[Bilan ACBD 2008] « Recherche nouveaux marchés… Désespérément ! »

[flocon]

Le désormais traditionnel rapport de Gilles Ratier, secrétaire général de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée), est disponible dans sa version 2008 : http://www.acbd.fr/bilan-2008.html

Quelques chiffres pour un aperçu d'une approche quantitative et qualitative :

Toujours plus : 4746 livres de bande dessinée ont été publiés en 2008 (dont 3592 strictes nouveautés), soit une progression (pour la 13ème année consécutive) de 10,04%.

- 1453 nouveaux mangas, manhwas, manhuas et assimilés sont parus en 2008, soit 40,45% des nouveautés (contre 1428 et 43,12%, en 2007)
- 1547 titres franco-belges parus en 2008, soit 43,07% (contre 1338 et 40,39%, en 2007)
- 240 comics parus en 2008, soit 6,68% (contre 227 et 6,85%, en 2007)
- 353 romans graphiques parus en 2008, soit 9,83% (contre 319 et 9,63%, en 2007)

Et tout plein de bonnes choses détaillées dans les rubriques suivantes :

I Production - Toujours plus : 4746 livres de bande dessinée ont été publiés en 2008 (dont 3592 strictes nouveautés), soit une progression (pour la 13ème année consécutive) de 10,04%.

II Édition - Concentration et vitalité : 15 groupes dominent le secteur avec plus de 70% de la production, alors que pas moins de 265 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2008.

III Optimisation : 95 séries (5 de plus qu’en 2007) ont bénéficié d'énormes mises en place et ont continué à se placer parmi les meilleures ventes, tous genres de livres confondus.

IV Traduction : 1856 bandes dessinées étrangères (dont 1411 venues d’Asie et 292 des États-Unis) ont été traduites : un bond de 69 titres (soit 3,86%) contre un recul de 0,67% en 2007.

V Adaptation : les œuvres littéraires sont de plus en plus adaptées en bande dessinée (154 nouveautés en 2008) et le 9e art inspire toujours davantage les autres moyens d’expression.

VI Prépublication : la presse de bande dessinée semble souffrir de la concurrence d’Internet (gratuité et nouveaux terrains créatifs), en dépit de la présence de 71 revues spécialisées.

VII Consécrations et médiatisation : 201 œuvres datant de plus de 20 ans ont été rééditées ; et de plus en plus d’auteurs de bande dessinée, parmi les 1416 qui vivent de leur métier sur le territoire francophone européen, obtiennent régulièrement l’honneur des médias.

© Gilles Ratier

La suite : http://www.acbd.fr/bilan-2008.html

A commenter bien sûr mais auparavant, un conseil : lisez ce rapport en intégralité.

[BoraBora]

et de plus en plus d’auteurs de bande dessinée, parmi les 1416 qui vivent de leur métier sur le territoire francophone européen

De quoi faire rêver les moins de 150 écrivains français qui vivent de leur plume. La BD, ça rapporte... :siffle:

[xof 24]

Les infos a retenir:

Rééimprimer coute beaucoup moins cher donc on fait du faible tirage qui a réimprimer : ceci explique le fait que les amateurs d'EO ont de beaux jours devant eux pour un album connaissant un succés rapide

e seuil de rentabilité d'un album: 5000 ex. Il était du double il y a dix ans ...

[nexus4]

Et la crise approchant, 2009 sera sans doute l'année des intégrales.
Ca a deja bien commencé ce dernier trimestre.

[anguss]

Comment se distingue le roman graphique par rapport au FB, Comics et Manga ?

[nexus4]

Vaste débat pour la théorie. Je te refais pas la totale sur Will Eisner. Il y aura toujours un abruti pour venir nous copier-coller la definition wikipedia dans la discussion. :renverse:
Par constat, ces dernieres années, c'est un one shot noir et blanc de plus 100 pages, couverture souple dans 90% des cas. Par extension ca devient vite des collections editeur, ecritures chez Casto, Shampoing chez Delcourt... Ou carrément des traditions éditoriales comme ce que font Cornelius, Atrabile ou l'Association.

Quelques exeptions notables comme Persepolis en 4 tomes, L'autre fin du monde couverture cartonnée, Super spy en couleur, Jimmy Corrigan qui réuni les exceptions aux trois caractéristiques pré-citées. etc.

[anguss]

Merci pour la définition Nex'.
C'est à peu près l'idée que je m'en faisais.
Mais c'est curieux de vouloir opposer un genre à une origine.

[nexus4]

Oui c'est une erreur. Tout seul (FB), Bottomless belly button (US) et Undercurrent (Japon) sont tous les trois des romans graphiques parus en France en 2008.

Mais c'est vrai que c'est un genre à part destiné à un certain lectorat, comme le mainstream FB, le mainstream US et le mainstream nippon. Donc dans un rapport comme celui là où il faut sectoriser les infos et les analyses, ca se comprend.

On retrouve la meme chose dans les sections du fofo.

[nexus4]

Par contre ca c'est trop !

V Adaptation : les œuvres littéraires sont de plus en plus adaptées en bande dessinée (154 nouveautés en 2008) et le 9e art inspire toujours davantage les autres moyens d’expression.

Declourt a ouvert le filon, les autres se sont engouffrés dans la breche. Il n'y a plus aucune cohérence, plus de lisibilité éditoriale. On adapte tout et rien. C'est de la bouillie pour les chats.

Un de ces jours on nous adaptera le catalogue des 3 Suisses.

Maintenant qd delcourt me propose un Ex-Libris en preview, j'ai plutot tendance à demander autre chose, sauf attachement particulier a l'oeuvre originale ou au dessinateur.

[Choci Loni]

J'aurai plutôt défini par le contenu que par la forme.

[nexus4]

Pour des raisons économiques, les deux vont de paire.

[Choci Loni]

Quant au format roman, il n'est pas sans intention.

[xof 24]

Et la crise approchant, 2009 sera sans doute l'année des intégrales.
Ca a deja bien commencé ce dernier trimestre.

Heuuuuuuuuuuu attention les intégrales pullulent en fin d'année car comme le souligne le rapport c'est là où les éditeurs engrangent de l'argent...Et puis c'est l'idée cadeau.
Bref celà fait déjà quelques années que Glénat par exemple sort ses intégrales en fin d'année.

Esuite l'adaptation de roman/livre en BD ne date pas de hier mais de bien plus.C'est juste qu'il y a eu accroisement significatif: effet de mode.

Si vous lorgnez bien les catalogues vous verrez que quand un éditeur crée une collection il y va à fond.Souvent ensuite suivi par d'autres éditeurs
Loge noire chez Glénat Secret du Vatican chez Soleil
Sang froid chez Delcourt et retour du polar chez Glénat avec Bulle noire
Là on voit apparaitre la collection trés historique chez Delcourt C'est un peu Vécu chez Glénat...
Il y a des cycles.Et des besoins éditoriaux.

Sinon pour citer de vielles adaptations romans livres en BD je citerais le Club des cinq et autre Etalon noir, Largo Winch, la collection Sulitzer chez Dupuis, et Le vent dans les Saules ou Sans Famille bien avant Ex libris, ou Cheri Bibi par San Millan chez Delcourt.

Bref les éditeurs ont bien compris qu'il fallait fournir un temps donné de quoi satisafiare la passade. Rappelez vous l'époque glorieuse du western Combien de titres aujourd'hui ????

[nexus4]

Je ne voulais pas dire que c'etait nouveau mais que la mode récente a été lancée par Delcourt et que comme toutes les modes, l'offre est pléthorique et parfois/souvent opportuniste.

Bon, ca permet aux lycéen qui sont plus capable d'ouvrir un livre de se tenir au courant mais que ca prenne une telle part de la production au depend de la creation, ca me chiffone. Et je trouve domage par exemple (le terme est un peu fort) que quelqu'un d'aussi talentueux que Fred Duval se soit coltiné l'adaptation (texte intégral ?) de Tartuffe alors qu'on attend tant de lui dans d'autres domaines (et c'est seulement le fan de SF qui parle )


Le catalogue ex-libris va bientot ressembler au Lagarde et Michard seconde premiere terminale.

Pour les Intégrales, j'ai le catalogue du groupe Glenat pour le premier trimestre 2009, il y en a pas mal.

[Choci Loni]

...

Pour les Intégrales, j'ai le catalogue du groupe Glenat pour le premier trimestre 2009, il y en a pas mal.

N'est-ce pas l'opération anniversaire Glénat avec une intégrale mensuelle ?
En 2008, Dupuis l'a fait avec aire libre, intégrale et nouveauté jaqueté ?

[xof 24]

Ah Glénat nous refait le coup des intégrales anniversaire ????
On y a déjà eu droit.
De toute fàçon les intégrales font parties indéniables du décor dorénavant. Si avant c'était l'attriu de grande série là c'est le moyen de (re) rentabiliser des séries que le client lambda n'achèterait pas autrement.

[JAUNE]

Oui il s'agit des intégrales anniversaire...

[BoraBora]

Rééimprimer coute beaucoup moins cher donc on fait du faible tirage qui a réimprimer : ceci explique le fait que les amateurs d'EO ont de beaux jours devant eux pour un album connaissant un succés rapide

Et en même temps, le concept d'EO, qui était déjà devenu passablement ridicule, va devenir carrément nawak.

"Wé, j'ai l'EO, c'est le tirage du 12 mars, à ne pas confondre avec la réimpression du 28 mars."

Pour le coup, quand on parle de bibliophilie du pauvre avec la BD, on est plein dedans. Retour de bâton prévisible...

Mais c'est vrai que c'est un genre à part destiné à un certain lectorat, comme le mainstream FB, le mainstream US et le mainstream nippon. Donc dans un rapport comme celui là où il faut sectoriser les infos et les analyses, ca se comprend.

Je doute fortement que le lectorat de "romans graphiques" soit spécifique. En tout cas, ce n'est pas mon expérience. Je doute même que qui que ce soit dans le public comprenne cette expression fumeuse, destinée au départ à donner une espèce de caution "littéraire" à la BD. C'est le seul truc que je trouve absurde dans le rapport par ailleurs très intéressant de l'ACBD.

Au passage, je suis allé voir l'article Wikipedia que tu évoques, et j'ai bien rigolé.

On adapte tout et rien. C'est de la bouillie pour les chats.

Un de ces jours on nous adaptera le catalogue des 3 Suisses.

Un gros +1.

Esuite l'adaptation de roman/livre en BD ne date pas de hier mais de bien plus.C'est juste qu'il y a eu accroisement significatif: effet de mode.

Pas un effet de mode, un effet de facilité et de fric. Pour maintenir l'accroissement démentiel du nombre de titres, il faut des idées en pagaille. Il est bien plus facile de recycler des romans, films ou nouvelles qu'écrire des choses neuves. Et on bénéficie de la notoriété du machin que l'on adapte, ce qui garantit des ventes.

Le ciné fait ça depuis toujours et n'est pas prêt d'arrêter. Donc aucune raison de considérer ça comme une mode dans la BD. C'est plutôt une tendance, qui devrait hélas s'accroître mais a peu de chances de régresser.

[nekikoole]

Pas un effet de mode, un effet de facilité et de fric. Pour maintenir l'accroissement démentiel du nombre de titres, il faut des idées en pagaille. Il est bien plus facile de recycler des romans, films ou nouvelles qu'écrire des choses neuves. Et on bénéficie de la notoriété du machin que l'on adapte, ce qui garantit des ventes.

Et c'est libre de droits. L'illustre auteur étant décédé depuis plus de 70 ans. :siffle:

Et malgré ce bilan et les gros éditeurs qui monopolisent le marché et les bacs, on voit apparaître des petits éditeurs couillus ... qui arrivent même à trouver le public et le succès.

[Fabienp]

En passant, au sujet de la production, extrait d'une interview de Van Hamme (pour laquelle il se fait analyste économique) parue dans le journal suisse Le Temps (20.12.2008)

– Aujourd’hui, vous êtes un scénariste à succès, qui mène sa vie comme une entreprise!

– Oui, mais une petite. Elle tient dans ce bureau. J’ai vendu au total 37 millions d’album, mais le rythme va ralentir depuis que j’ai cessé XIII et Thorgal . Il y a aussi les droits dérivés, mais ils ne se créent pas à mon initiative, et dans des volumes bien inférieurs à ceux de Titeuf ou Gaston Lagaffe . A cela s’ajoute l’audiovisuel, dans lequel je m’investis.

– Cette petite entreprise connaîtra-t-elle aussi la crise?

– Peut-être. Il va y avoir un certain ralentissement. Nous connaissons actuellement une surproduction de bandes dessinées qui engendre comme un embouteillage sur les rayonnages. Ce manque de place se fait surtout sentir sur les albums de fond. Car ce qui est génial en bande dessinée lorsqu’une série fonctionne, c’est que les anciens albums continuent à se vendre.

Cette surproduction est le fait de petits/moyens éditeurs qui sortent des albums à la chaîne et dont la plupart ne sont pas rentables. Je ne sais pas comment ils s’en sortent. Cette profusion de titres finira cependant par diminuer.