On est d'accord que ce topic n'a plus rien à voir avec
Red Son, hein ? oui ? bon ? ok on peut continuer.
corbulon a écrit:Quant à Moore, désolé ses récits sur Superman sont plus une déclaration d'amour pour la période pré-crisis qu'un goût pour le côté obscur de la force,
C'est le souvenir que j'en avais gardé. Et puis je les ai relus.
Si c'est une déclaration d'amour, c'est dans une version étonnamment sadique tout de même !
corbulon a écrit:il le prouvera un peu plus tard avec Supreme, personnagé imaginé par un certain Rob Liefeld.
Gare aux effets de "tuilage" des infos. Je n'oserais affirmer que telle était ton intention, mais il me semble que l'impression qui se dégage de ton argumentaire c'est : "
les Superman de Moore sont forcément lumineux et nostalgiques puisque cela caractérise aussi son travail sur Supreme qui est un pompage éhonté pastiche de Superman par Liefeld qui ne peut donc lui-même pas être si mauvais que ça". Or
Supreme, c'est 10 ans plus tard (à partir de 96), à un moment où Moore commence à tourner casaque par rapport à ses travaux précédents -- et surtout à leur influence générale sur le genre. Il a lui-même dit en interview que
Supreme était une façon pour lui de "présenter des excuses" pour le côté sombre et torturé de titres comme
The Killing Joke ou
Watchmen. Par ailleurs il n'avait accepté de reprendre le personnage qu'à condition de pouvoir ignorer tout ce qu'il voulait des numéros précédents, car il trouvait le travail de Liefeld très mauvais.
Sur les contributions de Marvel et DC à l'histoire des comics :J'ai un peu tendance sans doute moi-même à accentuer l'importance de DC car c'est là que va majoritairement ma préférence
(exception faite des productions de ces dernières années, où la tendance s'inverse pour moi ; mais ce n'est pas le sujet ici).
Attention quand même
Green Lantern/Green Arrow n'a pas ouvert "l'Âge de Bronze" à lui tout seul. Disons que c'est le premier grand signe d'un crépuscule de l'Âge d'Argent qui va s'étendre sur plusieurs années, avec l'affaissement du Comics Code, le retour des personnages de "monstres" auparavant prohibés (
Swamp Thing côté DC,
Werewolf by Night côté Marvel), le début du run du jeune Steve Englehart sur Captain America (qui se poursuivra jusqu'en 75), et, ce qui sonne le véritable glas de cette période à mon sens, la mort de Gwen Stacy.
Par ailleurs, comme d'autres l'ont pointé ci-dessus, en remontant un peu plus loin dans le temps, difficile de nier l'importance pour le genre de l'explosion des débuts de Marvel, qui introduit une pléiade de nouveaux personnages majeurs, une nouvelle façon d'envisager les super-héros (avec cette "faille" humaine comme en contrepartie de leurs pouvoirs) et de raconter leurs histoires (le côté "soap" à côté des exploits). D'ailleurs si on avance à nouveau dans le temps, il me semble que Marvel s'en sort bien mieux que DC durant l'Âge de Bronze, justement en poursuivant et développant les prémices de cette formule (
les grandes heures du run de Claremont sur les X-Men, l'Iron Man alcoolo de Michelinie, les débuts de Miller sur Daredevil...). Ça, et le fait que Marvel se diversifie opportunément en tapant aussi dans la mode naissante de l'
heroic fantasy en BD (Conan...).
Enfin, on peut aussi considérer le passage d'histoires individuelles auto-contenues aux grandes fresques avec
events,
crossovers et
crisis obligés qu'on connaît maintenant. Sauf erreur de ma mémoire c'est Kirby le premier, en 66 chez Marvel, qui se détache du modèle existant des numéros séparés pour exprimer le côté épique de sa "trilogie de Galactus" (
Fantastic Four #48-50). C'est Kirby encore, certes alors transfuge chez DC, qui est le premier à mettre en place l'idée d'un même grand évènement dont on saisit différents aspects à travers différentes séries, en l'occurrence les quatre séries qui forment la saga qu'on connaît maintenant comme "
Le Quatrième Monde" (1970-73). Enfin c'est chez Marvel à nouveau, en 84-85, qu'est publié le premier
Secret Wars de Jim Shooter, matrice de tous les grands
events où tous les personnages d'un univers partagé se retrouvent impliqués à la fois à travers une mini-série principale et dans les numéros associés de leurs propres séries.