Salut amis macherotophiles !
Ce ouiquende j'ai fait un pas de plus dans mon initiation au Grand Œuvre raymondien, avec un volume que j'avais laissé passer à sa parution en janvier dernier, le T.1 de l'intégrale
Clifton au Lombard.
Le premier titre,
Les Enquêtes du colonel Clifton, m'a laissé un peu sur ma faim et m'a fait craindre pour la suite. Le personnage de Clifton n'y est guère développé, il manque de personnalité propre par rapport à une foule de héros assez semblables dans la BD de l'époque. Certains moments et éléments du récit sont plaisants mais l'ensemble ne m'a pas non plus totalement captivé ni semblé d'une originalité folle.
Avec
Clifton à New York en revanche il me semble qu'on passe le turbo. L'album est tout simplement hilarant de bout en bout. De la première (bon, allez... disons la troisième) à la dernière case, quasiment pas une qui ne soit une incitation plus ou moins poussée au bonheur des zygomatiques. Les tribulations de l'ex-dictateur quasiment hanté, traqué, par les images de l'acteur/chanteur de charme (on le plaindrait presque)... La réaction de la police après l'enlèvement "par des jeunes filles", les truands qui s'enlacent et se mettent à chanter "Serenèèède in slurp" au milieu de l'hôtel... Clifton rentrant chez lui sous l'averse après un camp scout, l'air blasé, la pipe à l'envers: "Merveilleuse journée !... Il a plu moins fort que dimanche dernier..." Les soucis de Gaylord avec le petit personnel pas assez stylé... Etc. etc. etc. C'est de la folie pure. Le héros est absent de toute le premier tiers de l'histoire mais en quelques cases Macherot lui confère tout un univers domestique qui étoffe le personnage au-delà de sa simple fonction de "Sherlock Holmes moderne" comme de l'album précédent. Le rythme du scénario et le
nonsense des dialogues rivalisent avec le dynamisme permanent et l'inventivité du dessin, du découpage et du cadrage. Et que dire du "rendu" de la ville de New York ?!
Je pourrais dire qu'avec
Clifton et les espions on redescend d'un petit cran, mais ce serait vraiment manière de chipoter. Au sein d'une trame moins totalement burlesque, un peu plus "grave" (tout est relatif) et "réaliste" que celle des aventures new-yorkaises, l'utilisation de certaines ficelles m'a un peu gêné par moments. Mais c'est faire le fine bouche. L'ensemble reste de très-excellente tenue, et les ambiances nocturnes et enneigées notamment sont de toute beauté.
En dehors de ce qui est disponible en album, je profite que je suis là pour dire que grâce à une bonne âme
j'ai pu lire le premier récit de
Pantoufle dont on avait causé il y a quelques temps. Là encore, c'est juste génial d'un bout à l'autre, l'association Goscinny/Macherot fait merveille. La seule chose regrettable... pour ne pas dire scandaleuse, c'est que la possession de tels trésors soit cantonnée à quelques heureux collectionneurs de vieux numéros de
Spirou et à une circulation sous le manteau virtuel... J'en viens à rêver d'une intégrale des "chats" de Macherot, regroupant les aventures de
Pantoufle et celles de
Mirliton (scénario de Cauvin) pour faire bonne mesure...
Mais je crois que c'est encore plus improbable qu'une réédition de
Chaminou et le Khrompire.