Adam.B a écrit:Bon et sinon, il est bien ce machin ou pas au final ?
Sans aucun doute!
Adam.B a écrit:Bon et sinon, il est bien ce machin ou pas au final ?
Jetjet a écrit:Titre des inrocks (mais article payant donc fuck) : "Malgré un canevas convenu, le nouvel album de l’Américain Craig Thompson émerveille par sa beauté et sa créativité graphique."
donc traduction c'est beau mais c'est creux ???
Le résultat, à la fois déroutant et emballant, potache et réfléchi, fait irrésistiblement songer à Futurama, la série animée SF de Matt Groening, le créateur des Simpson. D'une certaine façon, c'est avec son œuvre la moins ouvertement adulte que Craig Thompson est définitivement devenu grand.
Le dessinateur mondialement reconnu de Blankets met en scène l'inondation de l'espace par une diarrhée de baleines géantes ! Rencontre.
#Portrait#LeMakingOf#BandesDessinées
Avec son regard d'une douceur infinie et ses cheveux qu'il porte désormais très court après avoir longtemps arboré une coupe quasi raphaélique, Craig Thompson a de faux airs de Sufjan Stevens, le chanteur à la voix cristalline qui a récemment offert avec son dernier album Carrie & Lowell un véritable requiem à sa mère disparue. Les ressemblances entre les deux artistes ne s'arrêtent d'ailleurs pas là : tous deux sont nés la même année (1975), dans le même État (le Michigan), et partagent une même relation complexe à la religion dans laquelle ils ont baigné dès le plus jeune âge.
En 2003, lorsque Thompson fait paraître Blankets, c'est encore un inconnu dans le petit monde de la bande dessinée underground américaine. Avec cette œuvre autobiographique de plus de 600 pages en noir et blanc, qui raconte l'éveil à l'amour, façon Daphnis et Chloé, de deux adolescents dans le Wisconsin ultra-puritain des années 1990, Thompson solde une enfance passée dans un milieu réactionnaire et conservateur, où toute activité artistique était censée offrir un aller simple vers l'enfer. Le succès est fulgurant, et Blankets est récompensé par Time Magazine du titre de bande dessinée de l'année, Art Spiegelman, l'auteur de Maus, notoirement avare de compliments, se fendant lui-même d'une lettre élogieuse à son auteur.
Après le plus anecdotique Un Américain en balade, qui relatait son voyage en Europe pour la promotion de Blankets, Thompson se lance alors dans Habibi, une fresque monumentale et ambitieuse qui se situe dans un Moyen-Orient fantasmé. Sorte d'épopée sur fond de syncrétisme islamo-chrétien, Habibi est surtout, comme Blankets, une réflexion sur la sexualité et son rapport aux préceptes religieux, centrée sur le couple formé par Dodola, une jeune fille vendue par son père et qui atterrit dans le harem d'un sultan dont elle devient la favorite, et Zam, que Dodola découvre alors qu'il n'est qu'un bébé et élève comme son frère, avant qu'il ne devienne un eunuque au sein de ce harem.
Sexe et culpabilité
Si Habibi a reçu à sa sortie en 2011 un accueil favorable, la critique et le public saluant justement la beauté plastique du livre, inspirée par la calligraphie et les enluminures arabo-persanes, les premières réserves sont aussi apparues. Certains ont notamment reproché à Thompson son approche culpabilisatrice de la sexualité, à l'image du Guardian qui jugea « son approche du sexe globalement problématique » et regretta que Zam, « tout comme le héros autobiographique de Blankets, soit hanté par la honte et son aspiration à n'être qu'une créature purement spirituelle et minée par un désir coupable ».
Aussi, une légitime curiosité entourait l'attente du prochain album de Craig Thompson, qui a donc surpris tout son monde avec Space Boulettes, un opéra de l'espace aux dimensions paradoxalement plus modestes que ses devanciers (360 pages tout de même…), baigné de couleurs flashy orchestrées par un spécialiste du genre, Dave Stewart (responsable coloriste sur le Hellboy de Mike Mignola), là où Blankets et Habibi préféraient les larges aplats encrés de noir sur une page blanche.
L'auteur qui nous fait face respire aujourd'hui une certaine sérénité et confesse – cause ou conséquence ? – ne plus se sentir du tout chrétien. Installé depuis peu à Los Angeles, dans le quartier branché de Silverlake, après avoir longtemps vécu à Portland, Thompson ne rejette pas les critiques formulées à l'égard d'Habibi : « Quand on a grandi dans le milieu où j'ai grandi, oui, le rapport à la sexualité est forcément compliqué, et empreint de culpabilité. Mais après Habibi, qui avait été une œuvre difficile à accoucher, j'avais envie de faire une bande dessinée plus ludique et légère, destinée au plus grand nombre, et surtout aux enfants. »
© Copyright 2000 Adobe Systems Incorporated
Space Boulettes, avec son titre qui évoque une parodie à la Mel Brooks (dont La Folle histoire de l'espace porte le titre original de… Spaceballs), est d'abord un opéra de l'espace respectant tous les codes en vigueur du genre, avec ses créatures délirantes, ses vaisseaux majestueux et ses batailles intergalactiques : « La première influence est bien sûr Star Wars, et Space Boulettes lui doit beaucoup, en particulier pour son côté camionneur de l'espace. J'ai grandi dans le Wisconsin, et j'ai toujours été fasciné par les énormes machines agricoles, les tracteurs ou les trucks qui m'entouraient. Je crois d'ailleurs que c'était aussi le cas de George Lucas. Les machines de Space Boulettes, comme la scierie géante où travaille le père de Violette, doivent beaucoup à cette imagerie. »
« Mes parents sont des électeurs en puissance de Trump »
Mais si Space Boulettes fera bien sûr la joie des plus jeunes, l'album n'oublie pas les préoccupations de Craig Thompson, tourné ici vers des considérations plus politiques, sociales et économiques que spirituelles et sexuelles. Violette, son héroïne, vit avec son père, un bûcheron de l'espace couvert de tatouages, et sa mère, une aspirante créatrice de mode et qui travaille dans une maison de couture : « Mes parents étaient d'un milieu extrêmement modeste et très peu cultivés. Aujourd'hui, ce sont des électeurs en puissance de Donald Trump, alors que j'évolue moi-même dans un milieu académique, artistique et intellectuel. Cette contradiction en moi, on la retrouve chez Violette. J'ai choisi ce prénom, car c'est le résultat d'un mélange entre le rouge, qui est la couleur du Parti républicain, et le bleu, qui est celle du Parti démocrate. »
Dessin original de Craig Thompson
Dans la version originale de l'album, la mère de Violette se prénomme ainsi Cerulean, qui est une nuance de bleu, et son père Garnett, qui est une nuance de rouge : « Violette est le produit de cette énergie contradictoire, entre une ascendance populaire et une autre plus sophistiquée. » Derrière le scénario loufoque qui met Violette en quête de son père, disparu alors qu'il tentait d'endiguer les diarrhées de baleines géantes de l'espace menaçant l'univers tout entier (!), Thompson évoque également pêle-mêle la crise environnementale, dont les États-Unis sont pour lui les premiers responsables, le problème de l'éducation (l'une des planches les plus réussies montre Violette visitant plusieurs types d'écoles avec ses parents après que la sienne a été détruite), et le conflit – la lutte ? – des classes qui divise le monde de Violette.
La station spatiale où travaille la mère de Violette, et où elle ne peut résider, est ainsi conçue sur le modèle des Gated Communities, ces zones résidentielles privées réservées aux classes les plus aisées de la population américaine (voir notre vidéo making-of). Sans oublier, on ne se refait pas, certaines allusions transparentes à la Bible, à l'image de cet échange entre Zacchée, un petit alien qui accompagne Violette dans son aventure, et son frère détesté Zucchinus, où ce dernier demande : « Où est Zacchée ? Suis-je le gardien de mon père ? », soit un décalque du dialogue entre Dieu et Caïn après le meurtre d'Abel. Le résultat, à la fois déroutant et emballant, potache et réfléchi, fait irrésistiblement songer à Futurama, la série animée SF de Matt Groening, le créateur des Simpson. D'une certaine façon, c'est avec son œuvre la moins ouvertement adulte que Craig Thompson est définitivement devenu grand.
Space Boulettes de Craig Thompson (éditions Casterman), 328 p., 24,95 euros
silverfab a écrit:Non mais les Inrocks steplait!
Et pourquoi pas se fier à l'avis de Télérama, télé7 Jours ou Femme actuelle pendant qu'on y est?!
Jetjet a écrit: interviewer Booba et Virginie Despentes...
Adam.B a écrit:Jetjet a écrit:Titre des inrocks (mais article payant donc fuck) : "Malgré un canevas convenu, le nouvel album de l’Américain Craig Thompson émerveille par sa beauté et sa créativité graphique."
donc traduction c'est beau mais c'est creux ???
Heu j'ai accès à l'article complet ?
Sa conclusion :Le résultat, à la fois déroutant et emballant, potache et réfléchi, fait irrésistiblement songer à Futurama, la série animée SF de Matt Groening, le créateur des Simpson. D'une certaine façon, c'est avec son œuvre la moins ouvertement adulte que Craig Thompson est définitivement devenu grand.
Le complet :Le dessinateur mondialement reconnu de Blankets met en scène l'inondation de l'espace par une diarrhée de baleines géantes ! Rencontre.
#Portrait#LeMakingOf#BandesDessinées
Avec son regard d'une douceur infinie et ses cheveux qu'il porte désormais très court après avoir longtemps arboré une coupe quasi raphaélique, Craig Thompson a de faux airs de Sufjan Stevens, le chanteur à la voix cristalline qui a récemment offert avec son dernier album Carrie & Lowell un véritable requiem à sa mère disparue. Les ressemblances entre les deux artistes ne s'arrêtent d'ailleurs pas là : tous deux sont nés la même année (1975), dans le même État (le Michigan), et partagent une même relation complexe à la religion dans laquelle ils ont baigné dès le plus jeune âge.
En 2003, lorsque Thompson fait paraître Blankets, c'est encore un inconnu dans le petit monde de la bande dessinée underground américaine. Avec cette œuvre autobiographique de plus de 600 pages en noir et blanc, qui raconte l'éveil à l'amour, façon Daphnis et Chloé, de deux adolescents dans le Wisconsin ultra-puritain des années 1990, Thompson solde une enfance passée dans un milieu réactionnaire et conservateur, où toute activité artistique était censée offrir un aller simple vers l'enfer. Le succès est fulgurant, et Blankets est récompensé par Time Magazine du titre de bande dessinée de l'année, Art Spiegelman, l'auteur de Maus, notoirement avare de compliments, se fendant lui-même d'une lettre élogieuse à son auteur.
Après le plus anecdotique Un Américain en balade, qui relatait son voyage en Europe pour la promotion de Blankets, Thompson se lance alors dans Habibi, une fresque monumentale et ambitieuse qui se situe dans un Moyen-Orient fantasmé. Sorte d'épopée sur fond de syncrétisme islamo-chrétien, Habibi est surtout, comme Blankets, une réflexion sur la sexualité et son rapport aux préceptes religieux, centrée sur le couple formé par Dodola, une jeune fille vendue par son père et qui atterrit dans le harem d'un sultan dont elle devient la favorite, et Zam, que Dodola découvre alors qu'il n'est qu'un bébé et élève comme son frère, avant qu'il ne devienne un eunuque au sein de ce harem.
Sexe et culpabilité
Si Habibi a reçu à sa sortie en 2011 un accueil favorable, la critique et le public saluant justement la beauté plastique du livre, inspirée par la calligraphie et les enluminures arabo-persanes, les premières réserves sont aussi apparues. Certains ont notamment reproché à Thompson son approche culpabilisatrice de la sexualité, à l'image du Guardian qui jugea « son approche du sexe globalement problématique » et regretta que Zam, « tout comme le héros autobiographique de Blankets, soit hanté par la honte et son aspiration à n'être qu'une créature purement spirituelle et minée par un désir coupable ».
Aussi, une légitime curiosité entourait l'attente du prochain album de Craig Thompson, qui a donc surpris tout son monde avec Space Boulettes, un opéra de l'espace aux dimensions paradoxalement plus modestes que ses devanciers (360 pages tout de même…), baigné de couleurs flashy orchestrées par un spécialiste du genre, Dave Stewart (responsable coloriste sur le Hellboy de Mike Mignola), là où Blankets et Habibi préféraient les larges aplats encrés de noir sur une page blanche.
L'auteur qui nous fait face respire aujourd'hui une certaine sérénité et confesse – cause ou conséquence ? – ne plus se sentir du tout chrétien. Installé depuis peu à Los Angeles, dans le quartier branché de Silverlake, après avoir longtemps vécu à Portland, Thompson ne rejette pas les critiques formulées à l'égard d'Habibi : « Quand on a grandi dans le milieu où j'ai grandi, oui, le rapport à la sexualité est forcément compliqué, et empreint de culpabilité. Mais après Habibi, qui avait été une œuvre difficile à accoucher, j'avais envie de faire une bande dessinée plus ludique et légère, destinée au plus grand nombre, et surtout aux enfants. »
© Copyright 2000 Adobe Systems Incorporated
Space Boulettes, avec son titre qui évoque une parodie à la Mel Brooks (dont La Folle histoire de l'espace porte le titre original de… Spaceballs), est d'abord un opéra de l'espace respectant tous les codes en vigueur du genre, avec ses créatures délirantes, ses vaisseaux majestueux et ses batailles intergalactiques : « La première influence est bien sûr Star Wars, et Space Boulettes lui doit beaucoup, en particulier pour son côté camionneur de l'espace. J'ai grandi dans le Wisconsin, et j'ai toujours été fasciné par les énormes machines agricoles, les tracteurs ou les trucks qui m'entouraient. Je crois d'ailleurs que c'était aussi le cas de George Lucas. Les machines de Space Boulettes, comme la scierie géante où travaille le père de Violette, doivent beaucoup à cette imagerie. »
« Mes parents sont des électeurs en puissance de Trump »
Mais si Space Boulettes fera bien sûr la joie des plus jeunes, l'album n'oublie pas les préoccupations de Craig Thompson, tourné ici vers des considérations plus politiques, sociales et économiques que spirituelles et sexuelles. Violette, son héroïne, vit avec son père, un bûcheron de l'espace couvert de tatouages, et sa mère, une aspirante créatrice de mode et qui travaille dans une maison de couture : « Mes parents étaient d'un milieu extrêmement modeste et très peu cultivés. Aujourd'hui, ce sont des électeurs en puissance de Donald Trump, alors que j'évolue moi-même dans un milieu académique, artistique et intellectuel. Cette contradiction en moi, on la retrouve chez Violette. J'ai choisi ce prénom, car c'est le résultat d'un mélange entre le rouge, qui est la couleur du Parti républicain, et le bleu, qui est celle du Parti démocrate. »
Dessin original de Craig Thompson
Dans la version originale de l'album, la mère de Violette se prénomme ainsi Cerulean, qui est une nuance de bleu, et son père Garnett, qui est une nuance de rouge : « Violette est le produit de cette énergie contradictoire, entre une ascendance populaire et une autre plus sophistiquée. » Derrière le scénario loufoque qui met Violette en quête de son père, disparu alors qu'il tentait d'endiguer les diarrhées de baleines géantes de l'espace menaçant l'univers tout entier (!), Thompson évoque également pêle-mêle la crise environnementale, dont les États-Unis sont pour lui les premiers responsables, le problème de l'éducation (l'une des planches les plus réussies montre Violette visitant plusieurs types d'écoles avec ses parents après que la sienne a été détruite), et le conflit – la lutte ? – des classes qui divise le monde de Violette.
La station spatiale où travaille la mère de Violette, et où elle ne peut résider, est ainsi conçue sur le modèle des Gated Communities, ces zones résidentielles privées réservées aux classes les plus aisées de la population américaine (voir notre vidéo making-of). Sans oublier, on ne se refait pas, certaines allusions transparentes à la Bible, à l'image de cet échange entre Zacchée, un petit alien qui accompagne Violette dans son aventure, et son frère détesté Zucchinus, où ce dernier demande : « Où est Zacchée ? Suis-je le gardien de mon père ? », soit un décalque du dialogue entre Dieu et Caïn après le meurtre d'Abel. Le résultat, à la fois déroutant et emballant, potache et réfléchi, fait irrésistiblement songer à Futurama, la série animée SF de Matt Groening, le créateur des Simpson. D'une certaine façon, c'est avec son œuvre la moins ouvertement adulte que Craig Thompson est définitivement devenu grand.
Space Boulettes de Craig Thompson (éditions Casterman), 328 p., 24,95 euros
Déjà, j'adore le gars qui parle d'opéra de l'espace. On est en France mÔssieur !
Le Tapir a écrit:Jetjet a écrit: interviewer Booba et Virginie Despentes...
Pas de gros mots, il y a des enfants qui passent parfois sur ce forum...
Jetjet a écrit:
Sinon on attend la chronique du blog musical mais elle tarde à venir hein !
silverfab a écrit:Jetjet a écrit:
Sinon on attend la chronique du blog musical mais elle tarde à venir hein !
Ouais, fallait faire des choix, j'ai pris le western à tendance homo et le polar français...mauvaise pioche peut -être??
Le Tapir a écrit:silverfab a écrit:Jetjet a écrit:
Sinon on attend la chronique du blog musical mais elle tarde à venir hein !
Ouais, fallait faire des choix, j'ai pris le western à tendance homo et le polar français...mauvaise pioche peut -être??
Est-ce que tu ne parlerais pas là de la BD qui a un nom bizarre là de Peeters! Un nom qui fait un peu pédé?
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