SILLAGE - Buchet, Morvan - Delcourt

[rork]

Message précédent :

Mais honnêtement tout le monde le pense que la série tire en longueur, non ? [...]

Non.

! non on peut pas... mais on le pense tous !

Rien compris.
Non, je ne pense pas que la série tire en longueur.

[JDMorvan]

Ce que je préfère du Sillage 3, c'est quand Nävis dit à la fin : Ça va passer. Le pire, c'est que ça finit toujours par passer...".
L'anecdote marrante pour ce scénar, c'est que quand on en a parlé avec Philippe au resto la première fois, c'est que je lui ai présenté l'idée en pensant que c'était un résumé de roman de sf que j'avais lu il y a longtemps. Mais il m'a dit que non, que je l'avais bel et bien inventé
Et pour dire que, pour nous, ça ne tire pas en longueur : on prépare des trucs dans les albums pour la suite. Exemple dans le 3, on prépare la révélation du 15. Regardez la page où Nävis est dans la tente après la nuit passée avec son amoureux, il y a une métaphore graphique assez précise sur la sortie de la tente.
Pour les choix des albums, on a toujours ce qu'il se passe ici : "Mon préféré, c'est le untel. Non, le untel. Ah non, le untel". Et ce depuis le 5, vraiment.
On a des gens qui ont détesté le 2, puis le 6, et le 8, et le 9, et le 11. Disant que c'était mieux avant. Mais au bout de quelques années, les albums sont réintégrés dans ceux qu'ils aiment bien alors que le dernier sorti, non, il est nul.
Comme je disais, je comprends très bien cette habitude / lassitude.
Je sais aussi que les histoires des premiers semblent plus marquées. Alors que non, chacun a vraiment sa spécificité. Mais comme on se penche plus sur la vie de Nävis, son évolution, ça peut sembler moins impactant. Je le sais très bien.
Pour autant, les tomes 8 et 11 sont très importants dans sa vie, et donc dans la série qui est centrée sur elle.
Le 8 car Nävis idéalisant les humains et voulait se montrer à la hauteur de ce qu'elle imaginait qu'ils étaient. Du coup, elle peut passer à autre chose après cette rencontre.
Le 11 pour lui apprendre que les choses peuvent se faire plus calmement, sans être totalement investie dans des choses qui lui sont extérieures, et aussi qu'elle ne peut pas décider de l'avenir des gens juste en pensant que c'est bien. Elle ne peut pas TOUT régler. le rythme plus calme de l'album est évidement voulu, et il parle tout de même en plein de Sillage : quel choix de société vont faire les gens qui vivent sur une planète que croise le convoi. Il y a une révolution et cette fois, contrairement au 3 et au 6, ce n'est pas elle qui mène les gens au combat car elle est plus mûre et a pigé que ce qu'elle trouve bon pour eux alors qu'elle n'est là que depuis quelques heures / jours, ne l'st pas forcément à long terme. Elle apprend à laisser les autochtones décider de leur destin.
Le 12 est une tentative narrative d'avoir le climax au début et des scènes plus contemplatives dans la suite. C'est une recherche sur comment écrire une histoire autrement que dans un schéma classique. Forcément un risque, mais dont le fond et la forme sont liés, puisque ça se passe dans un monastère.
Je peux parler du pourquoi de tous, car ils ont tous un sens très fort pour moi.
Et parfois, je sais même exactement pourquoi ils plaisent plus ou moins aux gens.
Parfois même, sûrement, je me suis planté, ou n'ai pas été aussi bon que j'aurais pu... C'est la vie, personne n'est toujours au top, dans sa vie. Si vous vous l'êtes toujours, félicitations.
Mais parfois aussi, si j'avais mieux réussi ce que je voulais faire, les lecteurs auraient moins aimé. Ainsi le 2, à sa sortie, j'ai eu plein de gens qui ne comprenaient pas l'enjeu de ce livre, car ils ne voyaient pas le viol ultime du Consul envers Nävis comme un thème fort, comme sauver le monde, ou trouver un coffre au trésor par exemple. Je reconnais que le livre n'est pas aussi carré que j'aurais pu, mais comme je le disais, si j'avais mieux réussi à christaliser mon thème central, pas mal de gens auraient encore moins aimé.
Pour le 19, il est basé sur un fait réel : la disparition quasi totale des noirs et le pillage de leur culture (comme le tango, par exemple), en Argentine. Avec une narration vraiment particulière, qui prouve quand même, j'espère, qu'on essaye toujours des trucs sur SIllage. Car on aurait pu faire un truc bêtement linéaire.
Bref, c'est en ça que faire une looongue série est passionnant. Avec tous les problèmes que cela pose.

[onehmouninehl]

A mon humble avis (pour moi qui ne suis pas un adorateur de la première heure), c'est sur la longueur et l'évolution de ses protagonistes que Sillage prend tout son sel... (Comme le Vagabond de Takehito Inoue, en fait...)

[ulys]

c'est lequel ton préféré ?

Par contre, tu trouves pas que la chute dans le 3 elle est énorme ? Le nombre de BD, de livres, de films où y a une intrigue de fou et que lorsque la chute arrive, et bien tu es trop déçu parce que ça tombe à plat .... alors que là.... pffffffuuuiouuuu... tape ta chute. Franchement, je m'en rappelle encore.... mon visage c'est illuminé !
Je lis en moyenne une vingtaine de BD par mois... et je peux te dire que c'est assez rare ce genre illumination.
Là j'en parle, et du coup j'ai envie de le relire cet album !
.

Je dirais le 7 Mais si je relisais la série au complet maintenant ça serait peut-être un aute...
La chute du 3... je ne m'en souviens plus ! Pourtant relu plusieurs fois ! Au moins que la chute dont tu parles ne pas si convaincu que toi.

En tout cas, j'attends le prochain Sillage.

[alacoume]

Très intéressant cette réponse, merci Morvan !

[JDMorvan]

Très intéressant cette réponse, merci Morvan !

J'ai rajouté quelques trucs sur la série et le 3, en particulier, à l'instant.

[Aigle Solitaire]

Mais parfois aussi, si j'avais mieux réussi ce que je voulais faire, les lecteurs auraient moins aimé. Ainsi le 2, à sa sortie, j'ai eu plein de gens qui ne comprenaient pas l'enjeu de ce livre, car ils ne voyaient pas le viol ultime du Consul envers Nävis comme un thème fort, comme sauver le monde, ou trouver un coffre au trésor par exemple. Je reconnais que le livre n'est pas aussi carré que j'aurais pu, mais comme je le disais, si j'avais mieux réussi à cristalliser mon thème central, pas mal de gens auraient encore moins aimé.

Alors là, certainement pas. J'avais trouvé justement que le défaut du 2 était qu'il s'éparpillait trop.

[JDMorvan]

"Alors là, certainement pas. J'avais trouvé justement que le défaut du 2 était qu'il s'éparpillait trop. [/quote]"

Hmm, en fait le 2 commence par une scène compliquée à piger, narrativement. C'est troublant. Mais en même temps, elle raccroche tout de suite au docteur qui bosse pour Atsukau. Donc c'est focus.
Ensuite, il faut présenter les changements dans le vie de Nävis entre le 1 et le 2. Ça prend un peu de place mais je pense que c'est utile.
Bon, alors "certainement pas" pour toi, mais pas pour tout le monde. On doit retrouver sur ls forums des messages de gens qui ne voient pas dans le viol, même virtuel d'une femme, un sujet intéressant de BD. Ça m'avait vraiment interpellé.
Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de BD mainstreams qui parlent de ça, donc on va mettre ça sur le dos d'un manque d'habitude des lecteurs lambda.
Ensuite, oui, il est parfois un peu brouillon, à l'image des deux premières pages (de mémoire).

Mais parfois aussi, si j'avais mieux réussi ce que je voulais faire, les lecteurs auraient moins aimé. Ainsi le 2, à sa sortie, j'ai eu plein de gens qui ne comprenaient pas l'enjeu de ce livre, car ils ne voyaient pas le viol ultime du Consul envers Nävis comme un thème fort, comme sauver le monde, ou trouver un coffre au trésor par exemple. Je reconnais que le livre n'est pas aussi carré que j'aurais pu, mais comme je le disais, si j'avais mieux réussi à cristalliser mon thème central, pas mal de gens auraient encore moins aimé.

[adricube]

c'est malin de balancer tout ça, faut que je relise toute la série maintenant ...

[2fois2cinq]

ah punaise.... merci pour le long message !

Ce qui me passionne en second dans la BD (la première étant simplement la lecture) c'est d'entendre un auteur parler de son oeuvre... c'est pourquoi je vais souvent traîner dans les festivals (et aussi pour le petit dessin... mais honnêtement c'est secondaire pour moi).

Par exemple, j'aime bien Tintin, pour pleins de raisons, mais un jour je suis tombé sur des articles où on expliquait le pourquoi de chaque album.... l'état psychologique d'Hergé avait fait que, il avait eu l'idée de tel ou tel scénar.... etc... ses chagrins, ses bonheur, ses découvertes, ses passions...

et depuis j'adore ça, parce que ça rajoute énormément à "l'après lecture".

Lire JD MORVAN ou même écouter un auteur sur le pourquoi et comment il en est arrivé à faire ça ou avoir l'idée de, me décuple le plaisir de la lecture.

et sinon, pour en revenir à nos moutons....
"ou n'ai pas été aussi bon que j'aurais pu" : ouais ben encore heureux... et c'est ce que je dis depuis le début : dur d'être toujours à la hauteur, ou même d'être en accord parfait avec l'attente du lecteur.

"Pour le 19, il est basé sur un fait réel "... Je n'ai pas lu le 19, mais cela me fait penser au tome 5. on sent bien l'idée de prendre un sujet contemporain/réel et l'amener dans le monde de Sillage. Et ça fonctionne très bien.


En tout cas c'est bien cool de répondre, d’accepter la critique, d'y répondre, de faire vivre le débat... d'écouter .. de ne pas se vexer.. et ça, ce n'est pas simple... lorsque l'on passe 12 mois à écrire et mettre en place une histoire, et qu'un gars, sur un forum, écrit que ton truc c'est pas terrible et que ça manque d'inspiration... je peux largement comprendre que ça titille un chouilla.
merci pour cette ouverture d'esprit !

ps : moi j'aime pas du tout le 2... à cause de ça : " le viol ultime du Consul envers Nävis "... j'aime pas du tout.... m'énerve ce consul.....

[2fois2cinq]

c'est malin de balancer tout ça, faut que je relise toute la série maintenant ...

mais grave !

[2fois2cinq]

On a des gens qui ont détesté le 2, puis le 6, et le 8, et le 9, et le 11. Disant que c'était mieux avant.

attention... je n'ai jamais dis avoir détesté un album .... mais c'est sur que depuis le 10 voir le 11, je trouve que les albums sont moins percutant, voir moins originaux... et que la lecture me rend moins enthousiaste.

Après, Sillage reste une série largement sur le haut du panier.... parce que :
- le dessin reste au top niveau
- toujours des planches avec des mises en pages qui cherchent l'originalité
- des effets scénaristiques parfois complexe
- navis et son caractère de merde
- le tome 3
- un fil rouge pas simple et qui prend parfois de sacré virage
- la couverture du tome 9...
-l'influence de Gunnm.... Gally/Navis

[sir vladimir]

c'est malin de balancer tout ça, faut que je relise toute la série maintenant ...

mais grave !

pas mieux

[JDMorvan]

Relire ou revendre, je ne force personne
Je suis plutôt dans la discussion, comme mec, je pense.
Il n'y a que quand la critique tourne à la diffamation que je répond assez agressivement, car chacun peut aimer ou pas un album, mais personne ne peut dire : "Ils ne font ça que pour le pognon" (par exemple) car personne n'est dans notre tête. Et en plus, on a décidé qu'on en ferait une trentaine depuis le tome 4, en connaissant déjà la fin depuis le tome 1.
Je précise tout de même que c'est notre métier, alors on fait aussi tous les livres en étant payé. Comme tout le monde avec son boulot, quoi.

[The Maze Echo]

on a décidé qu'on en ferait une trentaine depuis le tome 4, en connaissant déjà la fin depuis le tome 1.

Alors, 30 albums, ou plutôt 28, ou 32 ? (un multiple de 4 pour que les coffrets aient tous la même taille )
En tous cas, je suis partant !

[JDMorvan]

Ah javou, on n'avait pas pensé aux coffrets. mais on a encore un peu de temps

[pantouflard]

Je ne suis pas un très bon connaisseur de la série. J'ai en fait acheté en bloc à vil prix les 9 premiers albums d'occasion à quelqu'un qui déménageait il y a 2 ans. J'ai bien aimé les 7-9, mais en relisant vos posts et sans avoir repris la série depuis ma première lecture, je me rends compte que le meilleur opus est bien, pour moi, le tome 3 (engrenages). La planche du rire : quelle claque... Le dessin et le scénario se rejoignent parfaitement sur ce moment génial...
Du coup, vous me donnez envie de continuer, faut que je trouve de nouveau quelqu'un qui déménage

[adricube]

Exemple dans le 3, on prépare la révélation du 15. Regardez la page où Nävis est dans la tente après la nuit passée avec son amoureux, il y a une métaphore graphique assez précise sur la sortie de la tente.

ah oui j'étais passé à côté moi qui ai pourtant d'après ma femme l'esprit mal tourné

[e m]

Ah si JDM pouvait être aussi disert sur la fin de 7 Secondes...
7-secondes-g-parel-j-d-morvan-ed-delcourt-t5726.html?hilit=7%20secondes&start=300


En attendant merci pour ces info

Au passage, j'aime beaucoup tout le travail effectué sur les tenues et coiffures de Navis. Toujours recherchées, jamais identiques
JDM, tu interviens à ce niveau, où c'est laissé à la libre inspiration de P.B. ?

[JDMorvan]

Ce n'est pas évident, il faut avouer...
Mais on savait déjà qu'un nouvel humain arriverait sur Sillage, plusieurs années avant. On avait prévu.

Exemple dans le 3, on prépare la révélation du 15. Regardez la page où Nävis est dans la tente après la nuit passée avec son amoureux, il y a une métaphore graphique assez précise sur la sortie de la tente.

ah oui j'étais passé à côté moi qui ai pourtant d'après ma femme l'esprit mal tourné

[JDMorvan]

Ah si JDM pouvait être aussi disert sur la fin de 7 Secondes...
7-secondes-g-parel-j-d-morvan-ed-delcourt-t5726.html?hilit=7%20secondes&start=300


<<<<<<<<<<<<<<<<<Haha, j'ai écrit toute l'histoire en 1993, le dernier tome compris. mais pas case par case. Je connais très bien la fin, mais pour le moment, on ne peut pas ke faire. j'y pense parfois, mais je ne trouve pas de soluce. Gérald a un super taf, il est très occupé.

En attendant merci pour ces info

<<<<<<<<<<<<<<<<<Avec plaisir.

Au passage, j'aime beaucoup tout le travail effectué sur les tenues et coiffures de Navis. Toujours recherchées, jamais identiques
JDM, tu interviens à ce niveau, où c'est laissé à la libre inspiration de P.B. ?

<<<<<<<<<<<<<<<<<C'est Philippe, sauf si un accessoire ou une coiffure doit servir l'histoire.