Et peut-être aussi ce titre, paru en janvier chez Panini :
et que j'ai lu ce week-end en v.o. (
Spider-Man with the Black Cat : The Evil That Men Do).
Petite précision, la couverture ne rend pas exactement compte de la tonalité de l'ensemble, et le résumé plus que succinct en 4e de couv' n'aide guère. En revanche la personne qui a fait la fiche BEL a choisi une planche plus... explicite, ce qui m'évitera d'utiliser la balise spoiler.
En fait, cette mini-série de 6 numéros est très nettement "coupée" en deux parties bien distinctes. J'ai découvert après ma lecture que les deux ensembles de 3 numéros avaient été publiés à quatre ans d'écart (2002 / 2006), ce qui ne m'a pas vraiment étonné.
La première moitié donne plutôt dans le fun décomplexé. Certes, l'Araignée enquête sur la mort par overdose d'un de ses élèves, et si Felicia accepte de reprendre son costume de Chatte Noire et la direction de New York, c'est à la recherche d'une amie dont le lecteur sait d'emblée que son corps repose au milieu des ordures : on n'est donc pas dans la pure fantaisie sans conséquence... Reste que l'action prime, les scènes de baston s'enchaînent, entrecoupées de réparties plus ou moins égrillardes, Felicia semblant bien décidée au passage à donner un goût de reviens-y à son ex, et celui-ci, quoique marié depuis à M.J., ne résistant pas trop héroïquement pour éviter les situations équivoques...
Difficile d'ailleurs de lui jeter la pierre quand au dessin le couple Dobson ne néglige rien pour mettre en avant les... avantages de l'héroïne.
Et puis vient la fin du n°3 où on laisse celle-ci sur le point d'être violée.
Kevin Smith -- me semble-t-il -- évite heureusement l'écueil majeur consistant à ne convoquer ce genre d'éléments que dans une volonté de surenchère gratuite. Le récit se brise, le combat change d'âme, et le ton se modifie radicalement dans les trois derniers numéros. L'action est reléguée au second plan, remplacée par de longues plages de dialogues introspectifs qui, s'ils n'hésitent pas à aller dans le glauque, le font avec suffisamment d'intelligence et de subtilité pour ne pas donner une impression de
grim & gritty racoleur, mais plutôt d'une utilisation du véhicule "comics de super-héros" pour aborder des thèmes auxquels on imagine que le "public de base" attendu n'est pas forcément le plus sensibilisé.
Malgré un épilogue (les trois dernières planches) dont on aurait à mon avis pu faire l'économie et qui nuit un peu à l'ensemble, ce volume me semble donc très recommandable, même s'il convient d'être prévenu qu'il s'agit d'un récit un peu hors norme, avertissement que se garde bien de délivrer Panini qui vend par ailleurs le volume sous blister...