Les tomes 10 et 11 à paraître.
Les histoires composant le tome 11 seront graphiquement les plus proches des débuts de Gil Jourdan (où Tillieux est à son apogée en matière de dessin) : Tillieux s'y efforce alors de s'approprier des éléments du style de Franquin, tout en conservant une identité propre
(parce qu'il dessinait depuis pas mal de temps déjà).
En revanche, les récits sont invariablement traités sur douze planches chacun
(parfois, deux se suivent pour former un ensemble de 2 x 12 = 24 planches) et le type de narration ainsi que l'esprit de la série ne sont pas tout à fait identiques à ceux de Gil Jourdan. Félix est plus "hard boiled" que Jourdan, le macabre n'y est pas censuré. Les truands sont conformes aux personnages qu'on trouvait dans les romans de la Série Noire à la même époque. Gil Jourdan est toujours élégant. Félix le devient davantage sur la fin. Sinon, à ses débuts, il n'a pas l'air de trop se soucier de son apparence. Comme tu peux le voir sur le visuel du futur tome 9, Félix est vêtu d'une gabardine et coiffé d'un béret.
Le fait que seule la première planche soit en couleurs renforce également le côté brutal et percutant de la série. Signalons au passage que les fascicules Héroïc-Albums étaient réalisés en papier pulp. Et que beaucoup des romans traduits aux débuts de la Série Noire de Gallimard avaient été publiés dans le fameux pulp-magazine d'avant-guerre, "Black Mask".
Mais je te rassure : lire Félix, c'est se plonger dans l'âme de Tillieux, tout comme on le fait en lisant du Gil Jourdan, malgré la double contrainte des censeurs obnubilés par la loi de 1949 et le contrôle guère moins tatillon de l'éditeur Charles Dupuis pour tout ce qui paraissait dans l'hebdomadaire Spirou.
Je te recommande vivement, si tu ne l'as pas déjà lu, de te plonger dans l'unique et indispensable tome 1 de Marc Jaguar
(publié dans Risque-Tout et non dans Spirou). Il correspond aussi à la période des débuts de Gil Jourdan et c'est un bon one-shot.