de redécouvrir les aventures de Tintin

[silenttimo]

Je ne suis pas du tout fan de Tintin, mais je trouve vos analyses passionnantes, et il y a vraiment des chouettes cases dans celles que vous avez sélectionnées.
Du coup ça me donne envie de redécouvrir les aventures de Tintin

Sincèrement, à mon humble avis, il faut redécouvrir Tintin à un moment ou à un autre, quitte à s'en éloigner de nouveau après !

Je l'ai redécouvert quand j'ai commencé à lire des BD à mon fiston il y a 4-5 ans (maintenant, il les lit seul).

D'un côté, les intrigues sont suffisamment claires (pour la plupart ; les 4-5 derniers Tintin sont plus complexes) pour être comprises dès 6-7 ans (de 7 à 77 ans !), de l'autre, la densité du texte, la précision du dessin peut s'apprécier à tous les âges.

Il y a une chose à ne jamais perdre de vue quand on lit Tintin, et en cela, les grosses éditions N&B d'il y a quelques années présentaient un découpage plus adapté : Tintin, c'est du feuilleton.
Lire un album d'une traite fait perdre de vue cet aspect.

Mais il faut imaginer les jeunes qui lisaient les aventures de "Tintin en Amérique" dans le petit 20e, et chaque semaine, les planches se terminaient sur un cliffhanger !
C'est le Tintin qui représente le mieux cet aspect :

- Tintin enlevé en Taxi,
- Tintin abattu à distance à travers une fenêtre,
- Tintin qui tombe dans la machine à hacher la viande,
- Tintin jeté à l'eau attaché à des haltères,
- Tintin tombant dans un précipice,
- Tintin lié à des rails alors que le train arrive,
- Tintin qui va être lynché,
...

J'avais été stupéfait en relisant Tintin en Amérique, justement, devant l'acuité du point de vue d'Hergé sur la situation en Amérique dans les années 30 :
- l'hypocrisie du Volstead act (la prohibition ; le shérif soûl qui tombe en coma éthylique sous le panneau rappelant la loi en vigueur),
- la société gangrenée par les organisations mafieuses,
- le racisme encore très fort envers les noirs qui sont considérés comme des sous-hommes (les bulles du type "... encore 5 nègres pendus", il y en a au moins deux, elles peuvent paraître choquantes mais la société US parle encore de "niggers" et les lynchages gratuits sont encore nombreux dans le sud),
- la prégnance des intérêts capitalistiques,
- la spoliation des intérêts des indiens (american natives, chassés manu militari du terrain où ils résidaient contre une vague indemnité),
- l'esprit d'entreprise (la ville qui s'édifie ex-nihilo en une nuit),
- la corruption,
- les crises syndicales (la grève dans l'usine de viande),
...

[Anne68]

J'ai justement ce souvenir de Tintin : des péripéties qui se suivent et dont il se sort toujours un peu miraculeusement... mais je comprends mieux cet aspect avec ton explication.
Et je me souviens bien de Tintin en Amérique, notamment la scène avec le puits de pétrole où on voit la différence de traitement entre Tintin et les indiens... et aussi la scène avec l'abattoir qui ne donne pas franchement envie de manger de viande
Je crois effectivement qu'en étant adulte on peut redécouvrir Tintin, plus pour tous ces détails que pour les intrigues en elles-même. Ceci-dit je me trompe peut-être, et désolée si j'ai heurté la sensibilité des Tintinophiles qui passent par là, ce n'était pas le but

[silenttimo]

désolée si j'ai heurté la sensibilité des Tintinophiles qui passent par là, ce n'était pas le but

En fait, j'ai fait un peu le même cheminement pour Tintin que pour les dessins animés Walt Disney.

J'ai redécouvert les c-m Disney des années 30-40 (ceux de Mickey, ou Pluto, ou Donald ou Dingo notamment), et il y a une inventivité stupéfiante et beaucoup d'humour.
Cela ne veut pas dire que ce sont mes films d'animation préférés, mais je prends énormément de plaisir à les voir, car ils sont très bon à partir du moment on l'on sort du schéma "Disney avant 1990 = gnagnan / cucul".

Tintin, c'est un peu pareil (pour mon cas).

[Coldo3895]

Clairement une de mes préférées...

[Cabarezalonzo]

Comme je ne parviens pas à voir ton image, peux-tu donner le titre de l'album, le n° de la page (qui correspond à celui de la planche) et enfin le numéro de la vignette (case) dans la planche ?

[calculus]

Comme je ne parviens pas à voir ton image, peux-tu donner le titre de l'album, le n° de la page (qui correspond à celui de la planche) et enfin le numéro de la vignette (case) dans la planche ?

Il s'agit de la case montrant le contenu de la lettre posthume de Wolf dans l'album lunaire.

[Genug]

Comme je ne parviens pas à voir ton image, peux-tu donner le titre de l'album, le n° de la page (qui correspond à celui de la planche) et enfin le numéro de la vignette (case) dans la planche ?

Curieusement elle fait justement partie du dernier message en ligne de "Tintin News" ici (à noter que lesdites "news" ne concernent que le marchandisage... ).
Ce que cette case a de pénible c'est la bien-pensance qui a dicté à Hergé la phrase stupide à propos d'un « miracle » -- dans mon souvenir il a reconnu que c'était une ineptie.

[mbouglion]

Ce que cette case a de pénible c'est la bien-pensance qui a dicté à Hergé la phrase stupide à propos d'un « miracle » -- dans mon souvenir il a reconnu que c'était une ineptie.

De plus, on ne pouvait pas laisser croire ouvertement à un suicide à l'époque, surtout dans le journal Tintin et dans une aventure de Tintin ; le suicide est un péché (péché mortel il me semble)...
La pirouette du miracle, à une époque où l'on avait couramment la foi du charbonnier, permettait de contourner l'obstacle.

[Cabarezalonzo]

Merci de m'avoir permis de savoir de quoi il retournait.

[Cabarezalonzo]

Voici la case qui m'enchante le plus. Pas tellement en elle-même, quoique le jeux de mot soit amusant, mais plus par le contexte et par l'air, pour une fois, ironique mais heureux du Capitaine face à sa meilleure ennemie qui vient, à l’insu de son plein gré, de lui sauver la vie

cf troisième case de la page 40
http://www.bellier.org/coke%20en%20stock/vue40.htm

Observons que dans le journal Tintin, Rastapopoulos-di Gorgonzola jure en invoquant, comme Barbe Rouge, "les cornes du diable". Dans l'album, il se contentera de maugréer : "Diable !..."

Petite remarque à propos de la case sélectionnée par Tarkey : la Castafiore, ravie de rencontrer Tintin et surtout Haddock au cours de la croisière sur le Sheherazade, se contente de leur souhaiter la bienvenue au moment où ils mettent le pied à bord du yacht. Mais elle n'est pour rien dans leur sauvetage.
En réalité, ce sont deux autres membres de la jet set participant au bal costumé et vêtus selon la mode en vigueur à la cour du Roi Soleil (on devine sous la perruque l'artiste polyvalent Jean Cocteau, ami d'Hergé, et la charmante vicomtesse Marie-Laure de Noailles, son égérie) qui ont forcé la main — trouvant follement amusant d'être mis en présence de véritables naufragés — de leur hôte Rastapopoulos-di Gorgonzola.
J'adore l'aplomb affiché par Rastapopoulos dans la troisième case de la planche 39, affirmant avec une mauvaise foi caractérisée qui sied parfaitement à son apparence méphistophélique, qu'il venait de donner des instructions pour recueillir Tintin et ses compagnons d'infortune. On sait qu'il est vivement contrarié, mais il se maîtrise parfaitement et n'en montre rien, exhibant toutefois un sourire carnassier assez révélateur.
Comme de bien entendu, les dialogues sont savoureux dans cette séquence (lapalissade, puisque c'est le cas pour tout l'album).
http://www.bellier.org/coke%20en%20stock/vue39.htm

Un des grandes qualités d'Hergé (et de Bob de Moor) est l'aptitude à restituer parfaitement sur les visages de chaque personnage et avec une infinie variété de nuances grâce à une palette exceptionnelle d'expressions, la pensée de ceux-ci à tout moment. Quant aux milliers d'attitudes et de gestes accomplis par les protagonistes, je ne crois pas qu'on trouve d'équivalent chez autrui, que ce soit dans la BD franco-belge, les comics ou les mangas. Les deux autres champions dans cette discipline sont Franquin et Uderzo et ne courent pas le risque d'être égalés dans un proche avenir. Tous les autres, même de très bons auteurs, sont loin derrière.

Sinon, j'aime beaucoup la succession de vignettes de la séquence avec le fakir Ragdalam et Madame Yamilah, au théâtre, dans Les 7 boules de cristal.

Mais dans Tintin, il y a tellement de cases qui me fascinent que je suis bien incapable d'en extraire une plutôt qu'une autre.

[Le Complot]

N'importe quelle case des 7 boules...

Notamment le Music-Hall et l'introduction chez le professeur Bergamotte.

[Le Complot]

Avec l'âge, je préfère de plus en plus les premières versions noir et blancs de Tintin avec des cases d'une épure parfaite, less is more

Tout à fait d'accord et on pourrait trouver vingt cases parfaites dans le seul "Lotus Bleu" noir et blanc.

Mais je vais répondre à la question initiale du topic par deux cases muettes, que l'on peut passer un peu vite à la lecture, d'autant qu'elles sont très petites de format dans les albums. Chacun, je pense, les "situera".

image.jpg

Hallucinante la première, on est au-delà de l'art... (allez en première page, Tintin et Haddock en voiture, en ville et sous la pluie)

Sinon, y'a deux ans

Une des sept boules de cristal, mais bon il y en a tellement de remarquables dans cet album..

Je n'ai pas changéééééé

[zourbi le grec]

drapeau

[Cabarezalonzo]

N'importe quelle case des 7 boules...

Et dans tellement d'autres titres de la série, que cela justifie amplement la réalisation par P. Goddin de cette formidable somme que représente aujourd'hui sa "Chronologie d'une oeuvre". Lorsqu'on apprécie Hergé également pour ses cases prises isolément, indépendamment des histoires dans lesquels elles s'agencent et s'articulent avec la rigueur d'un mécanisme d'horlogerie suisse, alors on ne peut qu'aimer la "Chronologie d'une oeuvre".
Je regrette d'ailleurs que les strips dans le Feuilleton intégral ne soient pas aussi grands que dans la "Chronologie". Mais la "Chronologie" est essentiellement réalisée à partir d'originaux (rehaussés de crayon bleu à l'emplacement des futures trames), qui supportent parfaitement l'agrandissement à la différence des scans obtenus à partir des journaux.

[carbonnieux]

c'est pas du crayon bleu mais une légère aquarelle

[carbonnieux]

Et pour ce qui est de ma case fétiche, je retiendrai cette case inédite réalisée pour Cœurs Vaillants en 1938, soit deux ans après son passage dans le Pt XXème : https://www.2dgalleries.com/profile/Carbonnieux

[Le Complot]

N'importe quelle case des 7 boules...

Et dans tellement d'autres titres de la série, que cela justifie amplement la réalisation par P. Goddin de cette formidable somme que représente aujourd'hui sa "Chronologie d'une oeuvre". Lorsqu'on apprécie Hergé également pour ses cases prises isolément, indépendamment des histoires dans lesquels elles s'agencent et s'articulent avec la rigueur d'un mécanisme d'horlogerie suisse, alors on ne peut qu'aimer la "Chronologie d'une oeuvre".
Je regrette d'ailleurs que les strips dans le Feuilleton intégral ne soient pas aussi grands que dans la "Chronologie". Mais la "Chronologie" est essentiellement réalisée à partir d'originaux (rehaussés de crayon bleu à l'emplacement des futures trames), qui supportent parfaitement l'agrandissement à la différence des scans obtenus à partir des journaux.

Tout-à-fait, j'ai l'honneur de posséder 5 Chronologies...

[Cabarezalonzo]

Ah oui.
Hergé avait dû faire quelques concessions pour se maintenir dans Coeurs Vaillants et percer sur le sol français. On pourrait presque croire que Tintin est catho. Trop fort, Hergé.