J'ai lu ces 2 tomes, sur quelques soir.
J'avais lu les toutes 1ères planches en preview, et cela ne m'avait pas donné envie de lire la suite.
Il y avait de la vulgarité et des attitudes qui ne me plaisaient pas beaucoup. Ajouté à cela le fait que je n'avais pas aimé le Spirou dépressif du "journal d'un ingénu".
Mais comme je trouve tout de même le dessin de Bravo réussi, et surtout sa représentation graphique de Spirou et Fantasio (surtout Spirou qui est génial, je trouve), plus les débats sur ce forum, sur chacun des albums, j'ai fini par céder.
Un peu comme pour le (faux) "Blake et Mortimer" de Schuiten, j'y ai lu du bon et du moins bon.
Graphiquement, rien à redire, c'est très chouette.
Malgré la répétition des décors, c'est plaisant, voire beau par moments.
Scénaristiquement, je suis un peu inquiet de la tournure des évènements.
Spirou va finir à Auschwitz, ou quoi ???
A moins que le train qui l'emmène ne parvienne pas à sa destination, que Spirou redevienne Spirou et trouve le moyen de s'échapper avec les enfants, et nous fasse vivre les choses depuis la Pologne occupée ?
Je trouve certaines scènes mal fichues, certains personnages un peu trop caricaturaux (le Père de l'orphelinat vraiment méchant), et en même temps, j'apprécie que l'Eglise ne soit pas trop enfoncée... tout en l'étant un peu quand même.
Tellement habitué à la chose depuis mon enfance, je finis par ne plus en prendre ombrage, alors que je ne devrais pas.
Certaines affirmations (sur l'origine de l'antisémitisme, par exemple... j'ai l'impression de lire un équivalent des "protocoles des sages de Sion", en inversé) sont un peu lourdes, alors je considère que c'est la vision du personnage et pas la vérité révélée.
Je trouve aussi le personnage de Spirou assez paradoxal :
Par moment très naïf (pour ne pas dire concon), et à d'autres moments très intelligent, comme lorsqu'il comprend ce que tente de faire le faux résistant avec ses faux papiers contre de l'argent ; il perçoit le piège, mais ne prévient pas pour autant la famille d'artistes "juifs" (je met "juifs" entre parenthèse, car ils reconnaissent eux même qu'ils n'ont pas de religion ; il ne viendrait à personne de se dire catholique s'il n'est pas baptisé ni pratiquant).
Il y a fatalement matière à pinailler, dans ces albums, comme par exemple le fait pour un polonais (juif ou pas) de parler d'Auschwitz plutôt que d'Oswiecim.
Ou certaines positions de Spirou (son côté objecteur de conscience, qui a peu de sens à l'époque, et même maintenant). Ou un Fantasio effectivement TRES con, avant sa "conversion" (par contre, je ne le trouve pas si opportuniste que cela ; il n'y a pas de bonnes raisons de changer, seul importe le fait qu'il change, et la raison qui l'amène à ouvrir les yeux en vaut d'autres).
Mais je préfère en garder les bonnes choses, une reconstitution assez réussie, un hommage aux Spirou de la Guerre (celui du journal, du théatre), une fouletitude de personnages qui donnent une oeuvre riche, et au final l'envie de connaitre la suite.
Pour le meilleur et pour le pire (ce que je n'espère pas).